26 octobre 2024 à Korhogo, jour mémorable pour les sœurs Filles de la Croix qui avec les laïcs proches, ont célébré une Messe d’action de grâce de tout ce que la Sœur Janine SEIN, a pu vivre et partagé en Terre d’Afrique. Au sein de cette terre, la langue de l’amour a lié sa vie missionnaire avec un peuple qui l’a adopté et qu’elle a adopté.
Au cours de la journée, les interventions ont témoigné :
L’âme de la vie missionnaire de Sœur Janine
« Etre témoin de la tendresse de Dieu ». La Prière constante restera l’âme de sa vie missionnaire, car pour elle, la suite du Christ a été toujours un appel à l’imiter, lui l’envoyé du Père pour sauver et guérir le monde. « Guérir », expression même de sa profession d’infirmière. A travers la mission de soigner, elle a su faire écho au Charisme légué par les Fondateurs : « Guérir, c’est imiter le Maître même ».
Les missions vécues
Après Niellé, elle est rendue à Korhogo, où avec les Sœurs Filles de la Croix, elle offre une Maison d’accueil aux personnes atteintes d’handicap mental. Très vite, ensemble, elles ont compris que ces personnes dans leur fragilité sont mises à l’écart. Alors, avec le soutien des laïcs, elles décident de leur offrir un lieu d’accueil, de paix, de tendresse, d’insertion familiale et sociale. Au-delà de la prise en charge médicale, le Centre jubile, a pensé à la réinsertion socio-économique des patients une fois la santé recouverte. Une ferme agropastorale et des ateliers sont désormais mis en valeur par les patients guéris.
« Comme Marie, debout au pied de la Croix, debout au cœur de l’handicap, elle a donné sens à la fragilité, à la souffrance ». Le nom que porte le terrain offert pour l’exploitation agricole relate fort bien ce projet de relever la personne : WOWOYELAA qui signifie langue Senoufo: Mettons les debout !
Tous ces témoignages ont été accompagnés de dons des participants, prêtres, laïcs, congrégations religieuses et naturellement de ses sœurs. Elles lui ont offert un tableau de la Vierge Marie qui défait les nœuds et un sac à main pour contenir les fruits précieux de toutes les graines semées.
Ces expressions d’affection ont laissé un message fort :
Accueillir la grâce de l’Esprit Saint pour pouvoir annoncer Dieu au monde plus par les actes que par les paroles pour être des femmes porteuses de l’Évangile.
Notre communauté de postulat sise à Boniéré plus précisément dans le Diocèse de Katiola est composée de quatre sœurs et de quatre postulantes. Nous allons vous présenter notre vie de formation au postulat. Au postulat, toutes les sœurs participent à notre formation humaine, spirituelle et pastorale. Sur le plan humain : nous avons des activités pratiques. Telles que : Apprendre à faire élevage, être maitresse de maison, faire le jardinage, faire la couture, l’informatique. Sur le plan spirituel : la prière, l’accompagnement, approfondissement des sacrements, le crédo, la bible, Lectio Divina, etc. Sur le plan pastoral : nous faisons la visite des malades, des personnes vulnérables, des personnes handicapés. Nous donnons des cours de soutien aux enfants et aux jeunes du lycée. Nous faisons la catéchèse à la paroisse.
La journée au postulat commence à 6 h 15 par les Laudes et la célébration Eucharistique à la paroisse Sacré-Cœur de Boniéré animée par notre communauté. Ensuite, de retour à la maison, nous prenons le petit déjeuner avant de commencer les activités communautaires. À 8 h, nous prenons notre temps de prière personnelle qui dure 45 min à 1 h. Après ce temps de rencontre intime avec le Seigneur, nous nous préparons pour les cours prévus (9 h à 11 h) qui diffèrent d’un jour à l’autre. À 12 h nous prions le milieu du jour et suivant le déjeuner. Nous faisons la sieste avant de reprendre les activités personnelles ou communautaires ou des cours. Nous avons également des heures d’approfondissement des sessions et des cours. À partir de 16 h 30, nous nous occupons de notre basse-cour, du jardin potager et des fleurs. À 18 h, nous avons la prière communautaire (les vêpres et chapelet ou partage de la parole de Dieu ou l’adoration au Saint Sacrement). Suite à ce temps de prière, c’est le dîner communautaire. Enfin, la récréation communautaire en suivant les nouvelles télévisées. Le mardi la soirée est libre (travaux personnels). La journée se termine par les complies ou la lecture de parole de Dieu en gardant le silence.
Nathalie, Elise, Marina et Evelyne
Disponible pour l’accueil, la communauté de l’Espérance est aussi la maison des jeunes sœurs en formation. Depuis quelques années elle a vécu cette belle expérience des cheminements des jeunes dans l’acquisition des savoirs, des connaissances pour être au service de la mission.
Tout au long des années académiques, la communauté goute la joie de partager le vécu, les découvertes, les discussions. Et cette joie est plus grande lorsque les jeunes arrivent au terme d’une formation. C’est cela que nous avons vécu avec la soutenance du rapport de stage de la sœur Charlotte SANKARA le 10 juin 2021. Elle a passé cette épreuve au CELAF (Centre Lassallien Africain) et plus précisément au sein du département ISVR (Institut des Sciences de la Vie Religieuse). La soutenance avait pour but d’exposer l’objectif d’un stage qu’elle a mené auprès d’un Orphelinat sise à Bingerville, Abidjan, Côte d’Ivoire. Le thème portait sur la transmission d’un langage soigné en vue d’un comportement respectueux. En respectant le temps imposé par le règlement, sœur Charlotte a su relever les motivations de ce choix auprès des enfants. Cette formation pratique exposait-elle, est en parfaite adéquation avec le charisme de la Congrégation des Filles de la Croix : « Représenter la vie de Notre Seigneur Jésus Christ et la simplicité de son Évangile par son esprit, ses mœurs, et ses œuvres»[1] et de rendre le Christ présent et vivant dans notre milieu de vie. Ce charisme qui se résume en deux mots « Enseigner et Guérir » est exprimé par l’amour préférentiel pour les pauvres afin de les aider à se réaliser dans leurs vies de tous les jours. Portée alors par ce désir d’amour pour les pauvres, elle a simplement choisi d’effectuer un stage auprès des orphelins.
