La Famille des Filles de la Croix, laïcs et sœurs, marche en fraternité dédiée aux petits et aux pauvres.
Nous nous sommes réunies dans la communauté de Los Yébenes (Madrid) pour célébrer notre Saint Fondateur Saint André-Hubert Fournet, en partageant la prière et une collation.
La joie de cette rencontre nous encourage à continuer à élargir l'espace de notre tente, à déployer sans hésitation la toile de notre maison, à allonger nos cordes et à renforcer nos piquets, dans la certitude que nous aurons l'abondance et que nous habiterons les terres abandonnées, comme l'exprime le texte biblique choisi par notre 26e Chapitre général : Isaïe 54, 1-3.
Madrid, le 11 juin 2022
Il fait chaud comme en août, même si le printemps n'est pas encore terminé. Notre créative Sœur Karina vient de préparer une belle fresque : sur un fond vert, plusieurs mains de différentes races s'entrelacent pour former une croix. C'est le jour de l'ENVOI de deux jeunes de l'ALLIANCE INTERNATIONALE DE VOLONTARIAT (VIA), pour travailler pour les pauvres en Argentine.
Les deux jeunes volontaires, Lucie et Guille, viennent joyeusement à notre rencontre pour nous emmener dans leurs véhicules respectifs à l'église de San Carlos Borromeo, à Villanueva de la Cañada, où aura lieu la cérémonie d'envoi.
Nous sommes arrivés à la belle église paroissiale. L'Eucharistie du soir de la solennité de la Sainte Trinité est sur le point de commencer. Deux belles images du Christ crucifié et de la Vierge Marie invitent à la contemplation dans le presbytère. Au cours de la même Eucharistie, on célèbre le jubilé d'argent d'un couple marié, accompagné de ses deux enfants pré-adolescents. Après le rite du mariage, nous célébrons l'envoi de Lucie et Guille, respectivement étudiantes en médecine vétérinaire et dentaire. Une chorale rehausse la beauté du moment avec des chansons de Haendel, Mozart, etc. Les deux jeunes femmes ont lu, entre elles, le témoignage émouvant qu'elles avaient rédigé auparavant. Ils reçoivent leur envoi avec la bénédiction du prêtre, qui leur remet une petite croix à porter sur la poitrine et un T-shirt voyant.
Après la cérémonie, un chanteur dédie au couple une chanson, composée spécialement pour eux, avec de la musique populaire accompagnée d'un étrange instrument de percussion.
Il est annoncé qu'un goûter est préparé dans la cour de la paroisse pour célébrer l'ENVOI. La chaleur s'est calmée et l'endroit est charmant. Au centre, sous un cyprès, on trouve une image de saint Joseph. Autour d'elle, un siège en pierre formant un carré. La cour est vaste, entourée de cloîtres qui communiquent avec les salles de réunion. C'est un endroit vraiment accueillant. Là, nous avons dégusté un délicieux goûter avec Guille, Lucie, ses amis, des garçons appartenant au mouvement EFFETÁ, des Sœurs de la Compassion (Ana, Mari Cruz, Carmen, Yudeisy) et cinq des six Filles de la Croix qui vivent à Madrid. Le prêtre célébrant, accompagné de sa guitare, se joint à la célébration. Karina apprend aux jeunes à danser une danse typique du nord de l'Argentine (la chacarera). Puis tous les jeunes chantent, accompagnés par le prêtre à la guitare, le chant ALMA MISIONERA (ÂME MISSIONNAIRE). Les jeunes d'EFFETÁ sont pleins d'enthousiasme. Nous avons parlé à l'un d'entre eux qui nous a expliqué les projets sur lesquels il a travaillé : les prisonniers, la prostitution, les mères qui veulent avorter des enfants maltraités... Il a expliqué : "Comme je me suis rendu compte que je n'ai pas la vocation de prêtre, je me consacre au travail social". Il est heureux. Il a découvert que la CHARITÉ est la raison et le fondement de tout dévouement aux autres. Il a trouvé sa voie.
La nuit est tombée sur le groupe, il est 23h30 et il est temps de partir. Le prêtre doit fermer l'église paroissiale. Sous le croissant de lune, la façade de l'église Saint-Charles Borromée resplendit de charme. Lucie et Guille nous accompagnent à notre appartement à Camarena. Ce fut une soirée joyeuse, car quelle plus grande joie que de participer au généreux dévouement de deux jeunes qui, ayant pu passer un été tranquille à se reposer après un dur cours d'été, offrent avec enthousiasme leur personne et leur temps au projet humanisant du Royaume de Dieu au profit des plus petits ? Un témoignage de foi et d'amour qui nous remplit d'espoir. L'Esprit respire sans cesse, souffle avec force et agit dans ceux qui le laissent faire. Accompagnons Lucie et Guille et tant de jeunes qui, comme notre bienheureuse et martyre Maria Laura Mainetti, veulent faire de leur vie quelque chose de beau pour les autres.
Maribel Segurola, Filles de la Croix
Écrire l’histoire d’Ondarroa (2004-2021)
Le 14 avril 1904 arrivent à Ondarroa, en provenance de France, quatre Sœurs, car en France, il est interdit aux congrégations religieuses de prendre en charge l’enseignement.
Regina de la Torre, voisine de Villarcayo, célibataire, est devenue membre de la congrégation des Filles de la Croix sous le nom de Sœur Octavia. C’est elle qui acheta la maison des Sœurs. Elles l’accompagnèrent :
Sœur Romania / Sœur Madeleine / Sœur Saint Michel
Peu après leur arrivée, la mairie d’Ondarroa leur confia l’enseignement des jeunes enfants. Plus tard, elles prirent la responsabilité de l’hôpital de Goikokale, jusqu’en 1990, où, lors de la construction de la nouvelle résidence, elles sont descendues au village. Nous parlerons d’elle plus tard.
(...)
Notre Mission
Une communauté de présence, simple, au milieu des gens, dans une attitude de service, avec "toutes sortes de bonnes œuvres" (Sainte Jeanne-Élisabeth, fondatrice).
Notre demeure est présidée par l’Eucharistie, qu’envient les gens avec lesquels nous sommes en relation, les groupes de prière, etc. Nous nous réunissions souvent pour partager la Parole, les célébrations dans les temps liturgiques... (ces rencontres manquent). Pour nous, durant cette pandémie, ce fut le meilleur vaccin : avoir l’Eucharistie à la maison, le Seigneur parmi nous, l’expérience de l’intérieur, etc., etc.
Les expériences sont très nombreuses. En tant d’années, nous avons vécu de tout, des événements joyeux et tristes. Les années où nous avons souffert de la violence d’E.T.A., nous avons tous souffert ensemble.
Le peuple a été marqué par la politique et il est difficile d’avancer, même si l’on voit les efforts pour la compréhension et le pardon.
Ondarroa est un peuple fort pour vivre les traditions, le folklore, les coutumes, l’accueil... Ce sont des valeurs du peuple dans lesquelles nous nous sommes senties accueillies.
