Élargis l’espace de ta tente : « Accueillons la mémoire de l’histoire des aînés et la sagesse de leur expérience de vie. » 26ème Chapitre général
« Écoutez les personnes âgées. Elles sont vos racines. Un arbre sans racines ne pousse pas, ne porte pas de fleurs ni de fruits. C’est pourquoi il est important d’être unis et connectés à vos racines ». (Pape François 2020)
Selon les souhaits de la Congrégation et de l'Église, ma mission envers les personnes âgées consiste à leur rendre visite à leur domicile, dans les Maisons de retraite et de les visiter quand l'une de celles avec qui je suis en relation est hospitalisée. Chaque semaine (les samedis quand je le peux), je me rends dans une maison de retraite voisine pour collaborer avec le prêtre ou les soignants pour les emmener à l'Eucharistie et pour aider au moment de la communion. Au passage, je vais voir et accompagner un résident particulier qui se retrouve seul et n'a pas de famille.
Ils sont très reconnaissants de mes visites et me manifestent leur affection ; j'apprends aussi beaucoup d'eux : leur simplicité et leur proximité, leur acceptation de la volonté de Dieu pour avoir à dépendre des autres....
Hier, nous avons participé et j'espère que ce sera la première d'une longue série de « Nagusikleta », car le cyclisme n'a pas d'âge. Avec trois tricycles adaptés et trois bénévoles de Nagusilan (aide aux personnes âgées), six de nos sœurs ont parcouru les rues de notre ville. Elles se sont rendues à la frontière d'Hendaye et ont apprécié la balade en plein air et les salutations des Irundarras (voisins d'Irun).
La fête de notre Sainte Fondatrice, Jeanne Élisabeth Bichier des Âges, est arrivée et nous avons rencontré dans la Famille des Filles de la Croix, la communauté de Madrid (Los Yébenes-Camarena) avec les laïcs Irène et Javier.
Après un long échange, nous nous sommes unis dans la prière sous la protection de Jeanne Élisabeth.
Javier Lizarraga, qui a dirigé la prière, nous a exhortés à réfléchir à l'objectif de la recherche chez notre Fondatrice : ce qu'elle a essayé de rechercher dans sa vie, comme le reflètent ses paroles, ses attitudes et ses actes de vie.
De nouvelles missions pour nous se profilent à l'horizon ? Que veut Dieu ?
Discernons sa volonté !
Ce fut un moment riche, très participatif, qui nous a permis de nous sentir en communion avec Jeanne Élisabeth et entre nous.
La rencontre s'est terminée par un savoureux goûter. Bien sûr !
Nos sœurs de l’Infirmerie participent à des activités ludiques. Nous faisons la fête avec les laïcs des autres résidences et avec des volontaires qui nous accompagnent et nous stimulent.
Nous vous partageons l’expérience que nous avons eu de sortir pour visiter l’aquarium de Saint Sébastien. Avec Nagusilán, un réseau de volontaires retraités de Gipuzkoa avec lesquels nous avons des années de relation, et la Fondation Goyeneche. Vers 10h00 du matin, quatre sœurs accompagnées par Cristina, la responsable des soins du soir, sont parties en minibus dans la ville de Saint Sébastien. La visite a été une visite guidée d’environ deux heures où la biologie marine a été le protagoniste absolu. Après la visite, il y eu un encas et le retour à la maison pour continuer à profiter du vendredi.
Et en mai, nous avons reçu la visite de OLÉ OLÉ, une association d’Irun avec des airs de flamenco, où participe une de nos amies. Nous les avons reçus à bras ouverts, des petits paquets et des encas. Ce fut un plaisir de les voir, de les entendre et surtout d’observer les expressions de joie qui se reflétaient chez les sœurs. Jamais, le sud et le nord n’ont été aussi bien mélangés.
FILLES DE LA CROIX – IRUN
C’est avec joie et enthousiasme que nous nous sommes réunis aujourd’hui, fête de saint Jean-Baptiste, nous, la Famille Filles de la Croix de Madrid (Laïcs et Sœurs).
Javier Lizarraga nous a présenté une prière profonde et créative, après laquelle nous avons partagé goûter et échange. Nous apprenons à nous connaître et à nous apprécier. Nous voulons continuer à découvrir nos richesses et nous nous engageons à suivre cette ligne de connaissance mutuelle pour la gloire de la Sainte Trinité, la croissance de la Famille que nous formons en Congrégation et en Église synodale et bien de l’humanité tout entière, particulièrement de ceux que nous rencontrons sur le chemin de la vie.
En Famille Filles de la Croix
Comme volontaires du SERCADE (Service Capucin pour le Développement et la Solidarité), nous étions invitées à sa fête de fin d’année à la Casa Boza.
Quelques problèmes de santé nous ont empêchés d’aller à toutes ces fêtes que nous aurions voulu rejoindre.
Deux sœurs ont pu y assister, pour notre plaisir et son rentrée chez elles très contentes de ce qu’elles avaient vécu.
SERCADE fait un travail d’assistance et d’intégration des immigrants subsahariens auxquels nous nous sommes joints en tant que bénévoles et collaboratrices. C’est une mission évangélique et une tâche sociale vraiment nécessaire et très gratifiante, et nous sommes heureux de pouvoir aider dans nos humbles possibilités.
Tant qu’il nous reste un souffle de vie, nous voulons rester proches des petits et des pauvres. Madrid nous offre diverses façons de le faire.
Les sœurs de la communauté de Ronda à Bilbao, des sœurs âgées qui sortent peu de chez elles, sont disponibles pour élargir leur tente comme nous y invitent les orientations du Chapitre 2022.
Comme elles ne sortent pas ou peu, elles accueillent chaleureusement à la maison les personnes qui veulent leur rendre visite ; elles viennent, parlent et prient avec les sœurs et se sentent bien.
Il y a une personne spéciale, Maite, qui avait rencontré les sœurs à Gallarta, une ville près de Bilbao. Quand les sœurs ont quitté Gallarta, elle l'a senti et elle a décidé de continuer sa relation avec elles en leur rendant visite à Bilbao avec d'autres amies. Elle y va habituellement participer à l'Eucharistie et prendre le petit déjeuner avec les sœurs en partageant les hauts et les bas de la vie.
À l'approche de Noël, elle a pensé que ce serait une bonne idée de préparer et de chanter un chant avec elles à l’occasion de Noël. Pensant que c'était possible, elle a fait le tour de l'école avec quelques sœurs à la recherche d'instruments pour accompagner la musique et d'éléments pour ajouter de la couleur à la scène.
Comme c’était une école où la musique était très cultivée et où différents festivals étaient organisés, il n'a pas été difficile de trouver ce qu'elles cherchaient et, avec le groupe d'Emmaüs de Gallarta, ils ont préparé et chanté ce chant de Noël.
Merci mes sœurs, merci Maite et merci au reste du groupe.
Joyeux Noël
En ce mois d’octobre, mois du Rosaire, nous, Lander et Javier, laïcs de la Famille Filles de la Croix, avons eu l’occasion de faire un pèlerinage en Terre Sainte.