Après avoir posé les questions, les membres du jury ont rendu une belle décision. La communauté de l’Espérance communie a partagé la joie de sœur Charlotte après un long et sérieux travail.
Disponible pour l’accueil, la communauté de l’Espérance, l’est aussi pour recevoir l’inattendu. Lors du passage du Nonce Apostolique sur notre territoire paroissial le 13 juin 2021, nous avons partagé en toute simplicité la découverte de chaque Congrégation des alentours. Après cet échange avec Monseigneur Borgia, nous avons visité quelques œuvres des sœurs Servantes Réparatrices du Sacré Cœur de Jésus : centre d’alphabétisation, couture, … Aux environs de 11 heures, la messe a été célébrée. C’est alors qu’à la fin de l’homélie, l’inattendu surgit, voilà que le Nonce dit : prenons comme exemple de vie, la Bienheureuse Sœur Maria Laura Mainetti dont – disait-il – la béatification a eu lieu dimanche dernier à Chiavenna, Italie. C’est une des sœurs de vos sœurs, les Filles de la Croix. Sœur Maria Laura témoignait de la sainteté au quotidien.
Comment ne pas être saisies après des moments pareils ?
Seul le Magnificat de Marie témoigne de notre action de grâce.
Oui, « Mon âme exalte le Seigneur, Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! ».
[1] Congrégation des Filles de la Croix, Esprit et Vie, n° 2, 13.
La rentrée scolaire 2019-2020 a été très difficile au Collège parce que certains de nos professeurs ont intégré la Fonction Publique. Trouver des remplaçant n’a pas été facile car la plupart des établissements privés vivaient les mêmes réalités que nous.
Avec la grâce de Dieu, des professeurs vacataires sont venus nous aider.
Mais en Mars, les cours ont été interrompu du fait de la Covid19. A la reprise des cours dans le mois de Mai, les professeurs se sont adonnés à la tâche avec beaucoup d’abnégation. Ils ont alors pu achever correctement les programmes de la classe de 3ème.
Les nombreux efforts déployés ont porté de beaux fruits, d’excellents résultats qui font ainsi honneur à Saint André-Hubert et à Sainte Jeanne-Élisabeth.
La grande surprise est venue d’une élève de 5ème qui a passé le BEPC en candidate libre et qui a réussi.
Nous rendons gloire à Dieu à qui nous confions notre beau pays de Côte d’Ivoire à l’approche des élections présidentielles.
Mme Nambo Marie-Thérèse
Directrice
Toutes nos activités étaient bien lancées comme partout ailleurs quand la nouvelle de cette épidémie est arrivée jusqu’à nous par les médias. Comment ne pas s’interroger, s’inquiéter quand nos pays d’origine, nos sœurs, nos familles, nos connaissances sont atteintes par ce drôle de virus qui fait remonter le souvenir d’autres virus qui avaient fait tant de victimes en leur temps.
Les premières mesures de l’Etat Ivoirien à la mi-mars ont ramené dans la réalité de notre Région du Poro, au nord de la Côte d’Ivoire, dans notre réalité, l’actualité avec la fermeture des écoles et le renvoi de tous les élèves en confinement à la maison pour éviter la propagation de l’épidémie.
Dans notre communauté Sainte Elisabeth, une question est posée : que faire avec nos structures ? Le Centre Jubilé, accueil de malades mentaux, doit continuer sa mission, le soulagement des malades et de leur famille ne peut pas attendre une hypothétique date de fin de confinement. Pour le Centre des Handicapés Don Orione, il est sûr que les enfants pris en charge en rééducation fonctionnelle et en éducation spécialisée resteront à la maison ou seront pris en charge au CHR de Korhogo car il y aurait un risque trop grand de contamination. Les seuls services qui resteront ouverts avec l’accord des deux personnes qui y travaillent sont l’atelier orthopédique pour l’entretien des divers appareils et des chaussures et l’accueil social qui ne désemplit pas. Des autorités locales ou des personnalités ayant le souci de la survie des personnes, malades ou non, venant jusqu’à nous ont donné des denrées alimentaires de base pour que nous puissions distribuer aux familles dans le besoin. Une grande partie de la population étant dans le travail informel, c’est-à-dire mangeant ce qu’elle a gagné dans la journée ont perdu leur moyen de subsistance avec les mesures prises par le gouvernement et les gens n’ont plus rien à manger et plus rien à donner à leurs enfants !
Alors, en communauté, nous avons opté pour une souplesse dans le confinement et pour une prudence et la mise en place de moyen de protection : lavage des mains et masques lavables en coton double épaisseurs fabriqués par un couturier. Le confinement partiel nous a permis de suivre les travaux de la maison, de travailler à l’ordinateur, et de prendre plus de temps de prière personnelle et aussi communautaire. En effet, cela fait un mois et demi qu’il n’est plus possible de penser les célébrations eucharistiques en paroisse et nous avons été appelées comme toutes nos sœurs à intensifier notre prière pour que le monde sorte de la pandémie et prier avec les malades et leurs familles, avec nos sœurs qui traversent cette Croix et les soignants et les chercheurs qui luttent.
Heureusement, une fois ou deux par semaine, nous avons la chance de vivre la messe dans notre petite chapelle célébrée par un prêtre de la paroisse envoyé par notre curé. Quelques paroissiens se joignent à nous parfois… En ce jour de Résurrection 2020, une femme, rencontrée par notre célébrant du jour priant Marie à la Grotte, est venue vivre l’eucharistie avec notre communauté. A la fin de la célébration, Marie-Lucie s’est levée, en s’excusant pour dire merci tant sa joie était grande. Pour cette chrétienne, anciennement musulmane, cette messe était une bénédiction. Elle ne savait pas qu’elle aurait cette chance et le seul petit billet de 5 000 FCFA destiné à acheter en ce jour de Pâques de quoi partager avec ses proches musulmans, elle l’avait donné comme offrande. Elle était dans l’action de grâce : ce moment était une bénédiction dans toutes les difficultés qu’elle avait à vivre en ces jours !