Village riche en pêche, florissant depuis de nombreuses années. Vers 1970, beaucoup de gens sont venus en Espagne, surtout du sud, à la recherche d’une vie meilleure. Ils travaillent à la mer et au nettoyage des maisons. Aujourd’hui, les immigrants sont des personnes qui viennent d’autres pays. Les Africains sénégalais sont ceux qui se font le plus à la mer, les Équatoriens, plus nombreux, travaillent dans la montagne et les femmes, pour la plupart, dans le service domestique et certaines, avec un peu de chance, dans l’usine de conserves de poisson.
Depuis 2001, les immigrants sont arrivés et ont commencé à frapper à nos portes avec des appels d’urgences. Cette situation se poursuit encore aujourd’hui.
Chaque jour, dans la mesure de nos forces, nous cherchons à les secourir. Pour beaucoup d’entre eux, nous sommes leurs référents, comme ils l’expriment eux-mêmes. L’effet d’appel les fait parvenir jusqu’à nous à la recherche de chemins d’intégration, d’inscription, de logement (très difficile), mais nous avons recours à nos contacts et, peu à peu, ce sont eux qui s’entraident.
Nous accompagnons les médecins, distribuons des vêtements. Nous travaillons avec les travailleuses sociales de la mairie (le travail social est partagé avec elles). On nous dit parfois que nous connaissons mieux les besoins des gens qu’eux-mêmes. Je travaille à la Caritas, Résidence...
Sœur Mari Moriones est membre du Conseil paroissial et Sœur Beatriz Dañobeitia collabore à la liturgie dans l’église de Kamizazpi. Catéchèse à la maison pour un cas particulier (enfants en difficulté), très centrée sur le problème migratoire, à partir d’une communauté d’accueil et d’écoute de tous les types d’événements et de demandes. Soin et ornementation de la chapelle du Christ de la Piété avec un laïc.
Pour en revenir au thème de la chapelle du collège des Filles de la Croix, nous avons parlé de la Vierge du Carmel, en fermant le collège. L’Association de la Maison de Galice, a demandé de leur laisser l’image, ils s’occuperaient d’elle. Ainsi, ils le font. Ils ont placé sur l’image un placage qui dit : Propriété des Filles de la Croix. Ils l’ont restaurée et, avec beaucoup de joie, chaque année, les Galiciens, après l’Eucharistie du jour de la Vierge du Carmel, la portent en procession, également en bateaux par la mer dans laquelle jettent des fleurs par les marins défunts.
Combien de choses nous pourrions raconter ! Que la Vierge de l’Ancienne nous assiste.
Sœur Beatriz Dañobeitia et Sœur Maria Dolores Moriones,
Filles de la Croix
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2022... un virus qui refuse de disparaître, après deux ans de pandémie. Deux années de difficultés, de maladies, de morts... des temps d’obscurité. Sans encore les vaincre, une guerre éclate à côté de nous une de plus, dans le monde, aux portes de l’Europe. L’Ukraine brûle sous les missiles de Poutine, poussé par la folie, le manque d’humanité, le manque d’empathie... L’Ukraine brûle... et résiste de sa petitesse !
Femmes, enfants, personnes âgées... Du jour au lendemain, ils sont contraints de quitter leur famille, leurs amis, leur ville, leur culture, leur place dans le monde... Du jour au lendemain, il n’y a plus d’autre option : fuir pour sauver leur vie.
En quelques jours, plus de trois millions de personnes quittent leur pays, en proie au désespoir, à une profonde tristesse, au désarroi, à la douleur... elles cherchent refuge partout où elles le peuvent.
Oui, dans la mort, il y a la résurrection. La lumière, même faible, l’emporte sur les ténèbres. Des blessures germent les graines de la vie.
Face à la folie, une vague de solidarité déferle également dans les cœurs européens.
Nous sommes le dimanche 13 mars 2022. En milieu d’après-midi, je reçois un appel de sœur Ana Rodríguez, de la Communauté d’Egiluze (Irún) : elles viennent d’être informées qu’un groupe de pompiers de Madrid revient de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne dans leurs camionnettes, où ils ont sauvé un groupe de femmes et d’enfants, et qu’ils devront se reposer à Egiluze pour pouvoir continuer leur route de salut. Il n’y a pas d’autre option, il n’est pas possible d’étouffer les cris de ceux et celles qui souffrent. Sainte Jeanne Élisabeth ne s’est pas non plus bouché les oreilles lorsque, revenante de l’Eucharistie, elle a entendu des cris de douleur au milieu de la forêt. C’est une occasion, réelle et concrète, de mettre en pratique ce que nous avons verbalisé ces dernières années : sœurs et laïcs, ensemble, comme une famille, au service des petits et des pauvres.
Les sœurs prennent les mesures nécessaires pour préparer l’arrivée des fourgons chargés de femmes crucifiées. Les gens des environs collaborent et laissent des sandwichs et des produits pour le petit-déjeuner.
Lorsque j’arrive à Egiluze, vers 22 h 30, tout est prêt pour accueillir ces réfugiés. De toute façon, il y a un certain malaise ou une certaine nervosité face à une situation non habituelle. Je ne sais pas vraiment ce que je fais à Egiluze, mais je sais que je suis là où je dois être : avec mes sœurs. L’arrivée est prévue à 1 h, puis à 2 h 30... Ces heures d’attente sont aussi un cadeau, un temps pour se retrouver, pour parler de l’humain et du divin... Sœur Karina prépare, avec talent et beaucoup de chaleur, des panneaux de bienvenue en langue ukrainienne. Nous décorons l’entrée, marquons les couloirs menant aux chambres et à la salle à manger, affichons un message de bienvenue dans la salle à manger : Ласкаво просимо ("Laskavo prosymo" = "bienvenue").
À 2 h 15 du matin, nous continuons à bavarder, à certains moments, lorsque la fatigue se fait de plus en plus présente, nous fermons les yeux et reposons nos têtes sur le canapé : une image qui pourrait bien se retrouver, à ce moment précis, dans n’importe quelle famille. Dans ce calme agité, le silence prend le dessus : c’est le silence du samedi saint.
Un coup de téléphone rompt le silence ; c’est celui d’un des pompiers : ils ont encore du chemin à faire pour atteindre Irun, et ils estiment qu’ils arriveront vers 3 h 30 du matin.
Le silence, interrompu par un bâillement occasionnel, continue.
Il est 3 h 15, et je dois bouger pour ne pas m’endormir. Je décide de descendre dans la cour pour déposer dans mon véhicule le livre qui était avec moi et que, au milieu des bavardages et des silences, je n’avais pas ouvert. Quand j’arrive à la réception, de la petite fenêtre, je vois des lumières. « Qui est-ce ? Ce n’est pas encore l’heure, mais il y a plusieurs lumières », me dis-je. J’appelle Sœur Ana au téléphone. « Je pense qu’ils sont déjà arrivés, il y a plusieurs lumières », je lui dis. Elle répond : « Déjà ? Serait-ce l’Ertzaintza (police basque) ? Ils passent parfois par là pour des raisons de sécurité. Descendons, juste au cas où ».
La première à arriver à la réception est Sœur Maïté Heredia. Nous pensons que ce sont eux. Les autres sœurs arrivent (Sœur Consuelo, Sœur Charo, Sœur Karina).