Le voyage fut confortable, la sortie depuis Madrid avec des amis, le vol jusqu’à Tel Aviv et l’arrivée à Nazareth, notre première étape de voyage était excellente. Cette même nuit, nous avons eu la chance (et le cadeau) de prier dans la Basilique de la Nativité, devant la grotte où l’Ange est apparu à Marie, dans cette relation intime où elle a dit : « Me voici ! ». Nous avons pu le réaffirmer : « Me voici pour faire ta volonté ». Tant la prière de nuit, avec quasiment personne autour, que l’Eucharistie et la visite du jour suivant, nous ont permis d’entrer dans ce mystère joyeux et nous nous sommes demandés comment et quand le Seigneur nous apparaît, à quoi il nous appelle...
La visite des lieux saints de la Galilée (Mont Tabor, où Jésus a été transfiguré, Tabgha, où il accomplit le miracle de la multiplication des pains et des poissons, le Primat de Saint-Pierre, où Jésus a confié cette très grande mission à Pierre, Capharnaüm, le Mont des Béatitudes...), nous ont aussi aidé à entrer dans le message de Jésus au monde, e en particulier au plus simples… Mention spéciale, pour le symbolisme du lieu et de la rencontre intime avec le Seigneur, à l’Adoration Eucharistique sur la Mer de Galilée, dans le silence total, dans la barque, avec le mouvement des vagues et la brise chaude...
Sans nous en rendre compte, nous sommes arrivés à Bethléem, la ville où c’est toujours Noël. Et ainsi nous l’avons pu le vérifier de manière exceptionnelle dans un orphelinat dirigé par trois Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul. C’est là que nait Jésus chaque jour, comme l’a partagé la Sœur qui nous attendait. Un orphelinat où nous avons vu la barbarie d’une Loi absurde (la charia), où les femmes musulmanes sont égorgées avec leurs enfants pour ne pas perdre l’honneur et, où pour éviter un tel crime, elles viennent ici pour qu’on leur fasse une césarienne et que l’enfant puisse vivre comme la mère. Quelle expérience plus forte que celle vécue, ces yeux ouverts qui regardent, cette tendresse qui naît de l’amour et qui transperce le cœur ! En définitive, c’est la tendresse de Dieu et son Amour inconditionnel qui brille et s’incarne. Mort et Résurrection toujours main dans la main !
Notre pèlerinage se poursuivait et les jours passaient presque sans nous en rendre compte, arrivant à Jérusalem, en passant par d’autres des endroits comme Béthanie, Ain Karem, ... Jérusalem, ville fortifiée où l’on respire et on sent l’atmosphère et la vie de Jésus parcourant du Mont des Oliviers au Cénacle, en passant par la Via Dolorosa et le Saint Sépulcre.
Nous pourrions donner beaucoup de détails, de sensations ici, mais nous aimerions nous concentrer sur Gethsémani, où nous avons vécu et partagé, dans l’intimité de la nuit, un moment intense de prière, d’être et de reposer dans l’endroit où Jésus a senti l’abandon, la trahison, l’angoisse. Après ce moment de prière, d’Adoration, est né en nous un sentiment très profond : un sentiment de confirmation, sentiment de savoir que notre vocation de service était présente en ce lieu et qu’elle nous poussait à continuer à vivre dans nos vies l’enseigner, guérir et vivre, dans la simplicité, l’amour et le don aux autres.
Le voyage continuait... Mais la réalité s’impose : la guerre a interrompu notre pèlerinage. Moments d’incertitude et désarroi, de nervosité, mais aussi avec une grande confiance en Celui qui est "le Chemin, la Vérité et la Vie". Apparaît de nouveau le fantôme du confinement : nous devons rester deux jours à l’hôtel, ne pas pouvoir sortir ; c’est une recommandation qu’ils nous font et qu’on respecte. Le type de pèlerinage se transforme : les pierres étaient à l’extérieur, les Lieux Saints, mais le mystère de la mort et de la Résurrection étaient avec nous, dans les célébrations que nous pouvions réaliser à l’hôtel. " Pour le Christ, avec Lui et en Lui..."
Et le lundi de notre départ arriva, le sentiment était de tranquillité, de calme intense dans la ville, et en priant le Rosaire , nous nous sommes mis en route vers l’aéroport de Tel Aviv. Là, une surprise pas très bonne nous attendait, nous ne pouvions l’imaginer… les alarmes ont sonné, ils attaquaient l’aéroport et nous avons dû courir jusqu’à entrer dans un bunker de sécurité. Alors que nous avons pris les valises, l’alarme sonnait et nous avons immédiatement entendu les missiles tomber, plusieurs explosions nous avons entendu sans savoir où ils étaient tombés. Des sentiments de nervosité, d’anxiété, la mort pouvait être proche et il aurait pu y avoir passé, mais la grâce de Dieu est plus grande et rien ne nous est arrivé.
Ce sont quelques-unes des expériences vécues, car elles sont beaucoup plus nombreuses celles qui sont enfouies dans notre cœur, et que nous aurons l’occasion de partager.
Je vous embrasse fraternellement,
Paix et bien !
Javier Lizarraga et Lander Ugartemendia
"Les pieds sur la route, le cœur courageux" ... malgré l’obscurité du « soir » (Lc 24, 29).
C’est ce que je ressens. Je suis avec ce cœur brûlant en mouvement, qui me pousse à partager l’Évangile de l’Amour, au milieu de : la difficulté sociale de l’Argentine ; la dévaluation de la monnaie argentine, qui ne semble pas s’arrêter et appauvrit encore plus de gens ; de « l’hébergement » d’autres personnes, dans cette même situation de pauvreté, qui les conduit à ne pas faire le moindre effort pour s’en sortir...
Au milieu de tant de situations qu’il semble que l’effort soit inutile, ajouté à la « petitesse » de la Congrégation elle-même, pour les quelques Filles de la Croix que nous sommes, surtout en Argentine... il y a Quelqu’un qui m’encourage – et nous encourage – qui me pousse à partager cette foi, dans mon cas plus par des actes que par des paroles. Et plus que de créer des projets, c’est en soutenir d’autres qui sont déjà là.
Parmi mes engagements, celui qui se démarque le plus est celui du samedi matin à l’aire de pique-Monseigneur Romero, où une cinquantaine d’enfants et d’adolescents, âgés de 4 à 16 ans, qui ont un besoin matériel et émotionnel, vont se restaurer. Je pense qu’il est important de soutenir le frère Marcelo et tant d’autres personnes qui le soutiennent et qu’avec leur aide, cela puisse se faire, en plus des collations du lundi au mercredi et de la maison du Sacré-Cœur de Jésus, où sont soignés quelque 21 hommes qui vivaient dans la rue.
Je remercie la paroisse Saint-Joseph de Barakaldo d’être la « maison » où j’ai grandi dans la foi et l’amitié. Au fil du temps, j’ai participé au cours Nord-Sud des Missions diocésaines de Bilbao et, quelques mois après l’été en Équateur, j’ai commencé à faire partie des Filles de la Croix et à être missionnaire dans ce monde, mais sans frontières.