A notre communauté, ce témoignage reste comme une perle à l’heure où nous voyons monter doucement l’épidémie dans notre pays… Même si l’avenir est incertain, nos projets et programmes chamboulés, avec cette parole, reste comme une espérance : le Seigneur est ressuscité ! Il passe dans notre quotidien !
Sœurs Janine, Giovanna, Denise et Emmanuelle
Le 26 avril dernier, sont arrivées dans le bureau d’accueil social du Centre, deux femmes qui, envoyées par le service social du CHR de Korhogo, venaient chercher de l’aide. En effet, leur sœur venait de décéder une semaine après son accouchement où elle avait donné la vie à 3 petits enfants, des triplés nés prématurément. Wandja, Finin et Lazeni, deux filles et un garçon, avaient vu le jour comme des fleurs, toutes fragiles, qui commencent à s’ouvrir…
L’une des filles avait même une jambe cassée à la naissance au dessus du genou. « C’était un accident », a dit la sage-femme qui a participé à l’accouchement. Heureusement, leur tante s’était engagée à devenir leur nouvelle maman pour qu’ils puissent grandir… Mais les enfants, trop petits (autour d’un kilo) étaient restés à l’hôpital au service de néonatalogie pour, nous l’espérions, prendre un peu de poids.
Alors, avec Alphonse, notre coordinateur extérieur, nous avons mis en place ce soutien aux enfants et à la famille : prise de contact avec l’hôpital, achat des biberons, du lait, des couches, des médicaments, des vaccins et… du nécessaire de protection contre le Covid19 pour les soignants travaillant auprès de nos trois petits. L’urgence était qu’ils survivent et soient vie de leur maman pour ceux qui les entourent.
Alors nous sommes allés à l’hôpital, faire connaissance avec les enfants, voir comment et quand, la petite Finin pourrait être soignée de sa jambe cassée et nous assurer que ces trois enfants seraient bien soignés. Après avoir commencé par maigrir, à force de soins, les petits ont repris un peu de poids même si Lazeni, le garçon, restait à un seuil critique. La jambe de Finin a fini par être immobilisée : au moins, elle souffrait moins, même si nous ne savons pas bien quelle position son fémur a pris !
Et au bout d’un mois, les petits triplés sont sortis de l’hôpital. Ils avaient pris 400 grammes et donnaient de bons signes. Alors la maman est venue au Centre, accompagnée de deux autres femmes pour nous montrer les enfants et avoir de quoi les nourrir et prendre soin d’eux. Ils étaient petits mais tellement beaux, ouvrant peu à peu leurs yeux au monde…
La maman est venue une seconde fois la semaine dernière en rentrant d’un contrôle à l’hôpital. Elle venait de recevoir des « kangourous » offert par l’Unicef pour porter les bébés en toute sécurité et nous a proposé de les essayer. Une amie italienne voyant la photo, a écrit : « vous êtes des couveuses humaines !»
Mais la vie est fragile… Comme une fleur qui essaye de s’épanouir, un grand coup de vent et elle tombe et se fane. A la veille de Pentecôte, Lazeni, avec une poussée de fièvre, est passé sur l’autre rive et a rejoint sa maman… C’est un ange de plus dans le ciel !
Mais l’histoire n’est pas finie. Wandja et Finin sont là qui doivent grandir ! Leur maman compte sur nous pour faire face. C’est grâce aux dons des bienfaiteurs que nous pourrons les soutenir.
Car ces fleurs ont rejoint le bouquet de nombreuses fleurs déjà dans notre jardin. Wandja et Finin ont rejoint Alassane, Fousséni, Nonlourou, Eléakim, Korotoum, Espérance et tant d’autres…
La vie appelle ! Ces deux fleurs s’épanouiront, nous l’espérons !
Et à nous, La charité nous presse !
Soeur Giovanna et Soeur Emmanuelle
Dans le cadre de la pastorale des jeunes et vocations, notre diocèse de Katiola en Côte D’Ivoire organise chacun année des rencontres de jeunes pendant le temps fort de l’Église. Pour cela, notre paroisse a invité les jeunes à vivre un pelé-jeunes en ce temps de carême pour témoigner leur choix pour le Christ. Là, les jeunes sont venues des quatre coins de la paroisse pour se rencontrer dans un village (Sourkoudougou) situé à quatre kilomètres de la paroisse. Pour bien vivre ce temps de pèlerinage nous avons réparti les jeunes en plusieurs groupes de trente personnes, pour permettre une bonne participation à la réflexion des sous-thèmes ainsi que le chemin de croix proposé par l’équipe d’organisation. Pendant la marche, il y a eu le chemin de croix et des moments de pause pour que chaque groupe prenne un moment de réflexion pour répondre aux questionnaires tirés dans le message du Pape pour le carême. Les jeunes ont été accompagnés par l’aumônier des jeunes, le Père Armand Touré, la Conseillère, Sœur Clémentine Tapsoba avec sœur Adèle Rouamba. Nous avons eu des volontaires (professeurs du lycée) qui se sont proposés pour nous accompagner.
À notre arrivée au lieu d’accueil, la communauté chrétienne et les catéchistes titulaires nous attendaient avec joie. Ils étaient aussi, nombreux pour participer à la célébration Eucharistique avec nous. Nous étions environ 350 jeunes et adultes et en plus, quelques enfants. Après un temps de repos, nous avons eu un enseignement sur le thème : JEUNE MISSIONNAIRE AVEC LE CHRIST, donné par Sœur Clémentine. Ensuite, nous avons eu la célébration Eucharistique et la mise en commun des réflexions à la place de l’homélie guidée par le Père Armand.