Sœur Maïté Heredia ouvre la porte d’Egiluze. En effet, ce sont eux. Ou plutôt : elles. Elles sont la lumière. Une foule de femmes, certaines avec des enfants et des adolescents, sortent des fourgons, portant des sacs pas très grands. Nous sortons et nous nous approchons d’elles, en hochant la tête en signe de bienvenue et de respect. On peut voir la fatigue sur leurs visages, malgré les masques, et elles marchent lentement. Nous leur proposons de nouveaux masques, mais un des pompiers nous dit que ce n’est pas nécessaire, qu’ils en ont plus qu’assez pour les prochains jours. Elles se dirigent vers l’entrée, quelques sœurs conduisent les premiers, nous aidons à porter les sacs... Elles montent les escaliers et, voyant des chambres ouvertes, entrent. C’est un peu le chaos dans la distribution des chambres, mais peu à peu elles s’installent deux par deux, les mères avec leurs enfants... Je monte à nouveau les escaliers avec une femme ukrainienne : elle s’arrête devant la Croix du Ressuscité, regarde le Christ ressuscité et lui caresse doucement le pied avec un regard de gratitude. Je suis frappé par ce geste : la lumière au milieu des ténèbres.
On arrive au dernier étage, et il y a une fille qui parle un peu espagnol. Elle me dit : « Merci, mon frère, merci ! Vous avez même mis des panneaux en ukrainien, comme c’est gentil de votre part ! Je lui offre le mot de passe du Wi-Fi, et bientôt les jeunes viennent se connecter à l’internet. “Nous devons contacter les proches, certains sont encore en Ukraine, d’autres sont dans d’autres pays, nous devons leur dire que nous sommes ici et que nous sommes arrivés sains et saufs”, dit la sœur ukrainienne qui parle notre langue.
Les pompiers de Madrid, dont un de Tarragone, sont les derniers à monter à l’étage et à s’installer dans leurs chambres. Je parle à l’un d’entre eux, ils sont vraiment fatigués, encore plus que les réfugiés. Il m’informe qu’ils ont parcouru à peu près 1 800 kilomètres le même jour. Je lui demande s’ils ont besoin de quelque chose, ce à quoi il répond “dormir, quelques heures suffiront”. Très proche, il me dit que le groupe s’est calmé, mais qu’en arrivant en Ukraine, ils ont vu des scènes de désespoir, des visages terrifiés... “Ce que j’ai vu est indescriptible. On ne peut pas souhaiter cette situation à qui que ce soit”. Nous poursuivons notre conversation, tandis que les sœurs vont et viennent, apportant du dentifrice et un peu de gel douche dans les chambres. Le calme s’installe, le silence est présent et, après avoir dit au revoir aux sœurs, je laisse Egiluze derrière moi, avec toutes les pièces éclairées. À 5 heures du matin, les rues de la ville sont vides et les maisons sont éteintes. La lumière d’Egiluze contraste avec l’obscurité des maisons. Quel contraste !
J’arrive à la maison, ma mère est encore éveillée jusqu’à mon arrivée et, une fois au lit, j’informe la Fraternité Molante de ce que j’ai vécu. Ils ont été présents, chacun de leur place, par la prière, dans un accompagnement fraternel, familial. Prière et action. Sœurs et laïcs. Ensemble. Pas en tant que famille, mais EN FAMILLE.
C’est déjà lundi et moi, avec seulement quelques heures de sommeil, je retourne à mes responsabilités. Le groupe de femmes, d’enfants et de pompiers se réveille, descend pour le petit-déjeuner... Ils montent dans les fourgons et, à midi, poursuivent leur route.
Ce que j’ai vécu et partagé me donne matière à réflexion. Tout d’abord, la conclusion la plus évidente : Dieu se rend présent dans l’obscurité, dans le désespoir, dans la douleur... Et deuxièmement : un bel exemple d’agir comme une Famille, une expérience de vie, enracinée dans le Charisme, sœurs et laïcs, main dans la main, ensemble, dans une combinaison inséparable de prière et de mission. Pour les crucifiés d’aujourd’hui. Avec la conviction que par la Croix nous atteignons la Résurrection, que c’est dans les ténèbres que la lumière brille le plus, que, avec le Seigneur, par le Christ, avec Lui et en Lui, la mort devient vie.
Lander Ugartemendia Mujika
Paula, une jeune fille de 16 ans, s'est rendue en Pologne avec son beau-père mercredi. Ils ont fait un long voyage d'Irun (Espagne, Pays Basque) à Varsovie, où ils ont laissé quelques sacs avec des vestes à la gare et ont récupéré une mère avec sa petite fille et une amie.
“J'ai eu le sentiment - nous raconte Paula - d'aider de l'intérieur (...) quand vous voyez ces gens, quand vous voyez leur visage d'espoir, du ‘je suis déjà en sécurité’ (...), cela remue quelque chose en nous, on a l'impression de les connaître depuis longtemps”. Pourtant, on ne les connaît que depuis dix minutes. Mais c'est un sentiment magnifique (...) Aider est la plus belle chose au monde ».
Grâce à cette expérience, elle et sa famille ne pouvaient plus rester sans rien faire. Ils ont partagé le projet avec d'autres personnes et beaucoup d'autres se sont impliqués également. Le nouvel objectif était de retourner en Pologne avec plus de véhicules et d'amener plus de personnes. Ainsi, un réseau de solidarité s'est tissé : un groupe de femmes d'Irun, les familles d'accueil de Madrid, les personnes qui ont fait des dons, un groupe de pompiers et les Filles de la Croix. Nous voulions tous aider - nous avions besoin d'aider !
Aux premières heures du dimanche 13 mars, cinq minibus sont arrivés en Espagne avec un contingent de 38 personnes en provenance d'Ukraine. Il y avait des femmes, des adolescents, quelques enfants et un petit chien. Ils sont restés à Eguiluze pour se reposer et reprendre des forces avant de faire la dernière étape du voyage vers Madrid.
La force des femmes nous a émus ! Elles ont fui pour s'occuper de leurs enfants et réussir à survivre, maintenant elles arrivent dans un pays à la langue incompréhensible, sans savoir pour combien de temps et sachant qu'elles doivent recommencer. Des femmes fortes qui reflètent sur leur visage la fatigue, l'incertitude, mais aussi la gratitude et une petite lumière d'espoir au milieu de tant de douleur.
Nous, sœurs et laïcs, avons senti la nécessité d'aller à la rencontre de nos frères et sœurs qui souffrent de la guerre, de prendre le risque, d'« élargir l'espace de notre tente » (Is 54,2), de notre maison et de notre cœur. Nous n'avons pas écouté leurs histoires ni réussi à les consoler de leurs blessures, mais c'était une grâce de les avoir accueillis dans notre maison. Ils étaient particulièrement reconnaissants de pouvoir profiter de la nature, d'être dehors sans danger, de marcher en toute liberté et d'écouter le silence.