Amaia Muñoz García
Fille de la Croix
C'est avec une joie débordante que les Filles de la Croix de la région d'Espagne ont célébré leurs 50, 60 et 70 ans de vie religieuse dans la Congrégation.
Au cours d'une célébration eucharistique présidée par le curé de San José Obrero, Iñaki Benito, accompagnée du prêtre bétharramite Gérard, dans une ambiance chaleureuse, simple, joyeuse et fraternelle, nous avons renouvelé nos vœux religieux de continuer à suivre le Christ Jésus, au service des petits et des pauvres, avec la force qui nous donne la confirmation de son Amour Fidèle tout au long de notre vie donnée à Lui.
Les Filles de la Croix et les laïcs qui travaillent avec nous ont terminé la rencontre à la manière de Jésus : en partageant un repas amical au restaurant Atalaya, à la périphérie d'Egiluze.
Que le bon goût de la fête reste en nous et nous aide à vivre notre vie fraternelle pour la mission.
Jeunes, faites rayonner vos œuvres d’amour dans le monde, écoutez et n’ayez pas peur ! C’est par ces mots que le Pape François a invité les jeunes et les moins jeunes qui ont participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Lisbonne, au Portugal.
De la Paroisse Jésus et Marie de Madrid, Espagne, 141 jeunes et adultes ont participé au pèlerinage vers la rencontre avec Jésus et le Pape François et qui a été animé par des couples du chemin néocatéchuménal.
Nous avons été témoins d’une Église en sortie, en chemin du renouveau et de la rencontre avec les jeunes à travers la beauté artistique :
- la danse qui exprime la force et l’élan missionnaire de l’Esprit,
- une musique techno qui nous réveille dans un chant Alléluia au Seigneur, Gloire à la Trinité et invitation à la paix universelle,
- les décorations créatives qui expriment la joie de la foi à laquelle nous sommes appelés à vivre et à partager.
Les jeunes de Madrid nous livrent quelques mots et des photos qu’ils gardent précieusement de cette expérience :
« Pour moi, cela a été une expérience unique et spirituellement enrichissante. En plus de pouvoir me souvenir et voir comment Dieu est toujours présent dans nos vies, cela à renforcer ma foi » MARÍA.
« Pour moi, c’était un cadeau pour voir la grâce de Dieu dans ma vie. À partir de la minute zéro où ils ont annoncé à la paroisse que nous allions aux JMJ, j’ai juste dit, je n’ai pas l’argent et je n’ai pas la documentation pour quitter l’Espagne. Ce désir battait très fort dans mon cœur, j’avais très envie de cette rencontre... enfin, elle s’est réalisée. Quand nous sommes arrivés au lieu de rencontre au Portugal, j’ai sincèrement ressenti une grande émotion dans mon cœur de voir tant de personnes rassemblées de différents pays, j’ai pensé : seul Dieu Père peut convoquer tant de cœur à cette rencontre... Il a été une grâce de voir cette foule (...) nous ne sommes pas seuls, il y a plus de gens qui suivent aussi le Christ... Ça me montre que j’ai bien choisi : je suivre un Christ vivant qu’il donne la paix inégalée ! » ARELIS
« A été une profonde expérience de bénédiction pour toute l’Église et surtout pour chaque jeune... Je suis vraiment revenu renouvelé et avec beaucoup de force pour continuer à accompagner les jeunes dans mes activités pastorales. Le champ où nous avons tenu la Vigile était vraiment un « champ de Grâce », Dieu a comblé abondamment toutes sortes de bénédictions et nous allons bientôt récolter les fruits spirituels dans les lieux où la Jeune Église se développe et grandit.
Alléluia à notre Seigneur ». TATI
Sœur Karina et la communauté de Filles de la Croix à Madrid
La Famille des Filles de la Croix, laïcs et sœurs, marche en fraternité dédiée aux petits et aux pauvres.
Nous nous sommes réunies dans la communauté de Los Yébenes (Madrid) pour célébrer notre Saint Fondateur Saint André-Hubert Fournet, en partageant la prière et une collation.
La joie de cette rencontre nous encourage à continuer à élargir l'espace de notre tente, à déployer sans hésitation la toile de notre maison, à allonger nos cordes et à renforcer nos piquets, dans la certitude que nous aurons l'abondance et que nous habiterons les terres abandonnées, comme l'exprime le texte biblique choisi par notre 26e Chapitre général : Isaïe 54, 1-3.
Madrid, le 11 juin 2022
Il fait chaud comme en août, même si le printemps n'est pas encore terminé. Notre créative Sœur Karina vient de préparer une belle fresque : sur un fond vert, plusieurs mains de différentes races s'entrelacent pour former une croix. C'est le jour de l'ENVOI de deux jeunes de l'ALLIANCE INTERNATIONALE DE VOLONTARIAT (VIA), pour travailler pour les pauvres en Argentine.
Les deux jeunes volontaires, Lucie et Guille, viennent joyeusement à notre rencontre pour nous emmener dans leurs véhicules respectifs à l'église de San Carlos Borromeo, à Villanueva de la Cañada, où aura lieu la cérémonie d'envoi.
Nous sommes arrivés à la belle église paroissiale. L'Eucharistie du soir de la solennité de la Sainte Trinité est sur le point de commencer. Deux belles images du Christ crucifié et de la Vierge Marie invitent à la contemplation dans le presbytère. Au cours de la même Eucharistie, on célèbre le jubilé d'argent d'un couple marié, accompagné de ses deux enfants pré-adolescents. Après le rite du mariage, nous célébrons l'envoi de Lucie et Guille, respectivement étudiantes en médecine vétérinaire et dentaire. Une chorale rehausse la beauté du moment avec des chansons de Haendel, Mozart, etc. Les deux jeunes femmes ont lu, entre elles, le témoignage émouvant qu'elles avaient rédigé auparavant. Ils reçoivent leur envoi avec la bénédiction du prêtre, qui leur remet une petite croix à porter sur la poitrine et un T-shirt voyant.
Après la cérémonie, un chanteur dédie au couple une chanson, composée spécialement pour eux, avec de la musique populaire accompagnée d'un étrange instrument de percussion.
Il est annoncé qu'un goûter est préparé dans la cour de la paroisse pour célébrer l'ENVOI. La chaleur s'est calmée et l'endroit est charmant. Au centre, sous un cyprès, on trouve une image de saint Joseph. Autour d'elle, un siège en pierre formant un carré. La cour est vaste, entourée de cloîtres qui communiquent avec les salles de réunion. C'est un endroit vraiment accueillant. Là, nous avons dégusté un délicieux goûter avec Guille, Lucie, ses amis, des garçons appartenant au mouvement EFFETÁ, des Sœurs de la Compassion (Ana, Mari Cruz, Carmen, Yudeisy) et cinq des six Filles de la Croix qui vivent à Madrid. Le prêtre célébrant, accompagné de sa guitare, se joint à la célébration. Karina apprend aux jeunes à danser une danse typique du nord de l'Argentine (la chacarera). Puis tous les jeunes chantent, accompagnés par le prêtre à la guitare, le chant ALMA MISIONERA (ÂME MISSIONNAIRE). Les jeunes d'EFFETÁ sont pleins d'enthousiasme. Nous avons parlé à l'un d'entre eux qui nous a expliqué les projets sur lesquels il a travaillé : les prisonniers, la prostitution, les mères qui veulent avorter des enfants maltraités... Il a expliqué : "Comme je me suis rendu compte que je n'ai pas la vocation de prêtre, je me consacre au travail social". Il est heureux. Il a découvert que la CHARITÉ est la raison et le fondement de tout dévouement aux autres. Il a trouvé sa voie.