Après cette belle célébration Eucharistique, suivi de partage de repas apporté par chaque pèlerin, il y a eu une animation de la chorale des jeunes par des chants de louange avant le retour. Nous avons repris le chemin de retour avec une bénédiction de Dieu lui-même (une bonne pluie !) qui nous a renouvelée les forces. A l’arrivée à la paroisse, le curé, l’Abbé Alexis et Sœur Marie nous attendaient pour nous bénir et envoyer en mission dans nos lieux de vie et dans le monde.
Ce temps de pèlerinage a été un moment de partage, d’échange et de prière entre les jeunes de la paroisse. Chacun a vécu intérieurement une joie de pouvoir faire un chemin de foi avec le Christ et avec les autres.
Tranquillement le soir du mardi 17 mars 2020, les sœurs de la communauté d’Abidjan passent un moment de rencontre avec les sœurs venues de Khorogo : Emmanuelle et Janine. Dans la fraternité, les projets de chacune pour les jours à venir sont partagés : les démarches administratives pour les structures de santé : le Centre Jubilé de Korhogo, la reprise de l’école : le CELAF-Centre Lasalien Africain, le rythme quotidien de la mission : présence communautaire, permanence à l’Évêché pour le secrétariat, … Bref toute une liste d’activités à vivre. Mais tout d’un coup après avoir lu ses « sms » [1], Emmanuelle crie : « Tiens ! Le Gouvernement ivoirien adresse un communiqué à la population : c’est la fermeture de tous les établissements scolaires dans le cadre de la prévention de la propagation du Coronavirus ». Et voilà qu’un simple « texto » chamboule toute la liste de nos « On va faire ceci, on va faire cela » ! Toutes les démarches étaient bloquées. Heureusement Emmanuelle et Janine ont trouvé la possibilité de transport pour rejoindre leur communauté.
Nous avons eu la grâce de vivre l’Eucharistie jusqu'au 19 mars, jour où les directives des autorités ecclésiales en lien avec les mesures étatiques, annoncent la suspension de toutes les activités pastorales du Diocèse. Désormais, donc, sont suspendus tous les rassemblements de plus 50 personnes : les rassemblements de Prière, les Célébrations Eucharistiques en présence des fidèles, les séances de catéchèse et le Chemin de Croix. Dans le même sens, les pèlerinages diocésains des jeunes et des adultes pour la période de Carême prévus pour le dimanche 22 mars, ont dû être annulé. Seulement les enfants de la Paroisse Notre Dame de l’Espérance (environ 3000) ont eu la chance d’y participé le samedi 14 mars. Le samedi 21, nous avons risqué de poser une doléance au Curé, à savoir si c’était possible d’avoir la Célébration de l’Eucharistie dans notre Chapelle pour le dimanche. Cela a été accordé et le Vicaire est venu célébrer la Messe à la Communauté. Une religieuse de la Congrégation de Notre Dame d'Évron est venue se joindre à nous.
Très vite après ces mouvements, la situation sanitaire à l’intérieur du pays a évolué : de 3 cas avérés en mi-mars on a atteint plus de 80 à ce jour. Heureusement aucun décès n’a été jusque-là déclaré et par contre 3 cas guéris ont été annoncés. Pour autant le Gouvernement ne baisse pas la garde. Au contraire, il a durci les mesures pour lutter contre la propagation du Covid-19 :
Pour prendre en compte la situation économique de la population, celle qui se trouve obligée de travailler, l’Etat a décidé le maintien la circulation des transports communs comme les taxis compteurs, les gbaka (mini-bus utilisés pour transporter plusieurs dizaines de personnes), les woro-woro (covoiturage). Ces moyens de transports sont donc autorisés à circuler à condition de réduire le nombre de passagers afin de respecter une certaine distance. Le mieux ce de ne pas en avoir besoin !!!
Quant au lavage des mains, il est fortement recommandé. Dans tout ces bouleversements il semble qu’une chose importante commence à nous manquer : le sourire « made in ivoirien » camouflé par le cache-nez dont le port est aussi vivement recommandé !
Mais au milieu de ces évènements déstabilisants, nous sentons l’invitation à honorer l’humble sol du quotidien[2]. Oui, ces réalités de l’ordinaire nous sont révélées et l’Évangile est très parlant en ces jours secoués quand il invite à vivre la petitesse comme lieu de vie : « Serviteur bon et fidèle, … en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton Seigneur », Matthieu 25, 21.
Les petites choses à vivre en terre ivoirienne en ces jours particuliers ?
Il nous faut accepter de voir la vie autrement à travers l’épreuve de la maladie due au Corona-virus.
Il nous faut retrouver dans le « confinement » la nouveauté et l’actualité de l’Évangile. En suivant l’exemple du fils prodigue, la Bonne nouvelle nous invite à « rentrer en nous-mêmes », Luc 15, 17 afin de revenir à l’essentiel, de redonner à notre consécration le sérieux de l’engagement baptismal.
Oui, nous accueillons avec reconnaissance les paroles de Sœur Susana : « Nous sommes devant une opportunité privilégiée…pour revenir à l’essentiel de l’humain et de l’humanité…pour trouver de nouveaux repères et de nouveaux chemins de bonheur…et de demander la grâce et la sagesse pour un nouveau départ ».
Puisse la grâce de l’Esprit Saint nous révéler que ce que nous vivons comme jour de souffrance reste invinciblement « temps de promesse et d’espérance »[4].
Les sœurs de la communauté d’Abidjan
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[1] Short message service ou minimessage.
[2] Préface, d’Anne Pelletier dans Baptisés dans le feu, Christus de Dolores ALEIXANDRE.
[3] La Congrégation des Filles de la Croix, La Fondatrice, Le Charisme, éd. Du Signe, p. 4-5.
