Filles de la croix

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Jean Paul Russeil 

 

Ce n’est pas sans difficultés de lire André-Hubert à la lumière de l’École Française. Quoi de commun entre le Cardinal de Bérulle sous Louis XIII et l’humble curé de Saint Pierre de Maillé au tournant de la Révolution Française ?

Quoi de commun entre la vie à Paris d’un Pierre de Bérulle qui est mêlé à tous les événements de l’histoire religieuse et politique de la France, qui sera fait cardinal deux ans avant sa mort, donc en 1627, et le fond de nos campagnes, chez nous ? A priori, rien.

Quoi de commun entre le siècle de Louis XIII, le XVIIe siècle français, le siècle des mystiques, des saints, pour nous, et ce tournant de la Révolution où ce qui est mis en valeur c’est l’Etre Suprême, la déesse Raison, fruits du XVIIIe siècle?

Cela ne va pas de soi effectivement, ni par la géographie ni par la période historique. Par ailleurs, André-Hubert a d’autres influences spirituelles dans sa propre vie : le fait que sur cette terre du Poitou, il y a, avec Hilaire, une tradition de la confession de foi trinitaire. Hilaire sera le seul évêque à tenir la foi de Nicée, contre tous les évêques, et pour cela il sera exilé.

André-Hubert a donc, devant lui, une belle figure de l’exil, à peu près 4 ans chacun. Il rencontre aussi dans le diocèse, une longue tradition de la Croix ; il y a ici en Poitou une relique de la Croix qui est venue jusqu'à Radegonde ; à cette occasion Venance Fortunat, poète italien venu auprès de Radegonde, a écrit le « Vexilla Regis » hymne encore connu de nos jours, pour l’accueil de la relique à Migné Auxance. Il faut remarquer que c’est aussi à Migné-Auxance qu’a eu lieu, en 1826, l’apparition de la Croix devant 2000 personnes. André-Hubert en fait référence dans une de ses lettres.

Voilà deux thèmes très prégnants en Poitou et qui ne peuvent pas ne pas marquer AndréHubert. De la même manière pendant son exil en Espagne, il se rapproche des Carmes au point de vouloir rentrer chez eux et on peut s’imaginer qu’il avait lu suffisamment Jean de la Croix. On connaît aussi les thèmes prégnants dans la tradition du Carmel.

Voilà comment on peut démêler les fils des différentes influences, ce n’est pas toujours très aisé. Lui-même est marqué par sa propre vie spirituelle et le temps vécu ici n’est pas sans la façonner.

 

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