La nuit est tombée sur le groupe, il est 23h30 et il est temps de partir. Le prêtre doit fermer l'église paroissiale. Sous le croissant de lune, la façade de l'église Saint-Charles Borromée resplendit de charme. Lucie et Guille nous accompagnent à notre appartement à Camarena. Ce fut une soirée joyeuse, car quelle plus grande joie que de participer au généreux dévouement de deux jeunes qui, ayant pu passer un été tranquille à se reposer après un dur cours d'été, offrent avec enthousiasme leur personne et leur temps au projet humanisant du Royaume de Dieu au profit des plus petits ? Un témoignage de foi et d'amour qui nous remplit d'espoir. L'Esprit respire sans cesse, souffle avec force et agit dans ceux qui le laissent faire. Accompagnons Lucie et Guille et tant de jeunes qui, comme notre bienheureuse et martyre Maria Laura Mainetti, veulent faire de leur vie quelque chose de beau pour les autres.
Maribel Segurola, Filles de la Croix
Écrire l’histoire d’Ondarroa (2004-2021)
Le 14 avril 1904 arrivent à Ondarroa, en provenance de France, quatre Sœurs, car en France, il est interdit aux congrégations religieuses de prendre en charge l’enseignement.
Regina de la Torre, voisine de Villarcayo, célibataire, est devenue membre de la congrégation des Filles de la Croix sous le nom de Sœur Octavia. C’est elle qui acheta la maison des Sœurs. Elles l’accompagnèrent :
Sœur Romania / Sœur Madeleine / Sœur Saint Michel
Peu après leur arrivée, la mairie d’Ondarroa leur confia l’enseignement des jeunes enfants. Plus tard, elles prirent la responsabilité de l’hôpital de Goikokale, jusqu’en 1990, où, lors de la construction de la nouvelle résidence, elles sont descendues au village. Nous parlerons d’elle plus tard.
(...)
Notre Mission
Une communauté de présence, simple, au milieu des gens, dans une attitude de service, avec "toutes sortes de bonnes œuvres" (Sainte Jeanne-Élisabeth, fondatrice).
Notre demeure est présidée par l’Eucharistie, qu’envient les gens avec lesquels nous sommes en relation, les groupes de prière, etc. Nous nous réunissions souvent pour partager la Parole, les célébrations dans les temps liturgiques... (ces rencontres manquent). Pour nous, durant cette pandémie, ce fut le meilleur vaccin : avoir l’Eucharistie à la maison, le Seigneur parmi nous, l’expérience de l’intérieur, etc., etc.
Les expériences sont très nombreuses. En tant d’années, nous avons vécu de tout, des événements joyeux et tristes. Les années où nous avons souffert de la violence d’E.T.A., nous avons tous souffert ensemble.
Le peuple a été marqué par la politique et il est difficile d’avancer, même si l’on voit les efforts pour la compréhension et le pardon.
Ondarroa est un peuple fort pour vivre les traditions, le folklore, les coutumes, l’accueil... Ce sont des valeurs du peuple dans lesquelles nous nous sommes senties accueillies.
Village riche en pêche, florissant depuis de nombreuses années. Vers 1970, beaucoup de gens sont venus en Espagne, surtout du sud, à la recherche d’une vie meilleure. Ils travaillent à la mer et au nettoyage des maisons. Aujourd’hui, les immigrants sont des personnes qui viennent d’autres pays. Les Africains sénégalais sont ceux qui se font le plus à la mer, les Équatoriens, plus nombreux, travaillent dans la montagne et les femmes, pour la plupart, dans le service domestique et certaines, avec un peu de chance, dans l’usine de conserves de poisson.
Depuis 2001, les immigrants sont arrivés et ont commencé à frapper à nos portes avec des appels d’urgences. Cette situation se poursuit encore aujourd’hui.
Chaque jour, dans la mesure de nos forces, nous cherchons à les secourir. Pour beaucoup d’entre eux, nous sommes leurs référents, comme ils l’expriment eux-mêmes. L’effet d’appel les fait parvenir jusqu’à nous à la recherche de chemins d’intégration, d’inscription, de logement (très difficile), mais nous avons recours à nos contacts et, peu à peu, ce sont eux qui s’entraident.
Nous accompagnons les médecins, distribuons des vêtements. Nous travaillons avec les travailleuses sociales de la mairie (le travail social est partagé avec elles). On nous dit parfois que nous connaissons mieux les besoins des gens qu’eux-mêmes. Je travaille à la Caritas, Résidence...
Sœur Mari Moriones est membre du Conseil paroissial et Sœur Beatriz Dañobeitia collabore à la liturgie dans l’église de Kamizazpi. Catéchèse à la maison pour un cas particulier (enfants en difficulté), très centrée sur le problème migratoire, à partir d’une communauté d’accueil et d’écoute de tous les types d’événements et de demandes. Soin et ornementation de la chapelle du Christ de la Piété avec un laïc.
Pour en revenir au thème de la chapelle du collège des Filles de la Croix, nous avons parlé de la Vierge du Carmel, en fermant le collège. L’Association de la Maison de Galice, a demandé de leur laisser l’image, ils s’occuperaient d’elle. Ainsi, ils le font. Ils ont placé sur l’image un placage qui dit : Propriété des Filles de la Croix. Ils l’ont restaurée et, avec beaucoup de joie, chaque année, les Galiciens, après l’Eucharistie du jour de la Vierge du Carmel, la portent en procession, également en bateaux par la mer dans laquelle jettent des fleurs par les marins défunts.
Combien de choses nous pourrions raconter ! Que la Vierge de l’Ancienne nous assiste.
Sœur Beatriz Dañobeitia et Sœur Maria Dolores Moriones,
Filles de la Croix
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2022... un virus qui refuse de disparaître, après deux ans de pandémie. Deux années de difficultés, de maladies, de morts... des temps d’obscurité. Sans encore les vaincre, une guerre éclate à côté de nous une de plus, dans le monde, aux portes de l’Europe. L’Ukraine brûle sous les missiles de Poutine, poussé par la folie, le manque d’humanité, le manque d’empathie... L’Ukraine brûle... et résiste de sa petitesse !
Femmes, enfants, personnes âgées... Du jour au lendemain, ils sont contraints de quitter leur famille, leurs amis, leur ville, leur culture, leur place dans le monde... Du jour au lendemain, il n’y a plus d’autre option : fuir pour sauver leur vie.