[4] Préface, d’Anne Pelletier dans Baptisés dans le feu, Christus de Dolores ALEIXANDRE.
Un jour de la fin du mois de septembre, le papa de Tiélourgo a frappé à la porte de notre Centre. Après avoir tout essayé – médecine traditionnelle, massage et prière d’un pasteur –, il était désespéré…
Cela faisait plus de 3 semaines qu’il cherchait de l’aide pour faire soigner sa fille. En effet, au CHR de Korhogo, on devait lui faire une transfusion sanguine car elle était très anémiée et devait suivre une opération d’amputation de la jambe pour éviter, si ce n’est pas déjà fait, la propagation d’un cancer qui avait pris son genou.
Sans les 240 000 FCFA (366 €) qui devait financer l’opération et les transfusions, rien ne se serait fait. Et le cancer aurait très vite ou trop vite emporté la jeune fille de 10 ans.
C’est ainsi que ma sœur Giovanna et moi avons décidé de faire quelque chose et vite. Nous avons rappelé le papa qui est revenu le lendemain matin avec tout son dossier médical. Après l’avoir écouté de nouveau quelques instants, nous l’avons laissé repartir vers l’hôpital avec l’argent de l’opération. Même si nous savions qu’il nous manquerait sur le fonctionnement de notre Centre, nous ne pouvions pas ignorer l’urgence : sauver un enfant, sauver Tiélourgo était prioritaire.
Nous sommes allées la revoir le lendemain de l’opération… Malgré la fatigue, la fillette avait un beau visage et ses parents le visage rayonnant de ceux qui ont lutté et réussi là où ils peinaient depuis des semaines ou des mois…
Quelques jours plus tard, elle est passée au Centre avec son papa. Ils nous ont remerciées.
Ils ont demandé encore de l’aide pour poursuivre les soins de suivi d’opération. Nous leur avons donné 50 000 FCFA (76 € 25) pour acheter médicaments et nécessaire pour les pansements.
Nous avons agi dans l’urgence. Les soins de Tiélourgo commencent juste. Nous avons déjà financé 290 000 FCFA.
Nous remercions les bienfaiteurs qui nous permettent de pouvoir donner cette chance de vivre à ces enfants et de soulager les familles.
Tiélourgo a repris le chemin de l’école puisque la plaie de l’opération était bien cicatrisée... Elle est en CE1.
« Mettre la personne debout » : voici notre première mission.
Au cœur de la région du Poro, le Centre des Handicapés Don Orione Antenne de Korhogo, accueille avec leur famille, les enfants et les adultes en situation de handicap physique, mental ou sensoriel, dans le but de les aider à faire un pas de plus vers leur autonomie physique et intellectuelle en vue de leur insertion sociale.
Depuis 25 ans, la mission de notre Centre des Handicapés Don Orione Antenne de Korhogo, se poursuit avec des demandes qui se diversifient et qui augmentent d’année en année. Celui-ci est né en 1994 de l’initiative de l’union des religieuses de Korhogo et confié à la Congrégation des Filles de la Croix par Monseigneur Auguste Nobou, Evêque du Diocèse de Korhogo.
Nous avons eu la chance depuis quelques années d’avoir l’aide des éducateurs venus de deux directions régionales des ministères pour renforcer l’équipe de leur compétence afin de pourvoir accueillir et accompagner toujours plus d’enfants en éducation spécialisée : des déficients intellectuels et des sourds-muets.
Si le nombre d’enfants accueillis et pris en charge augmente, c’est parce qu’il y a eu un très grand travail de sensibilisation autour du handicap commencé depuis les origines du Centre et même avant. En effet, beaucoup étaient laissés de côté, cachés, ou accompagnés à la mort. Les familles s’arrangeaient pour les faire disparaitre et ils mourraient car les enfants naissant avec un handicap étaient considérés selon la croyance comme des enfants-serpents, ainsi ils favorisaient leur retour à leur nature primitive.
Alors quand après 3 ans de demande et d’attente, étant conscientes qu’il fallait faire un pas de plus dans l’accueil des personnes en situation de handicap et de leur famille, le 24 octobre 2019, nous avons reçu une grande joie : le Ministère de l’Emploi et de la Protection sociale, des mains du Ministre, a signé l’agrément de notre Centre : « pour mener toutes actions d’éducation des enfants et adolescents en situation de handicap. »
Cela nous ouvre à la possibilité de faire des conventions avec différents ministères qui nous permettront de répondre mieux aux demandes sans cesse en augmentation dans tous les secteurs tant dans la prise en charge de la santé physique que dans l’accompagnement éducatif de ceux qui viennent à nous.
Une grand-mère venue nous confier sa petite fille qui ne parlait pas à l’âge de 4 ans, nous a dit sa joie à la fête de fin d’année : « Avant ma fille ne parlait pas mais maintenant, elle parle le dioula, le sénoufo et le français. Je n’y croyais pas mais je sais qu’elle peut apprendre ! Je remercie les éducateurs et le Centre ! »
Alors en esprit de Service à ces populations de personnes en situation de handicap et leur famille si vulnérables, nous voyons l’avenir s’ouvrir avec d’autres perspectives.
« Il faut faire beaucoup plus. Beaucoup plus que ce qu’on peut. Pour essayer d’en faire assez. Il faut faire davantage. Chaque jour. Tous les jours…
Tout amour semé, tôt ou tard, fleurira ! » (Raoul Follereau)
Lors d'une rencontre en ville, Sœur Fatou Xavière m'a demandé si je serais disponible au mois de Décembre. Plusieurs semaines après nous recevions une invitation pour fêter ses 25 ans de vie religieuse à NIELLE
Nielle évoque pour moi le premier contact avec la Côte d'Ivoire profonde un 16 septembre 1973. Ce jour-là nous sommes arrivées à Niellé avec Sœur Mathilde Saint Jean, Assistante Générale, et Sœurs Jeanne Aldalurra et Jeanne Marisco...