Peut-être que ce temps, où la compassion s'exprime par de nombreux actes de solidarité dans les différents pays d'Europe, est un temps où l'Esprit est utilisé pour faire de cette humanité une « nouvelle création ». Où les plus grandes réponses et les plus grands gestes d'amour viennent d'en bas, des gens, et atteignent des endroits auxquels on n'avait jamais pensé auparavant. Parce que, comme Paula nous l'a dit, « si tout le monde aide, à la fin, les mauvaises choses et tout ce qui est mauvais perdent de l'importance et de la force. S'il y a plus de bonnes personnes que de mauvaises, alors le bien gagnera ».
Il y 224 ans depuis que, en 1797, nos fondateurs Sainte Jeanne-Élisabeth et Saint André-Hubert se sont rencontrés dans la grange des Marsyllis. C’était une époque troublée, une époque de persécution, de recherches des profondes racines de la foi, d’embrasser la Croix, symbole de la Vie. C'était un temps de ténèbres où la Lumière a jailli, dans les résurrections constantes qui sont évidentes tout au long de l’Histoire.
224 ans plus tard, la rencontre dans le Marsyllis continue à nous interpeller de manière directe : la valeur de l'humilité, une attitude proactive pour la rencontre, le chemin de la convergence, chercher et recevoir la Nourriture pour être nourriture pour les autres, en bref, l'image des Marsyllis nous invite aujourd'hui à revenir à l'important, à l'essentiel, au noyau, à la source : se rencontrer pour rencontrer Celui qui est et sera toujours "le Chemin, la Vérité et la Vie".
Cette grange et ce qui s'y est passé peuvent nous enseigner et nous guérir aujourd'hui.
Aujourd’hui nous bâtissons, vivons, en savourant un nouveau Marsyllis, à la lumière de l’Évangile et du Charisme : la rencontre et la convergence de la vocation religieuse et la vocation laïque dans la Famille Filles de la Croix, une réalité toujours en construction qui insuffle joie et espérance et qui exige d'avoir les yeux, les bras, l'esprit et le cœur grands ouverts pour être dociles à l'Esprit Saint.
Encore, je me souviens d’un certain dimanche du printemps 2017 quand j’ai reçu l’appel de la Supérieure Générale, Susana Felice, m’invitant à participer à une nouvelle équipe de travail : le Comité International Laïques-Sœurs (CILS). J’avais aucun doute, et j’ai répondu avec conviction : « SÍ » Bientôt la Supérieur Provinciale, Asun Arbonies (qu’elle repose en paix), m’invitait à une célébration d’envoie avec les soeurs d'Egiluze, maison régionale. En communauté, sœurs et laïques. Laïques et sœurs. (« Pour qu’ils ne fassent qu’un, » Jean 17, 22). Une nouvelle étape, un temps d’espérance! Mettons-nous au travail !
La première rencontre en présentiel (face à face) du CILS a eu lieu en juillet 2017, dans la communauté du collège de la Rue de Sèvres à Paris. Ici j’ai rencontré les membres de notre équipe : Florence Davost (FR), Pietro Biavaschi (IT) et Sœur Marie-Paul Dossat. Nous avons été accompagnés par le Conseil général et accueillis, avec simplicité et affection, par les sœurs de la communauté.
À cette première rencontre nous avons établi notre ‘Feuille de route’ et la voie à suivre pour la construction de la Famille Filles de la Croix. Cette rencontre signifiait aussi un nouveau Marsyllis ! En 2018 nous avons eu une rencontre à Paris, et en 2019 à Chiavenna.
La vision de notre équipe était fixée sur l’assemblée Laïques-Sœurs, qui devait avoir lieu à La Puye l’été de 2020, avec l’objectif de travailler un Livre de Vie. Cependant, la pandémie du coronavirus a changé tous les projets : un temps nouveau, sombre, qui aussi nous offre l’occasion de gagner du temps, renforcer et approfondir le travail à travers plusieurs rencontres télématiques, en vue de l'Assemblée qui, si la situation le permet, aura lieu en aout 2021. Un temps d’adaptation. Passage des difficultés aux opportunités.
De 2017 à aujourd’hui, et à l’invitation de CILS, plusieurs groupes laïques et sœurs, avons réfléchi, médité, approfondi et découvert ce qui nous unis : l’Évangile et le Charisme de nos fondateurs. L’Évangile et le Charisme créent des liens et des ponts au sein des groupes et des communautés, mais aussi entre pays et même entre États et vocations (religieuses et laïques). Des cœurs individuels qui forment un seul Grand Cœur.
Au cours des années 2017-2018 nous avons concentré sur LA PRIÈRE : qu’est-ce que c’est, comment c’est, elle nous aide comment, elle nous appel à quoi? En quoi et comment la prière de Jésus nous enseigne et nous guérit? En quoi et comment nous enseignent et nous guérissent les prières de Saint André-Hubert et Sainte Jeanne-Élisabeth ? Quelle forme et quel poids ont nos prières quotidiennes ?
Durant le parcours suivant, 2018-2019, nous avons eu l’occasion de découvrir que c’est une FAMILLE SPIRITUELLE à partir de la vocation personnelle de chacun d’entre nous. Pourquoi désirons-nous bâtir une famille spirituelle? Quelles caractéristiques devra-t-elle avoir? Qu’est-ce qui nous unis? À quoi nous appel Jésus de façon individuelle et en tant que Famille?
Le troisième thème sur lequel nous avons travaillé, en 2019-2020 fut celui de la MISSION : Que nous enseigne Jésus de sa mission? Quel exemple nous a donné la mission réalisée par sœur Maria Laura? Quelle est notre mission personnelle? Quelle est la mission de la Famille Filles de la Croix?
En même temps, nous avons eu l’opportunité de réfléchir, de façon individuelle, sur notre RÉPONSE PERSONNELLE à ce projet de vie : Comment ai-je voulu appartenir à la Famille Filles de la Croix? De quoi aurais-je besoin pour vivre cette appartenance? Qu’est-ce qui m’aiderait à la vivre?
Ce chemin nous le marchons tous, ensemble, surmontant les distances, les cultures, les langues, la pandémie… En confinement complet, l’équipe du CILS avons travaillé plusieurs documents reçus, et avons constaté la profondeur des contributions, des réflexions et des sentiments; comme une soif de continuer à cheminer ensemble. Union dans la diversité! Une grande joie! Maintenant les groupes et les communautés avons l’occasion et le cadeau de pouvoir travailler, savourer, réfléchir sur le document de travail remis aux déléguées des différents pays.
En 1707 ou en 2021, en temps sombre, brille la Lumière comme au Marsyllis.
En ce temps de pandémie, où la rencontre, l’union, la relation et la proximité sont tellement diminuées, nous pouvons dire clairement et à haute voix :
La Famille Filles de la Croix vie un nouveau Marsyllis!
Lander Ugartemendia
Partager en peu de lignes l'histoire et l'esprit de la communauté de Villabona qui a commencé son voyage en 1904, est un peu difficile à faire - pour ne pas dire impossible - mais je le fais par respect pour toutes les sœurs qui se sont dévouées dans cette municipalité et pour toutes les personnes qui ont eu confiance - et ont confiance - en elles. Avec l'intention d'accroître notre esprit de famille par la connaissance - mutuelle si possible - voici ce texte.