En quelques jours, plus de trois millions de personnes quittent leur pays, en proie au désespoir, à une profonde tristesse, au désarroi, à la douleur... elles cherchent refuge partout où elles le peuvent.
Oui, dans la mort, il y a la résurrection. La lumière, même faible, l’emporte sur les ténèbres. Des blessures germent les graines de la vie.
Face à la folie, une vague de solidarité déferle également dans les cœurs européens.
Nous sommes le dimanche 13 mars 2022. En milieu d’après-midi, je reçois un appel de sœur Ana Rodríguez, de la Communauté d’Egiluze (Irún) : elles viennent d’être informées qu’un groupe de pompiers de Madrid revient de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne dans leurs camionnettes, où ils ont sauvé un groupe de femmes et d’enfants, et qu’ils devront se reposer à Egiluze pour pouvoir continuer leur route de salut. Il n’y a pas d’autre option, il n’est pas possible d’étouffer les cris de ceux et celles qui souffrent. Sainte Jeanne Élisabeth ne s’est pas non plus bouché les oreilles lorsque, revenante de l’Eucharistie, elle a entendu des cris de douleur au milieu de la forêt. C’est une occasion, réelle et concrète, de mettre en pratique ce que nous avons verbalisé ces dernières années : sœurs et laïcs, ensemble, comme une famille, au service des petits et des pauvres.
Les sœurs prennent les mesures nécessaires pour préparer l’arrivée des fourgons chargés de femmes crucifiées. Les gens des environs collaborent et laissent des sandwichs et des produits pour le petit-déjeuner.
Lorsque j’arrive à Egiluze, vers 22 h 30, tout est prêt pour accueillir ces réfugiés. De toute façon, il y a un certain malaise ou une certaine nervosité face à une situation non habituelle. Je ne sais pas vraiment ce que je fais à Egiluze, mais je sais que je suis là où je dois être : avec mes sœurs. L’arrivée est prévue à 1 h, puis à 2 h 30... Ces heures d’attente sont aussi un cadeau, un temps pour se retrouver, pour parler de l’humain et du divin... Sœur Karina prépare, avec talent et beaucoup de chaleur, des panneaux de bienvenue en langue ukrainienne. Nous décorons l’entrée, marquons les couloirs menant aux chambres et à la salle à manger, affichons un message de bienvenue dans la salle à manger : Ласкаво просимо ("Laskavo prosymo" = "bienvenue").
À 2 h 15 du matin, nous continuons à bavarder, à certains moments, lorsque la fatigue se fait de plus en plus présente, nous fermons les yeux et reposons nos têtes sur le canapé : une image qui pourrait bien se retrouver, à ce moment précis, dans n’importe quelle famille. Dans ce calme agité, le silence prend le dessus : c’est le silence du samedi saint.
Un coup de téléphone rompt le silence ; c’est celui d’un des pompiers : ils ont encore du chemin à faire pour atteindre Irun, et ils estiment qu’ils arriveront vers 3 h 30 du matin.
Le silence, interrompu par un bâillement occasionnel, continue.
Il est 3 h 15, et je dois bouger pour ne pas m’endormir. Je décide de descendre dans la cour pour déposer dans mon véhicule le livre qui était avec moi et que, au milieu des bavardages et des silences, je n’avais pas ouvert. Quand j’arrive à la réception, de la petite fenêtre, je vois des lumières. « Qui est-ce ? Ce n’est pas encore l’heure, mais il y a plusieurs lumières », me dis-je. J’appelle Sœur Ana au téléphone. « Je pense qu’ils sont déjà arrivés, il y a plusieurs lumières », je lui dis. Elle répond : « Déjà ? Serait-ce l’Ertzaintza (police basque) ? Ils passent parfois par là pour des raisons de sécurité. Descendons, juste au cas où ».
La première à arriver à la réception est Sœur Maïté Heredia. Nous pensons que ce sont eux. Les autres sœurs arrivent (Sœur Consuelo, Sœur Charo, Sœur Karina).
Sœur Maïté Heredia ouvre la porte d’Egiluze. En effet, ce sont eux. Ou plutôt : elles. Elles sont la lumière. Une foule de femmes, certaines avec des enfants et des adolescents, sortent des fourgons, portant des sacs pas très grands. Nous sortons et nous nous approchons d’elles, en hochant la tête en signe de bienvenue et de respect. On peut voir la fatigue sur leurs visages, malgré les masques, et elles marchent lentement. Nous leur proposons de nouveaux masques, mais un des pompiers nous dit que ce n’est pas nécessaire, qu’ils en ont plus qu’assez pour les prochains jours. Elles se dirigent vers l’entrée, quelques sœurs conduisent les premiers, nous aidons à porter les sacs... Elles montent les escaliers et, voyant des chambres ouvertes, entrent. C’est un peu le chaos dans la distribution des chambres, mais peu à peu elles s’installent deux par deux, les mères avec leurs enfants... Je monte à nouveau les escaliers avec une femme ukrainienne : elle s’arrête devant la Croix du Ressuscité, regarde le Christ ressuscité et lui caresse doucement le pied avec un regard de gratitude. Je suis frappé par ce geste : la lumière au milieu des ténèbres.
On arrive au dernier étage, et il y a une fille qui parle un peu espagnol. Elle me dit : « Merci, mon frère, merci ! Vous avez même mis des panneaux en ukrainien, comme c’est gentil de votre part ! Je lui offre le mot de passe du Wi-Fi, et bientôt les jeunes viennent se connecter à l’internet. “Nous devons contacter les proches, certains sont encore en Ukraine, d’autres sont dans d’autres pays, nous devons leur dire que nous sommes ici et que nous sommes arrivés sains et saufs”, dit la sœur ukrainienne qui parle notre langue.
Les pompiers de Madrid, dont un de Tarragone, sont les derniers à monter à l’étage et à s’installer dans leurs chambres. Je parle à l’un d’entre eux, ils sont vraiment fatigués, encore plus que les réfugiés. Il m’informe qu’ils ont parcouru à peu près 1 800 kilomètres le même jour. Je lui demande s’ils ont besoin de quelque chose, ce à quoi il répond “dormir, quelques heures suffiront”. Très proche, il me dit que le groupe s’est calmé, mais qu’en arrivant en Ukraine, ils ont vu des scènes de désespoir, des visages terrifiés... “Ce que j’ai vu est indescriptible. On ne peut pas souhaiter cette situation à qui que ce soit”. Nous poursuivons notre conversation, tandis que les sœurs vont et viennent, apportant du dentifrice et un peu de gel douche dans les chambres. Le calme s’installe, le silence est présent et, après avoir dit au revoir aux sœurs, je laisse Egiluze derrière moi, avec toutes les pièces éclairées. À 5 heures du matin, les rues de la ville sont vides et les maisons sont éteintes. La lumière d’Egiluze contraste avec l’obscurité des maisons. Quel contraste !