C'est la même émotion qui m'a étreint ce 23 décembre en voyant les personnes qui venaient me saluer en m'appelant par mon prénom. Je reconnaissais certains et je découvrais d'autres qui étaient devenus adultes et encore d'autres qui avaient pris des cheveux blancs et des rides comme moi. Ce qui m'a enchantée, c'est que tous gardaient un bon souvenir. Est-ce le temps qui efface ce qui est moins bien. Il y a eu des poses photos en sortant de la messe. Voilà, j'étais dans la boîte.
Brehima avec lequel j'ai travaillé durant 25 ans au dispensaire a appelé l'infirmier afin de faire une visite au dispensaire. Le personnel était surpris de me voir en chair et en os. Ils me voient chaque jour en photo dans la salle d'attente. En effet, il y a vingt ans le préfet de Ferké avait envoyé un photographe pour tirer « une pose » et cette photo est toujours dans la salle d'attente du dispensaire, les couleurs ont beaucoup fanées.
La cérémonie qui nous a amené à Niellé était très belle ; Sœur Fatou avait choisi de fêter les 25 ans de vie religieuse à Niellé, village proche de son village natal. Fatou vient d'une famille musulmane et toute sa famille était là. La jeunesse de Niellé sera sûrement sensible à ce témoignage de vie consacrée à Dieu.
Beaucoup de missionnaires ont des noms significatifs que les gens leur donne. Lorsque l'âge de la retraite a sonné pour moi, à 55 ans à l'époque, les autorités ont voulu me remercier en me donnant la médaille du mérite. Il y a eu de beaux discours certains pleins de gentillesse : « c'est son ardeur au travail que nous honorons aujourd'hui ! »
Très sérieusement, les gens m'ont donné un Nom et un Prénom Sœur Ouattara Shientchon dit Sœur Janine. J'ai voulu savoir la signification de mon prénom: "celle qui nous a pris avec un bon cœur".
Le 8 Décembre 2017, un enfant a été accompagné au Centre Social 1 de Korhogo par Monsieur Yéo Soulemane, Imam de la Mosquée du quartier Prémafolo de Korhogo. Le griot, demandé par l'imam, a fait le tour de tous les quartiers de la ville de Korhogo pour demander aux gens si quelqu'un savait s'il y avait un enfant qui avait disparu. Mais personne n'en savait rien ! Il a dit d'être référé par le commissariat de Police et a fait part du motif de sa présence.
Monsieur Souleymane relate que le 6 décembre 2017, il a été interpelé par les fidèles musulmans de la mosquée de la présence d'un enfant malade aperçu depuis quelques temps aux abords de leur lieu de culte. Il a fait venir auprès de lui, l'enfant afin de savoir ses origines. Selon lui, l'enfant dit s'appeler « Tchékoroba » (« Le vieux »). Il dit qu'il a eu une communication difficile avec lui. En plus, il n'a pas les moyens matériels et financiers pour la prise en charge de l'enfant. Il est donc venu solliciter les services compétents pour la protection de celui-ci.
Le Centre Social a alors procédé à l'écoute de l'enfant. Il dit qu'il s'appelle ISSA et qu'il a été surnommé par son père « TCHEKOROBA ». Son père se nomme DRISSA. Il ne connait pas sa mère parce qu'elle est décédée. Il relate à l'équipe du centre social que son père l'aurait confié à son oncle, un marabout de profession, qui vit dans le village. Il a été déposé par cet oncle à la tombée de la nuit devant la mosquée qui lui a ordonné de rester sur les lieux jusqu'à ce qu'il revienne. Il dit ne plus se rappeler de son père.
Après plusieurs jours d'attente, l'oncle n'est pas revenu. C'est dans ce contexte qu'il se trouvait toujours devant la mosquée. Cet enfant abandonné et laissé à son propre sort était en danger et n'était pas en capacité de faire face à ses besoins quotidiens.
Le juge des enfants et des tutelles a été informé par le centre social de la situation et a ordonné que l'enfant soit confié à une famille. Celui-ci a fait appel à plusieurs familles. Mais sachant que l'enfant était malade, toutes ont refusé. Le centre social, connaissant Alphonse et sa femme Edith, leur a demandé s'il pouvait accueillir l'enfant chez eux. Et ils ont accepté de bon cœur en pensant au besoin d'Issa.
Dès les premier jour, Alphonse a accompagné Issa pour une visite médicale chez le pédiatre de l'hôpital de Korhogo. Cette visite a révélé que l'enfant souffre d'une tuméfaction et une déformation de la colonne vertébrale 4 et 5.
Le Pédiatre après avoir établi un certificat d'âge physiologique, a fait une référence au service de chirurgie du CHR. Il lui a attribué l'âge de 6 ans ! La consultation dans ce service a révélé une suspicion d'un mal de Pott, une forme de tuberculose.
Ce même jour, une référence a été faite au Centre Anti-Tuberculeux. Une consultation, des analyses et une échographie ont été effectuées. Celles-ci ont permis de savoir que l'enfant ISSA souffre effectivement du mal de Pott. Il présente une masse de liquide située dans l'estomac et une anémie.
L'enfant a été mis sous traitement antituberculeux.
Issa a commencé à fréquenter l'école en CP1 a ce moment-là. Il a déjà effectué une partie de l'année scolaire mais a cause de la maladie et du retard, il a redoublé la classe.
Malgré cela il s'est épanoui. Il a retrouvé le sourire. IL A TROUVE SURTOUT UNE FAMILLE QUI L'AIME !
Une jeune maman est venue, avec son enfant de 7 ans, voir les Sœurs pour leur exposer leur problème de santé ; les deux sont atteints de sérieux troubles visuels.
Sœur Marie les accompagne à Bouaké pour une consultation ; le spécialiste consulte la maman et dit que son œil gauche est déjà perdu et la vision de l'œil droit très réduite.
Quant à l'enfant, le docteur conseille de l'opérer rapidement, sans quoi, il risque de perdre la vue lui aussi en raison d'une cataracte congénitale bilatérale.