Le premier détail important est qu'en 1903, en France, il est interdit aux congrégations religieuses d'enseigner. Pour cette raison, de nombreuses congrégations sont parties pour s’installer dans d'autres pays et nos sœurs en France ont été envoyées dans différents pays.
En 1904, plus de vingt communautés ont été ouvertes dans des petites villes d'Espagne. Dans ce contexte, la ville d'Amasa a demandé la présence des Sœurs d'Ustaritz car elle souhaitait avoir une éducation catholique pour ses enfants et ses jeunes.
Le maire de Villabona a lui-même demandé une autre communauté de Filles de la Croix pour l'enseignement, en bas du village en leur donnant sa propre maison pendant douze ans jusqu'à la construction de l'école de San José. C'était un très bon geste de sa part. Il y a donc deux communautés d'enseignement à AMASA VILLABONA qui sont dans une seule et même municipalité.
Au fil du temps, la mission des sœurs s'est ouverte, car le conseil municipal leur a demandé une communauté pour s'occuper de l'ancien asile de Villabona. Elles y ont commencé leur présence le 14 février 1948 avec Sœur Josefina et Sœur Pilar Ángeles. Et jusqu'en 1962, date de la fermeture d'Amasa, il y avait trois communautés de Filles de la Croix dans la ville.
Dans les années 1960, il y a eu beaucoup d'émigration dans les environs ; de nombreuses personnes sont venues travailler dans les industries du papier, du textile et de la métallurgie, qui étaient les industries de la ville. Pour cette raison, la ville s'est développée et, par conséquent, il y a eu beaucoup d'enfants et l'école est devenue trop petite. Face à cette situation, les Sœurs ont abandonné leurs chambres, la salle de communauté, la chapelle et toute la maison pour agrandir les classes et ont acheté l'appartement en 1969 pour que la communauté puisse avoir un endroit où dormir car ils passaient la journée à l'école, et c'est dans cet appartement que la communauté actuelle est installée.
En 1973, la loi sur l'éducation de Vilar Palasí a étendu les années obligatoires d'éducation à 16 ans et comme il n'y avait pas de possibilités dans l'école par manque d'espace, face à cette situation, et parce que dans les grandes villes il y avait aussi beaucoup d'émigration et les écoles d'Errenteria, Zumárraga et Bilbao ont été étendues, les communautés des petites villes ont été affectées par la fermeture par manque de possibilités d'enfants et d'espaces et parce que le personnel était nécessaire dans ces centres étendus.
À Villabona, il y avait une école paroissiale qui proposait le baccalauréat aux enfants.
On en profita pour faire une éducation mixte entre les filles de notre école, les enfants du centre paroissial plus un petit jardin d'enfants qui était aussi naissant, et entre les trois se forma l'IKASTOLA du Sacré-CŒUR DE JÉSUS en charge de la paroisse. Et elle a aussi absorbé les sœurs qui étaient quatre dans l'Ikastola. La dernière à prendre sa retraite a été Sœur Justa en septembre 2004.
Juste en septembre 2004, nous avons célébré le centenaire des Filles de la Croix à AMASA- VILLABONA avec la présence de nombreuses sœurs qui avaient consacré leur vie à ce service aux personnes.
Dans de nombreuses autres municipalités où nous étions dans de petites écoles, celles-ci ont également dû être fermées et avec cela la présence des Filles de la Croix a été perdue. Mais à Villabona, elles ont continué à être là à cause de leur mission dans la résidence, où nos sœurs étaient jusqu'en 2004.
Depuis cette année-là, les sœurs, en plus de leur présence religieuse, se sont engagées dans la Pastorale de la santé, le groupe paroissial se rendant dans les deux maisons de retraite pour l'accompagnement spirituel des résidents et s'occupant de ceux qui le souhaitent et qui sont à leur domicile. Elles étaient également impliqués dans la paroisse avec la liturgie et en tant que ministres extraordinaires de l'Eucharistie.
Après un intervalle d'un an et demi sans la présence de sœurs, la communauté est toujours vivante avec Jone, Maria Rosario et Inma. Elles avaient l'habitude de rendre visite aux personnes dans les deux maisons de retraite mais, actuellement, avec le covid 19, ils ne peuvent pas le faire. Ils continuent à rendre visite aux familles, mais moins souvent.
Maria Rosario fait partie du groupe Caritas, où elle se réunit toutes les deux semaines. Il y a beaucoup de gens du Nigeria, du Maroc et du Sahara. Elles les aident surtout dans la documentation et la gestion bureaucratique, car elles sont en contact étroit avec l'assistant social et le conseil provincial de Gipuzkoa.
Inma est dans le « Nagusi Iaun », qui est un groupe d'attention au citoyen et dans lequel elle est depuis de nombreuses années.
Et Jone est en « Fraternidad Molante », rendant la Congrégation présente au milieu des Laïcs, où ensemble nous formons notre Famille Filles de la Croix.
Mais avant tout, la mission principale de cette communauté est la présence de la Vie Consacrée - de manière plus concrète, la présence des Filles de la Croix - parmi les gens.
Merci de vous ouvrir chaque jour à l'action de l'Esprit qui vous parle à travers la réalité de Villabona.
Amaia Muñoz
Actuellement, dans la Vallée de Karrantza, les Sœurs vivent dans un immeuble, mais à l’origine de cette communauté, il y avait la maison paroissiale comme réponse à l’appel de l’Évêque.
Marivi Vadillo, Consuelo Izquierdo et Maria Luisa Izura accompagnaient avec le curé les quatorze paroisses – si je ne me trompe pas – dispersées de cette vallée.
C’est important de tenir compte que nous parlons d’une zone rurale, une vallée et ses montagnes, où nous avons besoin d’une voiture pour pouvoir se déplacer. Sans moyen de locomotion, c’est difficile de pouvoir mener à bien la mission à cause des distances physiques qu’il y a entre les différentes paroisses.
Les Sœurs avaient une réunion hebdomadaire pour organiser les différents engagements qu’il peut y avoir dans une paroisse : célébrations, catéchèse, Secours Catholique. Tous les quinze jours, elles participaient à une réunion régionale avec les prêtres de la zone.
Comme c’était impossible de célébrer l’Eucharistie dans toutes les paroisses de la vallée, on y allait par alternance, et les Sœurs se chargeaient d’animer la Célébration de la Parole chaque paroisse où le curé ne pouvait pas le faire.
Quelques années après, Angelita Baztàn est arrivée. Comme elle le dit, les engagements étaient déjà bien organisés et sa première mission fut de conduire en voiture les Sœurs jusqu’à leurs lieux d’engagements.
Plus tard, Maria Luisa Izura fut intégrée à la communauté de Irùn à cause de ses problèmes de santé.
Ce fut un temps d’un travail intense vécu avec joie, mais après 16 ans, l’organisation paroissiale expérimenta un changement et les Sœurs ont déménager pour aller vivre dans un immeuble et mener à bien une mission différente.
Quelques temps après, Consuelo Izquierdo a été affectée à Limpias, après la mort de Teresa Lopez, et avec les distances, elles formèrent une seule communauté, partageant quelques réunions et réflexions, célébrant ensemble les dates spéciales tantôt de foi, – les liturgiques –, tantôt de la vie, – les anniversaires -. Elles partageaient la même mission même si c’était en lien avec des personnes différentes.