J’arrive à la maison, ma mère est encore éveillée jusqu’à mon arrivée et, une fois au lit, j’informe la Fraternité Molante de ce que j’ai vécu. Ils ont été présents, chacun de leur place, par la prière, dans un accompagnement fraternel, familial. Prière et action. Sœurs et laïcs. Ensemble. Pas en tant que famille, mais EN FAMILLE.
C’est déjà lundi et moi, avec seulement quelques heures de sommeil, je retourne à mes responsabilités. Le groupe de femmes, d’enfants et de pompiers se réveille, descend pour le petit-déjeuner... Ils montent dans les fourgons et, à midi, poursuivent leur route.
Ce que j’ai vécu et partagé me donne matière à réflexion. Tout d’abord, la conclusion la plus évidente : Dieu se rend présent dans l’obscurité, dans le désespoir, dans la douleur... Et deuxièmement : un bel exemple d’agir comme une Famille, une expérience de vie, enracinée dans le Charisme, sœurs et laïcs, main dans la main, ensemble, dans une combinaison inséparable de prière et de mission. Pour les crucifiés d’aujourd’hui. Avec la conviction que par la Croix nous atteignons la Résurrection, que c’est dans les ténèbres que la lumière brille le plus, que, avec le Seigneur, par le Christ, avec Lui et en Lui, la mort devient vie.
Lander Ugartemendia Mujika
Paula, une jeune fille de 16 ans, s'est rendue en Pologne avec son beau-père mercredi. Ils ont fait un long voyage d'Irun (Espagne, Pays Basque) à Varsovie, où ils ont laissé quelques sacs avec des vestes à la gare et ont récupéré une mère avec sa petite fille et une amie.
“J'ai eu le sentiment - nous raconte Paula - d'aider de l'intérieur (...) quand vous voyez ces gens, quand vous voyez leur visage d'espoir, du ‘je suis déjà en sécurité’ (...), cela remue quelque chose en nous, on a l'impression de les connaître depuis longtemps”. Pourtant, on ne les connaît que depuis dix minutes. Mais c'est un sentiment magnifique (...) Aider est la plus belle chose au monde ».
Grâce à cette expérience, elle et sa famille ne pouvaient plus rester sans rien faire. Ils ont partagé le projet avec d'autres personnes et beaucoup d'autres se sont impliqués également. Le nouvel objectif était de retourner en Pologne avec plus de véhicules et d'amener plus de personnes. Ainsi, un réseau de solidarité s'est tissé : un groupe de femmes d'Irun, les familles d'accueil de Madrid, les personnes qui ont fait des dons, un groupe de pompiers et les Filles de la Croix. Nous voulions tous aider - nous avions besoin d'aider !
Aux premières heures du dimanche 13 mars, cinq minibus sont arrivés en Espagne avec un contingent de 38 personnes en provenance d'Ukraine. Il y avait des femmes, des adolescents, quelques enfants et un petit chien. Ils sont restés à Eguiluze pour se reposer et reprendre des forces avant de faire la dernière étape du voyage vers Madrid.
La force des femmes nous a émus ! Elles ont fui pour s'occuper de leurs enfants et réussir à survivre, maintenant elles arrivent dans un pays à la langue incompréhensible, sans savoir pour combien de temps et sachant qu'elles doivent recommencer. Des femmes fortes qui reflètent sur leur visage la fatigue, l'incertitude, mais aussi la gratitude et une petite lumière d'espoir au milieu de tant de douleur.
Nous, sœurs et laïcs, avons senti la nécessité d'aller à la rencontre de nos frères et sœurs qui souffrent de la guerre, de prendre le risque, d'« élargir l'espace de notre tente » (Is 54,2), de notre maison et de notre cœur. Nous n'avons pas écouté leurs histoires ni réussi à les consoler de leurs blessures, mais c'était une grâce de les avoir accueillis dans notre maison. Ils étaient particulièrement reconnaissants de pouvoir profiter de la nature, d'être dehors sans danger, de marcher en toute liberté et d'écouter le silence.
Peut-être que ce temps, où la compassion s'exprime par de nombreux actes de solidarité dans les différents pays d'Europe, est un temps où l'Esprit est utilisé pour faire de cette humanité une « nouvelle création ». Où les plus grandes réponses et les plus grands gestes d'amour viennent d'en bas, des gens, et atteignent des endroits auxquels on n'avait jamais pensé auparavant. Parce que, comme Paula nous l'a dit, « si tout le monde aide, à la fin, les mauvaises choses et tout ce qui est mauvais perdent de l'importance et de la force. S'il y a plus de bonnes personnes que de mauvaises, alors le bien gagnera ».
Il y 224 ans depuis que, en 1797, nos fondateurs Sainte Jeanne-Élisabeth et Saint André-Hubert se sont rencontrés dans la grange des Marsyllis. C’était une époque troublée, une époque de persécution, de recherches des profondes racines de la foi, d’embrasser la Croix, symbole de la Vie. C'était un temps de ténèbres où la Lumière a jailli, dans les résurrections constantes qui sont évidentes tout au long de l’Histoire.
224 ans plus tard, la rencontre dans le Marsyllis continue à nous interpeller de manière directe : la valeur de l'humilité, une attitude proactive pour la rencontre, le chemin de la convergence, chercher et recevoir la Nourriture pour être nourriture pour les autres, en bref, l'image des Marsyllis nous invite aujourd'hui à revenir à l'important, à l'essentiel, au noyau, à la source : se rencontrer pour rencontrer Celui qui est et sera toujours "le Chemin, la Vérité et la Vie".
Cette grange et ce qui s'y est passé peuvent nous enseigner et nous guérir aujourd'hui.
Aujourd’hui nous bâtissons, vivons, en savourant un nouveau Marsyllis, à la lumière de l’Évangile et du Charisme : la rencontre et la convergence de la vocation religieuse et la vocation laïque dans la Famille Filles de la Croix, une réalité toujours en construction qui insuffle joie et espérance et qui exige d'avoir les yeux, les bras, l'esprit et le cœur grands ouverts pour être dociles à l'Esprit Saint.
Encore, je me souviens d’un certain dimanche du printemps 2017 quand j’ai reçu l’appel de la Supérieure Générale, Susana Felice, m’invitant à participer à une nouvelle équipe de travail : le Comité International Laïques-Sœurs (CILS). J’avais aucun doute, et j’ai répondu avec conviction : « SÍ » Bientôt la Supérieur Provinciale, Asun Arbonies (qu’elle repose en paix), m’invitait à une célébration d’envoie avec les soeurs d'Egiluze, maison régionale. En communauté, sœurs et laïques. Laïques et sœurs. (« Pour qu’ils ne fassent qu’un, » Jean 17, 22). Une nouvelle étape, un temps d’espérance! Mettons-nous au travail !
La première rencontre en présentiel (face à face) du CILS a eu lieu en juillet 2017, dans la communauté du collège de la Rue de Sèvres à Paris. Ici j’ai rencontré les membres de notre équipe : Florence Davost (FR), Pietro Biavaschi (IT) et Sœur Marie-Paul Dossat. Nous avons été accompagnés par le Conseil général et accueillis, avec simplicité et affection, par les sœurs de la communauté.