Le papa a abandonné sa femme et son fils à cause de leur handicap ; ces derniers vivent avec la grand-mère maternelle qui est veuve.
Nous avons lancé un appel pour l'intervention de l'enfant ; aucune réponse, mais nous ne baissons pas les bras, nous continuons à prier et à faire confiance en la Providence.
Un jour, nous avons eu la visite d'une dame, originaire de Boniéré, qui travaille au ministère de l'Éducation nationale à Abidjan. Nous lui avons parlé de cet enfant, elle nous conseille de le faire soigner à l'hôpital Don Orione de Bonoua et s'engage à prendre en charge les soins.
Elle a payé, en effet, une somme importante et grâce à elle, l'enfant a vu la lumière du jour.
Quelle joie ! Merci Madame Joséphine, mille fois merci !
L'enfant est vraiment joyeux, il faut voir comme il regarde sa maman et caresse son visage.
Il est heureux de jouer avec ses camarades ; à la rentrée prochaine, il va commencer l'école.
Un mois après l'intervention, le dimanche, la jeune maman était à Boniéré avec son petit Yves ; elle a demandé la messe pour Madame Joséphine qui se trouvait, elle aussi, dans l'assemblée. Après la célébration, nous avons présenté la jeune femme et son fils à leur bienfaitrice qui demande à la maman : « qui sont tes parents? » Elle dit le nom de son père et de sa mère. Grande surprise ! Madame Joséphine découvre qu'ils font partie de sa grande famille et elle éclate en cris de joie !!!
Nous rendons grâce à Dieu pour ce beau geste d'amour et de partage.
Il suffit d'une parole pour transformer le monde, il suffit d'une parole pour transformer la vie.
Tout à une fin ! Le temps est venu de dire « au revoir » à mon diocèse de Katiola.
Arrivée en Octobre 1966, je quitte ce diocèse (ma seconde et grande famille) ce 21 Novembre 2017.
Affectée à Korhogo, au Collège Ste Elisabeth, à l'arrivée de Monseigneur Nobou, je quitte cette mission en 1973 pour fonder à Niellé avec Sœur Jeanine Sein et Sœur Jeanne Aldalurra.
En 1989, à la demande de mes responsables, je quitte Niellé pour me rendre à Boniéré, avec une nouvelle équipe afin d'ouvrir une communauté de formation pour les premières jeunes africaines qui souhaitent devenir Filles de la Croix.
Les Sœurs Catéchistes de Menton avaient quitté cette paroisse depuis une dizaine d'années.
J'ai duré, travaillé dans cette paroisse, avec les Djiminis, pendant plus de 27 ans.
Une question m'a été posée : « Qu'elle a été votre mission préférée ? » Quand il s'agit de porter aux hommes « la joie de l'Évangile », on ne fait pas de comparaison. J'ai essayé de m'adapter à chaque situation, à chaque mentalité pour annoncer Jésus-Christ, pour apporter un peu de joie et de réconfort, surtout aux plus pauvres, aux handicapés. Une mission préférée est la catéchèse aux enfants scolarisés et aux jeunes, je pouvais leur annoncer la tendresse de Dieu pour chacun, leur dire que Dieu s'intéressait à chacun d'eux.
J'ai voulu simplement vivre notre charisme qui se résume en deux mots : « enseigner et guérir ». En même temps, à l'exemple de notre Fondatrice Sainte Jeanne Élisabeth, j'ai voulu avoir une attention particulière pour l'Église et ses pasteurs, nos Prêtres.
Ce que j'ai pu faire de bien là où je suis passée, c'est avec la grâce de Dieu qui ne nous manque jamais et avec l'aide et le soutien de mes Sœurs. C'est la communauté qui évangélise. D'où l'importance de vivre une vie fraternelle, une vie de prière dans la simplicité, l'humilité et la joie partagée. Ne dit-on pas que « l'union fait la force » !
Si pendant ces cinquante ans, j'ai pu apporter quelque chose au diocèse de Katiola, je peux dire sincèrement que j'ai beaucoup reçu de la population, de la fraternité des Religieuses, de nos Prêtres et de notre Évêque Monseigneur Bessi qui nous a toujours fait confiance.
Très, très grand merci à vous tous ! Pardon si je n'ai pas toujours répondu à votre attente.
Je retourne au Pays Basque, mais pas seule, avec vous tous dans mon cœur et dans ma prière. Ce n'est qu'un au revoir, mes frères, ce n'est qu'un au revoir ! Oui, nous nous reverrons un jour !
Soutenue par mes sœurs de communauté, j'ai présenté un projet aux sœurs après le dernier Chapitre de la Congrégation, Chapitre ayant pour thème : « Avance au large ».
Ce projet exposait un désir d'écrire des articles sur les évènements du monde, les évènements de nos terres de mission. Quelques écrits ont été publiés sur le site internet des sœurs Filles de la Croix et quelques autres sont en cours de critique par une équipe de rédaction du CERAP (Centre d'Etude et de Recherche d'Action pour la Paix), un Centre universitaire privé jésuite à Abidjan, Côte d'Ivoire. Les dernières réflexions portent sur « La responsabilité médicale en Afrique ». Dès que ce sera validé, une publication est prévue.
Il a été souligné dans la présentation du projet l'importance de lire beaucoup de livres, de revues de différents auteurs pour pouvoir produire des propos justes et objectifs. Pour réaliser ce beso, nous avons sollicité votre soutien pour des abonnements de revues. Notre appel a reçu une réponse favorable de votre part. Nous adressons à cet effet, un grand merci.
Merci pour l'abonnement à « Jeune Afrique », une revue si riche, si actuelle sur le continent africain, voire au-delà. Elle inspire vraiment l'analyse. A titre d'exemple, nous avons pu écrire un essai en partant d'un article intitulé, « Le Lexique de l'inaction », écrit par Mehdi Ba, dans Jeune Afrique n° 2983 du 11 au 17 mars 2018, p. 37. Dès que ce sera validé, nous allons publier un essai intitulé « L'art de la communication ».