À Karrantza, jusqu’à il y a peu de temps, Marivi continuait à animer la Célébration de la Parole. Les visite aux gens se poursuivent sur un mode informel : « l’engagement de l’écoute », si important même si souvent nous ne sommes pas conscientes de cela. Seulement, nous nous rendons compte de sa valeur quand les gens avec qui nous pouvons parler, nous manquent où après avoir vécu cette expérience de converser avec une personne de confiance qui transmettent empathie, amour…
Je termine en disant merci à Marivi et à Angelita, et en me souvenant aussi Isabel et Consuelo, - dont nous avons partagé le témoignage dans le premier Bulletin – y qui font partie de leur communauté actuelle avec de la distance.
Continuez à transmettre le message évangélique, avant tout par ce que vous êtes, donnant témoignage de la joie de vivre avec Dieu et pour Lui, avec la simplicité de vos vies.
La Mairie de Fuenmayor (en Rioja – Espagne) avec le consensus des trois groupes politiques avec une représentation dans le conseil, a proposé de dédier une rue de la localité à une personne qui durant plus de 60 ans a réalisé un grand travail à Fuenmayor.
Le Maire de Fuenmayor signera la semaine prochaine la résolution qui certifie qu’une des neuf rues de la localité changera de nom pour s’appeler « Rue Sœur Natividad ».
Sœur Natividad est arrivée au collège des Filles de la Croix en 1954 et demeura là pas moins de 64 ans jusqu’à l’année 2018 où, déjà âgée de tant d’année et dans un état de santé délicat, elle fut envoyée à la Maison Provinciale de l’ordre à Irún où elle mourut peu après à 97 ans.
Durant toutes ces années, elle s’est dédiée à l’éducation de générations de filles et garçons laissant un souvenir indélébile de sa personnalité.
Elle s’est donnée aussi à beaucoup d’autres activités, visitant les malades et les personnes âgées, transmettant le catéchisme, aidant le curé dans l’église, et tous ceux qui avaient besoin à Fuenmayor. « J’ai beaucoup aimé Fuenmayor et tout le monde. Pour moi, il a été mon village et ma vie. Je ne sais pas comment dire merci à ce village que j’ai tellement aimé », dit-elle en disant au revoir.
Maintenant, c’est le village qui veut se souvenir de son travail et perpétuer sa mémoire en lui dédiant une rue à côté de la garderie pour que les enfants, sa grande passion durant toute sa vie, n’oublient jamais cette personne qui a tant enseigné à leurs parents et grands-parents.
À la prochaine avec la nouvelle rue.
Les Sœurs de Fuenmayor
A Madrid, nous sommes dans l'œil de l'ouragan de cette terrible pandémie dont peut-être, inconsciemment, nous pensions nous débarrasser parce que nous avons entendu dire que nous avions un excellent système de santé et que le virus n'était pas plus mortel qu'une grippe, mais voici le moment de vérité et nous voyons que les infections augmentent à un rythme exponentiel, que les décès se multiplient... que le système de santé déborde et que nous sentons notre vulnérabilité...
L’état d’alarme nous a obligé de rester enfermé(e)s… Comme Lazare, nous sommes tous/toutes morts et enterrés dans les maisons, et nous commençons à sentir que notre ami Jésus est loin… Ne serait-ce pas notre confort, notre arrogance qui nous a fait nous éloigner de Lui ? Nous ne l’avons pas vu dans les derniers, dans les pauvres, dans les prisonniers, dans les personnes sans logement, sans travail, sans ressources… Nous nous sommes inquiétés de nous-mêmes, de notre sécurité, de nos petits problèmes et oubliant de soigner l’essentiel.
Cette situation nous oblige à toucher notre vulnérabilité et à valoriser ce qui importe vraiment, à vérifier que nous avons besoin de tous…
L’Europe, l’orgueilleuse Europe qui était en train de perdre ses valeurs, commence à vérifier que nous naviguons tous dans la même barque, que a planète Terre est certainement un village global et que nous ne pouvons mettre aucune barrière sur le terrain…
Si on nous a dit de beaucoup de manière que nous sommes arrivés à un changement d’époque plus qu’à une époque de changements, et bien, cette fois, ce virus vient nous enseigner quelque chose de la signification de ce changement d’époque.
Et comme le dit Koldo Aldai : «Espérons que toute cette crise représente un tournant qui impose un « avant » et un « après », la fracture avec tout ce qui est caduque ou ce qui est la même chose que l'ancien, le séparé, le non-solidaire ... L’erreur majeure serait de ne pas profiter de cette précieuse crise pour faire un grand saut dans notre conscience collective… que les distance ne tomberont pas ; que, après avoir vécu la lugubre séparation, les cloisons les plus solides ne s'effondreraient pas ; que les frontières de tous ordres ne disparaitraient pas ».
Nous sommes en train de vivre la quarantaine du Carême (ce sera pour quelque chose). Le confinement nous invite au recueillement, au silence et bien que nous n'interrompions pas toutes les activités, nous continuons, dans la mesure du possible, la vie ordinaire à la maison et, par téléphone, nous essayons de nous occuper de ceux qui ont besoin de nous, ce que nous ne pouvons pas assister en personne, mais que nous pouvons écouter, animer et leur indiquer où ils peuvent se procurer nourriture et produits essentiel pour leur besoins basiques… Nous pouvons dédier plus de temps à la prière, à la lecture et comprendre que nous sommes privilégiées parce que, au niveau matériel, nous ne manquons de rien, parce que nous avons des sœurs, des gens qui nous aiment et nous soignent… et surtout, parce que nous savons que notre DIEU est AMOUR et VIE, qu’il s’est fait l’un de nous et qu’il est RESSUSCITÉ.
C’est pourquoi, nous espérons que ceci aussi passera et nous retournerons à la normalité mais nous ne voulons pas que ce soit la normalité de la guerre en Syrie, ni celle des camps de réfugiés, ni celle des bateaux qui coulent en Méditerranée... Que ce ne soit pas la normalité d’un monde injuste où beaucoup meurent de faim tandis que d’autres gaspillent.
J’espère que cette crise engendre les douleurs d’un accouchement
qui mène à la naissance d’un nouveau monde… Alors nous pouvons dire :
BÉNIE SOIT-ELLE !
S. Maite Heredia, Hijas de la Cruz
Nous sommes venues dans cette région de La Rioja, pour connaître la communauté des Filles de la Croix et pour goûter sa gastronomie. Profitant de la journée festive, nous avons commencé par l'Eucharistie à la paroisse, puis nous avons continué avec le déjeuner, pour finir en milieu d'après-midi par une entrevue avec les sœurs. Nous vous partageons ici leurs paroles, leur expérience, leurs anecdotes... Nous espérons que vous apprécierez !
Présentation des sœurs.
Elena Martín. Elle est dans cette communauté depuis 2012.
Esperanza Lasanta. Elle est là aussi depuis 2012.
Villar del Guayo. Elle était restée dans cette communauté du 1967 à 1975 et y est revenue depuis 2012.