À cette première rencontre nous avons établi notre ‘Feuille de route’ et la voie à suivre pour la construction de la Famille Filles de la Croix. Cette rencontre signifiait aussi un nouveau Marsyllis ! En 2018 nous avons eu une rencontre à Paris, et en 2019 à Chiavenna.
La vision de notre équipe était fixée sur l’assemblée Laïques-Sœurs, qui devait avoir lieu à La Puye l’été de 2020, avec l’objectif de travailler un Livre de Vie. Cependant, la pandémie du coronavirus a changé tous les projets : un temps nouveau, sombre, qui aussi nous offre l’occasion de gagner du temps, renforcer et approfondir le travail à travers plusieurs rencontres télématiques, en vue de l'Assemblée qui, si la situation le permet, aura lieu en aout 2021. Un temps d’adaptation. Passage des difficultés aux opportunités.
De 2017 à aujourd’hui, et à l’invitation de CILS, plusieurs groupes laïques et sœurs, avons réfléchi, médité, approfondi et découvert ce qui nous unis : l’Évangile et le Charisme de nos fondateurs. L’Évangile et le Charisme créent des liens et des ponts au sein des groupes et des communautés, mais aussi entre pays et même entre États et vocations (religieuses et laïques). Des cœurs individuels qui forment un seul Grand Cœur.
Au cours des années 2017-2018 nous avons concentré sur LA PRIÈRE : qu’est-ce que c’est, comment c’est, elle nous aide comment, elle nous appel à quoi? En quoi et comment la prière de Jésus nous enseigne et nous guérit? En quoi et comment nous enseignent et nous guérissent les prières de Saint André-Hubert et Sainte Jeanne-Élisabeth ? Quelle forme et quel poids ont nos prières quotidiennes ?
Durant le parcours suivant, 2018-2019, nous avons eu l’occasion de découvrir que c’est une FAMILLE SPIRITUELLE à partir de la vocation personnelle de chacun d’entre nous. Pourquoi désirons-nous bâtir une famille spirituelle? Quelles caractéristiques devra-t-elle avoir? Qu’est-ce qui nous unis? À quoi nous appel Jésus de façon individuelle et en tant que Famille?
Le troisième thème sur lequel nous avons travaillé, en 2019-2020 fut celui de la MISSION : Que nous enseigne Jésus de sa mission? Quel exemple nous a donné la mission réalisée par sœur Maria Laura? Quelle est notre mission personnelle? Quelle est la mission de la Famille Filles de la Croix?
En même temps, nous avons eu l’opportunité de réfléchir, de façon individuelle, sur notre RÉPONSE PERSONNELLE à ce projet de vie : Comment ai-je voulu appartenir à la Famille Filles de la Croix? De quoi aurais-je besoin pour vivre cette appartenance? Qu’est-ce qui m’aiderait à la vivre?
Ce chemin nous le marchons tous, ensemble, surmontant les distances, les cultures, les langues, la pandémie… En confinement complet, l’équipe du CILS avons travaillé plusieurs documents reçus, et avons constaté la profondeur des contributions, des réflexions et des sentiments; comme une soif de continuer à cheminer ensemble. Union dans la diversité! Une grande joie! Maintenant les groupes et les communautés avons l’occasion et le cadeau de pouvoir travailler, savourer, réfléchir sur le document de travail remis aux déléguées des différents pays.
En 1707 ou en 2021, en temps sombre, brille la Lumière comme au Marsyllis.
En ce temps de pandémie, où la rencontre, l’union, la relation et la proximité sont tellement diminuées, nous pouvons dire clairement et à haute voix :
La Famille Filles de la Croix vie un nouveau Marsyllis!
Lander Ugartemendia
Partager en peu de lignes l'histoire et l'esprit de la communauté de Villabona qui a commencé son voyage en 1904, est un peu difficile à faire - pour ne pas dire impossible - mais je le fais par respect pour toutes les sœurs qui se sont dévouées dans cette municipalité et pour toutes les personnes qui ont eu confiance - et ont confiance - en elles. Avec l'intention d'accroître notre esprit de famille par la connaissance - mutuelle si possible - voici ce texte.
Le premier détail important est qu'en 1903, en France, il est interdit aux congrégations religieuses d'enseigner. Pour cette raison, de nombreuses congrégations sont parties pour s’installer dans d'autres pays et nos sœurs en France ont été envoyées dans différents pays.
En 1904, plus de vingt communautés ont été ouvertes dans des petites villes d'Espagne. Dans ce contexte, la ville d'Amasa a demandé la présence des Sœurs d'Ustaritz car elle souhaitait avoir une éducation catholique pour ses enfants et ses jeunes.
Le maire de Villabona a lui-même demandé une autre communauté de Filles de la Croix pour l'enseignement, en bas du village en leur donnant sa propre maison pendant douze ans jusqu'à la construction de l'école de San José. C'était un très bon geste de sa part. Il y a donc deux communautés d'enseignement à AMASA VILLABONA qui sont dans une seule et même municipalité.
Au fil du temps, la mission des sœurs s'est ouverte, car le conseil municipal leur a demandé une communauté pour s'occuper de l'ancien asile de Villabona. Elles y ont commencé leur présence le 14 février 1948 avec Sœur Josefina et Sœur Pilar Ángeles. Et jusqu'en 1962, date de la fermeture d'Amasa, il y avait trois communautés de Filles de la Croix dans la ville.
Dans les années 1960, il y a eu beaucoup d'émigration dans les environs ; de nombreuses personnes sont venues travailler dans les industries du papier, du textile et de la métallurgie, qui étaient les industries de la ville. Pour cette raison, la ville s'est développée et, par conséquent, il y a eu beaucoup d'enfants et l'école est devenue trop petite. Face à cette situation, les Sœurs ont abandonné leurs chambres, la salle de communauté, la chapelle et toute la maison pour agrandir les classes et ont acheté l'appartement en 1969 pour que la communauté puisse avoir un endroit où dormir car ils passaient la journée à l'école, et c'est dans cet appartement que la communauté actuelle est installée.
En 1973, la loi sur l'éducation de Vilar Palasí a étendu les années obligatoires d'éducation à 16 ans et comme il n'y avait pas de possibilités dans l'école par manque d'espace, face à cette situation, et parce que dans les grandes villes il y avait aussi beaucoup d'émigration et les écoles d'Errenteria, Zumárraga et Bilbao ont été étendues, les communautés des petites villes ont été affectées par la fermeture par manque de possibilités d'enfants et d'espaces et parce que le personnel était nécessaire dans ces centres étendus.
À Villabona, il y avait une école paroissiale qui proposait le baccalauréat aux enfants.
On en profita pour faire une éducation mixte entre les filles de notre école, les enfants du centre paroissial plus un petit jardin d'enfants qui était aussi naissant, et entre les trois se forma l'IKASTOLA du Sacré-CŒUR DE JÉSUS en charge de la paroisse. Et elle a aussi absorbé les sœurs qui étaient quatre dans l'Ikastola. La dernière à prendre sa retraite a été Sœur Justa en septembre 2004.