Felisa García. Elle vient juste d'arriver en 2019.
Quand est-ce que les Filles de la Croix sont arrivées à Fuenmayor... ?
En 1917.
Quelle était leur mission à l'époque ?
Petra Fernández Bobadilla demanda une communauté religieuse dans le village, pour enseigner la religion aux enfants. La maison actuelle appartenait à cette dame et elle en fit don aux sœurs afin qu'elles puissent commencer leur tâche d'enseignement aux enfants.
Comment la communauté a-t-elle évolué ?
Peu à peu, l'école s'est développée, à la fin des années 40, il y avait l'école et des ateliers de couture. Les cours étaient donnés jusqu'à l'âge de 14 ans et les classes étaient composées d'enfants d'âges différents. Lorsque les autorités ont demandé que les classes soient divisées par cours et par âge, ce n’était pas possible de continuer : le manque de religieuses, d'une part, et le manque d'élèves, d'autre part, ont conduit à la fermeture de l'école. Elles sont revenues à leurs activités d’école maternelle.
Aujourd’hui, quelle est leur mission ?
"Le bénévolat", "Nous faisons tout" ... Nous disent les sœurs...
“Dans la paroisse, ouvrir et fermer les portes, participer à la liturgie lorsqu'il y a une fête, afficher les images, les bougies, la célébration de la parole lorsqu'il n'y a pas de prêtre, etc.”, nous raconte Elena
De plus, depuis 25 ans, il existe un atelier de couture où on prépare des vêtements pour les missions en Afrique, en Argentine... Les Sœurs fabriquent des vêtements avec plus de 30 personnes du village qui travaillent sur ce beau projet.
Un autre engagement aujourd'hui est celui de la Caritas, où elles participent activement en donnant des cours d'alphabétisation pour étrangers et un atelier de couture pour apprendre à coudre.
Comment la population est-elle avec vous ? Comment vous sentez-vous ici !
“Les gens sont très accueillants et ne font aucune distinction entre les religieuses, ils sont très proches.” Elles sont très à l'aise avec les gens. Les gens reconnaissent le grand travail des Sœurs, qui, comparé à d'autres villages, a permis la création d'une école pour une meilleure formation des enfants. Elles se sentent très bien accueillies. Le centenaire a été une grande fête pour tout le village.
C'est la seule communauté des Filles de la Croix de La Rioja et le diocèse reconnait la force de cette mission... Comment la vivez-vous ? Comment participez-vous à cette mission ? Voyez-vous cela comme quelque chose de positif ?
“Oui, c’est la Mission Euntes” C'est la troisième année et le thème est : "Ta vie est mission".
Lorsqu'on leur demande comment elles vivent cela, elles nous disent qu'elles sont les seules à travailler le matériel qui leur est donné dans les réunions, elles voient très peu de participation. C'est sans doute une bonne chose que ces initiatives existent, mais avec une si faible participation, il devient difficile d’avancer. On leur demande également comment attirer les jeunes à l'église. Les jeunes disparaissent de la sphère ecclésiale, c'est compliqué...
Comment voyez-vous le futur ?
“Nous continuerons à faire ce que nous pouvons”. “Renforcer les relations entre nous, faire famille dans la communauté.” Que diriez-vous à un jeune qui est à la recherche de Dieu ? “Qu'il tombe amoureux du Christ” “Ce qu'ils font dans une ONG, c'est ce que Jésus a fait” “ Venez et voyez ”
“ On attire plus par l'exemple que par les discours. ”
“Nous faisons de tout.”
(Rédaction et photographie : Bixen Vergara)
A la fin de l’année 2019, une nouvelle réunion de la Fraternité Molante a eu lieu à Egiluze. Une rencontre de famille, avec des moments de travail et de rire. Le samedi matin, le désert nous a offert un temps de réflexion et de méditation. L'après-midi, les tâches proposées par le Comité International des Laïcs nous ont maintenus dans la concentration.
Avec des moments de prière, tant le vendredi que le samedi soir, la rencontre a été très enrichissante pour tous. Les rires, bien sûr, étaient bien présents, comme d'habitude après la prière du samedi soir : cette bonne humeur nous aide à affronter les complications de la routine quotidienne. Qu’il est important de garder la bonne humeur !
Marcher sur cette route ensemble, en famille et avec la Famille Filles de la Croix. Relever les défis en nous aidant les uns les autres. C’est quelque chose de grand et une raison de célébrer sans aucun doute. Allons de l'avant avec nos lanternes !
Le 11 octobre, fête de Notre Dame de Begoña nous avons célébré à Sestao les 50 ans de vie paroissiale dans l’Eglise née de la chapelle des Altos Hornos de Vizcaya, où les Frères de la Salle et les Filles de la Croix ont enseigné et éduqué les fils et les filles des travailleurs de l’entreprise. Mais la fameuse chapelle répondait à une vocation très ouverte et est devenue ensuite une paroisse.
L’Eucharistie fut présidée par le Père Kerman, vicaire épiscopale de la zone, accompagné par le Père José Antonio, prêtre natif de Sestao et par le Père José Marie Delchaux qui est actuellement à Sestao et qui a toujours eu de bonnes relations avec les Filles de la Croix.
Dans son homélie, ils ont rappelé beaucoup d’évènements de l’histoire vécus dans ces 50 ans et même avant. Et nous avons rendu grâce à Dieu pour toute la vie, pour toute la pastorale, pour toute l’insertion dans le diocèse et surtout dans ce village simple et travailleur qu’est Sestao, ainsi la vocation de la chapelle est applicable à tout ce village qui a accueilli tant de personnes venues des différentes régions de la Péninsule. On se souvient de tant de personnes : prêtres, religieux et religieuses, laïcs engagés et aussi des personnes non croyantes mais de la mouvance de la spiritualité, qui ont rendu possible la vie et l’œuvre réalisée dans ses années.
C'est heureux de voir comment la vie pastorale, la mission d’enseigner sont toujours vivantes et nous tiennent présents dans l’affection et la prière bien que cela fait quelques années que les sœurs ont quitté Sestao. Nous remercions le Seigneur de la vie et de l'Histoire et tous ceux qui ont rendu possible cette célébration.
Maite Heredia
La communauté de Los Arcos est actuellement formée des sœurs Maria Pilar Artazcoz, Nekane Alkain, Nati Josué, Teresa Miguel y Milagros Asensio.
La communauté a ouvert ses portes le 24 juin 1979.
Les débuts furent à un moment politique assez difficile. A la Mairie, il y avait des gens qui avaient voté pour que les Filles de la Croix ne viennent pas là.
Encarna Sanz allaient dans les écoles pour faire la catéchèse. La maison était une maison d’accueil totalement ouverte du matin au soir et les gens venaient prier Saint André. Après la classe, les enfants venaient faire leurs devoirs, des comédies, etc., et pendant les vacances, ils faisaient des dessins et de la peinture. Un groupe d’enfants formaient une chorale. Elles accueillaient aussi des immigrants et elles leurs apprenaient à lire et à écrire. C’était une maison vraiment ouverte pour eux mais aussi aux familles des sœurs qui voulaient y passer l’été.
Milagros pratiquait dans quatre villages.
C’était un moyen pour elle d’évangéliser et de se laisser évangéliser par ces gens simples et bons.
Aujourd’hui, les Sœurs visitent les malades, accueillent les pèlerins, participent à la liturgie de la paroisse et à la catéchèse. En temps de Carême, un groupe de personnes monte quotidiennement au Calvaire en priant le chemin de Croix comme le faisait en son temps notre Saint André. Elles collaborent à la célébration de la Parole et vont porter la communion aux personnes âgées. Quelques personnes viennent à elles quand elles doivent partir de chez eux pour quelques affaires et quand ils n’ont personnes à qui confier leurs malades. La Sœur Teresa travaille bénévolement à la maison de retraite : travail manuel, sorties avec les grands-parents et elle organise ce qui est attendu des autres bénévoles. Elles participent aussi dans un groupe de la Parole : écoute de la Parole, partage et prière à partir de Celle-ci…
Profitant de l’été, nous sommes allés visiter les Soeurs de Limpias (Cantabria) pour connaitre un peu plus leur histoire. Les Filles de la Croix sont présentes dans ce village depuis 1861 et aujourd’hui, les Soeurs sont Soeur Isabel Galindo et Soeur Consuelo Izquierdo. Depuis les débuts, elles se sont dédiées à l’enseignement, surtout celui des filles les plus pauvres. Les Filles de la Croix sont venues là car des messieurs demandaient des religieuses pour les soigner. C’est ainsi que la maison est restée propriété des soeurs et deviendra bien plus tard un collège. Les soeurs participaient activement aux activités scolaires et extrascolaires organisant des fêtes pour le village, donnant la catéchèse aux enfants, etc… Le 21 juin 2000, le collège a fermé ses portes et le bâtiment a été vendu au gouvernement de la Cantabria pour devenir aujourd’hui une maison de personnes âgées. Nous avons pris l’habitude d’aller les visiter et de leur porter la communion, de répondre aux besoins et de participer aux activités de la paroisse. C’est le travail que nous faisons maintenant. Chaque époque a eu son évolution : avant, nous organisions des excursions à Lourdes, à Fatima et dans d’autres lieux encore. Les gens se souviennent avec tendresse de cette époque, mais aujourd’hui, notre mission est toute autre.
La fête du village est le jour de l’Exaltation de la Croix qui se célèbre par un Triduum. La dévotion au Christ de Limpias est très enracinée dans le village. Beaucoup de gens viennent aussi d’ailleurs tout au long de l’année. Actuellement, les soeurs aident à la paroisse. Elles font partie du conseil paroissial, font des visites aux malades et à la résidence des personnes âgées qui autrefois fut leur collège. Pour l’instant, elles continueront à maintenir le témoignage en restant proche du peuple. Ainsi les gens qui ne les connaissent pas pourront les connaitre.
Le 6 juillet de cette année fut une très bonne journée durant laquelle nous avons pu vivre une rencontre sœurs et laïcs dans ce désir de marcher ensemble dans la recherche de ce que nous
appelons FAMILLE FILLES DE LA CROIX.
Cette rencontre fut pleine de joie et d’espérance. Avec la certitude que l’Esprit Saint dynamise son Église et notre Famille, nous pouvions sentir une nouvelle Pentecôte. Susana nous a dit ce que nous allions faire : rien d’autre que de « nous connaître un peu plus », et de partager le lieu de chacun, ses expériences et ses particularités, donnant sa propre vie, tous, en vivant le charisme de l’enseigner, guérir et faire toute sorte de bonnes œuvres. C’est là que nous sommes unis par le baptême. Nous avons parlé du futur, de notre regard, de comment nous rencontrer et aller à la rencontre des autres en donnant des réponses comme le firent nos fondateurs. Si je devais résumer cette rencontre, je le ferais avec le Psaume 125 « Le Seigneur a fait de grande chose avec nous et nous sommes dans la joie. »
Avec cette joie et par l’intercession de Saint André et Sainte Jeanne Élisabeth, donnez-nous le courage de risquer notre vie pour porter l’Évangile à tous.
6-7/10/2018
Après l’été, le commencement de l’année scolaire a occasionné cette rencontre. Et pour l’avoir, nous avons choisi un lieu très particulier pour la Congrégation de Filles de la Croix : Los Arcos.
Nous sommes arrivés, chacun à son rythme et nous nous sommes installés à la maison de Saint André. La rencontre fut très familière, et tous nous nous sommes sentis chez nous. L’accueil de la part de la communauté fut très chaleureux et très aimable en tout temps.
Dès notre arrivée, après le partage des dernières nouvelles, nous avons commencé le travail. Quelques thèmes le matin et d’autres dans l’après-midi nous ont aidés pour la réflexion et pour choisir le chemin que nous voulons parcourir, les pas que nous voulons faire et vers où nous voulons aller.
Après le travail, vers 18:30, nous sommes sortis vers la route du Chemin de Croix. Nous avons pris le chemin et la prière que Saint André faisait tous les jours qu’il est resté dans ce village.
Malgré le vent et un troupeau de brebis qui a envahi le chemin, nous sommes arrivés à la petite église. Ce fut un moment de lecture alterné avec du silence. Un moment pour la réflexion et pour nous motiver pour le chemin à suivre.
Le dimanche, après une mise en commun, nous avons fixé les dates pour les rencontres suivantes, puis nous avons partagé l’Eucharistie avec le peuple de Dieu.
Nous avons terminé la rencontre par un savoureux repas en compagnie des soeurs. Quel délicieux désert !
Merci beaucoup à la communauté de Los Arcos pour leur accueil !
La célébration de l’Eucharistie c’était le centre de la fête de 70, 60 y 50 ans de Consécration dans la Vie Religieuse de nos Soeurs qui ont redit son “Oui” à la suite de Jésus, Lumière du monde, Ressuscité et Vivant dans notre histoire. Elles aussi ont rendu grâces pour la Vie, la Foi reçue comme Don au Baptême et vécue dans la simplicité de la famille et plus tard tous ces années qui ont vécus dans notre « Famille Congrégation » des Filles de la Croix.
Au moment de l’offertoire, les Soeurs ont porté à l’autel des petits bateaux qui représentent leurs vies, et elles ont remercié pour tous les dons reçus tant matériels que spirituels.
Elles ont présenté aussi « Esprit et Vie » et le Dernier Document du Conseil de Congrégation avec le désir de notre recherche régional de ces derniers temps qui nous mène à vivre et actualiser le Charisme dans l’aujourd’hui de l’Église et de la société.
Une photographie de Marsyllis exprime notre besoin de vivre continuellement l’esprit de la première rencontre de Saint André et Sainte Jeanne Élisabeth.
Et à la fin elles ont offert le pain et le vin en prient que le pain matériel ne manque pas dans aucun foyer et non plus la nourriture spirituelle.
1948
Soeur Natividad Sanz
Soeur María Luisa Izura
1958
Soeur Mª Carmen Arribillaga
Soeur Isabel Dañobeitia
Soeur Celia Lasanta
Soeur Natividad Josué
1968
Soeur Tomasita Etxaide
Soeur Mª Rosario Aranzadi