Juste en septembre 2004, nous avons célébré le centenaire des Filles de la Croix à AMASA- VILLABONA avec la présence de nombreuses sœurs qui avaient consacré leur vie à ce service aux personnes.
Dans de nombreuses autres municipalités où nous étions dans de petites écoles, celles-ci ont également dû être fermées et avec cela la présence des Filles de la Croix a été perdue. Mais à Villabona, elles ont continué à être là à cause de leur mission dans la résidence, où nos sœurs étaient jusqu'en 2004.
Depuis cette année-là, les sœurs, en plus de leur présence religieuse, se sont engagées dans la Pastorale de la santé, le groupe paroissial se rendant dans les deux maisons de retraite pour l'accompagnement spirituel des résidents et s'occupant de ceux qui le souhaitent et qui sont à leur domicile. Elles étaient également impliqués dans la paroisse avec la liturgie et en tant que ministres extraordinaires de l'Eucharistie.
Après un intervalle d'un an et demi sans la présence de sœurs, la communauté est toujours vivante avec Jone, Maria Rosario et Inma. Elles avaient l'habitude de rendre visite aux personnes dans les deux maisons de retraite mais, actuellement, avec le covid 19, ils ne peuvent pas le faire. Ils continuent à rendre visite aux familles, mais moins souvent.
Maria Rosario fait partie du groupe Caritas, où elle se réunit toutes les deux semaines. Il y a beaucoup de gens du Nigeria, du Maroc et du Sahara. Elles les aident surtout dans la documentation et la gestion bureaucratique, car elles sont en contact étroit avec l'assistant social et le conseil provincial de Gipuzkoa.
Inma est dans le « Nagusi Iaun », qui est un groupe d'attention au citoyen et dans lequel elle est depuis de nombreuses années.
Et Jone est en « Fraternidad Molante », rendant la Congrégation présente au milieu des Laïcs, où ensemble nous formons notre Famille Filles de la Croix.
Mais avant tout, la mission principale de cette communauté est la présence de la Vie Consacrée - de manière plus concrète, la présence des Filles de la Croix - parmi les gens.
Merci de vous ouvrir chaque jour à l'action de l'Esprit qui vous parle à travers la réalité de Villabona.
Amaia Muñoz
Actuellement, dans la Vallée de Karrantza, les Sœurs vivent dans un immeuble, mais à l’origine de cette communauté, il y avait la maison paroissiale comme réponse à l’appel de l’Évêque.
Marivi Vadillo, Consuelo Izquierdo et Maria Luisa Izura accompagnaient avec le curé les quatorze paroisses – si je ne me trompe pas – dispersées de cette vallée.
C’est important de tenir compte que nous parlons d’une zone rurale, une vallée et ses montagnes, où nous avons besoin d’une voiture pour pouvoir se déplacer. Sans moyen de locomotion, c’est difficile de pouvoir mener à bien la mission à cause des distances physiques qu’il y a entre les différentes paroisses.
Les Sœurs avaient une réunion hebdomadaire pour organiser les différents engagements qu’il peut y avoir dans une paroisse : célébrations, catéchèse, Secours Catholique. Tous les quinze jours, elles participaient à une réunion régionale avec les prêtres de la zone.
Comme c’était impossible de célébrer l’Eucharistie dans toutes les paroisses de la vallée, on y allait par alternance, et les Sœurs se chargeaient d’animer la Célébration de la Parole chaque paroisse où le curé ne pouvait pas le faire.
Quelques années après, Angelita Baztàn est arrivée. Comme elle le dit, les engagements étaient déjà bien organisés et sa première mission fut de conduire en voiture les Sœurs jusqu’à leurs lieux d’engagements.
Plus tard, Maria Luisa Izura fut intégrée à la communauté de Irùn à cause de ses problèmes de santé.
Ce fut un temps d’un travail intense vécu avec joie, mais après 16 ans, l’organisation paroissiale expérimenta un changement et les Sœurs ont déménager pour aller vivre dans un immeuble et mener à bien une mission différente.
Quelques temps après, Consuelo Izquierdo a été affectée à Limpias, après la mort de Teresa Lopez, et avec les distances, elles formèrent une seule communauté, partageant quelques réunions et réflexions, célébrant ensemble les dates spéciales tantôt de foi, – les liturgiques –, tantôt de la vie, – les anniversaires -. Elles partageaient la même mission même si c’était en lien avec des personnes différentes.
À Karrantza, jusqu’à il y a peu de temps, Marivi continuait à animer la Célébration de la Parole. Les visite aux gens se poursuivent sur un mode informel : « l’engagement de l’écoute », si important même si souvent nous ne sommes pas conscientes de cela. Seulement, nous nous rendons compte de sa valeur quand les gens avec qui nous pouvons parler, nous manquent où après avoir vécu cette expérience de converser avec une personne de confiance qui transmettent empathie, amour…
Je termine en disant merci à Marivi et à Angelita, et en me souvenant aussi Isabel et Consuelo, - dont nous avons partagé le témoignage dans le premier Bulletin – y qui font partie de leur communauté actuelle avec de la distance.
Continuez à transmettre le message évangélique, avant tout par ce que vous êtes, donnant témoignage de la joie de vivre avec Dieu et pour Lui, avec la simplicité de vos vies.
La Mairie de Fuenmayor (en Rioja – Espagne) avec le consensus des trois groupes politiques avec une représentation dans le conseil, a proposé de dédier une rue de la localité à une personne qui durant plus de 60 ans a réalisé un grand travail à Fuenmayor.
Le Maire de Fuenmayor signera la semaine prochaine la résolution qui certifie qu’une des neuf rues de la localité changera de nom pour s’appeler « Rue Sœur Natividad ».
Sœur Natividad est arrivée au collège des Filles de la Croix en 1954 et demeura là pas moins de 64 ans jusqu’à l’année 2018 où, déjà âgée de tant d’année et dans un état de santé délicat, elle fut envoyée à la Maison Provinciale de l’ordre à Irún où elle mourut peu après à 97 ans.
Durant toutes ces années, elle s’est dédiée à l’éducation de générations de filles et garçons laissant un souvenir indélébile de sa personnalité.
Elle s’est donnée aussi à beaucoup d’autres activités, visitant les malades et les personnes âgées, transmettant le catéchisme, aidant le curé dans l’église, et tous ceux qui avaient besoin à Fuenmayor. « J’ai beaucoup aimé Fuenmayor et tout le monde. Pour moi, il a été mon village et ma vie. Je ne sais pas comment dire merci à ce village que j’ai tellement aimé », dit-elle en disant au revoir.
Maintenant, c’est le village qui veut se souvenir de son travail et perpétuer sa mémoire en lui dédiant une rue à côté de la garderie pour que les enfants, sa grande passion durant toute sa vie, n’oublient jamais cette personne qui a tant enseigné à leurs parents et grands-parents.
À la prochaine avec la nouvelle rue.
Les Sœurs de Fuenmayor