A part la composition d'articles, les revues ont aussi servi dans la mission d'enseignement. Durant le cours de droit des affaires, nous nous sommes penchés sur trois thèmes suivants :
1. L'objet du droit des affaires,
2. Le droit des affaires dans l'espace OHADA : Organisation pour l'harmonisation en Afrique du Droit des affaires
3. Et le secteur informel en Afrique, à savoir les activités économiques non enregistrées au registre du commerce.
Pour approfondir ces thèmes, nous avons pris comme document de base des articles tirés de « Jeune Afrique » :
Pour le premier thème, Jeune Afrique n° 2980 du 18 au 24 février 2018 nous a permis de lire l'expérience d'hommes et de femmes dans l'univers des affaires. Et nous avons pu répondre aux questions: « Qu'est-ce que c'est que le Droit des affaires ? » et « D'où vient le Droit des affaires ? ».
Pour le deuxième thème, le même numéro de Jeune Afrique nous a décrit l'expression du Droit des affaires dans l'espace OHADA : Organisation pour l'harmonisation en Afrique du Droit des affaires.
Et pour le troisième thème, grâce à Jeune Afrique n° 2979 du 11 au 17 février 2018 nous avons pu étudier la place du secteur informel dans un monde des affaires marqué par l'esprit d'entreprise (la place des activités économiques non déclarées officiellement dans le monde des affaires).
A part Jeune Afrique, la Congrégation nous a aussi soutenus par la remise d'une somme d'argent en vue d'abonnement. Nous remercions infiniment la Région Canada pour ce soutien. Vu cependant la difficulté pratique d'abonnement, nous préférons, acheter des ouvrages avec cette somme.
Les Filles de la Croix, Abidjan.
« La congrégation cherche à donner à la jeune sœur des conditions favorables de croissance et de discernement. »
Charte de formation
Le groupe des jeunes sœurs d'Afrique « JP Afrique » s'est réuni à KORHOGO (CI) pour une première rencontre, du 27 au 30 décembre 2017.
Un texte de X. Lacroix « Vie affective, vie sexuelle, vie spirituelle » offert dans un autre contexte, le livre de Sr Lucie Licheri « Par un simple oui » a aidé le groupe à découvrir les différents aspects de la chasteté en vie consacrée. Corps, Sexualité, Vie affective !!
Des questionnaires ont été mis à notre disposition pour travailler en groupe et partager nos expériences. Mais quelle ouverture, simplicité, joie, dans les partages ensemble !
Un projet de vie est bâti pour cheminer ensemble :
« Jeunes sœurs, appelées à être attentives à notre vie de chasteté, à notre vie relationnelle, dans le respect des autres.
Jeunes sœurs, appelées à être actrices dans la communauté, lieu de croissance. »
Merci à toutes les sœurs qui nous ont accueillies dans la simplicité.
Une deuxième rencontre nous attend au mois d'avril 2018 à Ouagadougou.
Mais elle est déjà là ... cette rencontre !
Sr Marthe est là. Elle est là ... elle attend patiemment ! Où sont donc les jeunes sœurs ? Quelques-unes voyagent en bus depuis la Côte d'Ivoire, d'autres sont au Burkina. Il en manque encore une !!!
Tout d'un coup le téléphone sonne ! Tu viens quand ? Nous sommes là... Tu arrives quand ? Nous t'attendons !!
« Que nous proposera-t-elle cette fois ? Des questions...et des questions ?... » Non, pas seulement.
Le thème choisi est celui-ci : « La chasteté et notre rapport aux technologies nouvelles »
Surprenant le lien avec notre vie de chasteté.
Cependant.... recherche d'auto présentation de soi sur internet, vouloir se rendre visible à tout prix, la confidence de soi qui va parfois très loin, exposition de sa vie intime, etc.
Important d'être vigilantes sur l'utilisation du net, le temps que j'y passe dans la journée, la semaine, au détriment de quoi ? Le temps de la prière, le temps du travail, le temps communautaire... ?
Comment je gère ces moyens de communication et quelle utilisation j'en fais, pour quelle vie ?
Comment cultiver une intériorité, une présence aux personnes et l'utilisation de ces instruments, extraordinaire certes !
Quels réseaux j'entretiens et pour quelles motivations ?
Tout ceci, qu'est-ce que cela produit en moi et sur ma manière de vivre la chasteté ? Qu'est-ce qui est au service de ma croissance en cohérence avec mes choix et le service des autres ?
Décidément, vivre la chasteté donne une ouverture extraordinaires, mais le chemin est bien étroit quelques fois !
Nous sommes heureuses de ce temps. Cette réflexion a été encore une fois si riche !
A quand la prochaine rencontre ?
Les Jeunes Professes d'Afrique
Grâce à une amie qui m'est chère, j'ai reçu le témoignage d'un médecin allemand exerçant auprès des réfugiés venus de la Syrie.
Son écrit témoigne que des hommes et des femmes continuent à sauver l'humanité. Grâce à eux, l'indicible ne tombe pas dans l'oubli. Ils écoutent, ils soignent. Ils sont debout face à l'intolérable, « épuisés mais debout ».
Comme dit un auteur dont le nom m'échappe, « Sans relâche, ils accompagnent des enfants, des femmes, des hommes vers la vie timidement retrouvée. Ils sont là, orfèvres du bien en chair et en esprit, médecins, psychologues, écoutants, soignants. Ils sont des combattants contre la puissance du mal qui n'a plus apparence humaine »..
Il arrive que devant de telles souffrances, la foi en Dieu vacille comme celle en l'homme. Mais comme les apôtres l'ont bien fait remarquer à Jésus : « Vers qui irions-nous Seigneur ? », ces hommes et ces femmes continuent envers et contre tout à réaliser le dessein de Dieu. Un dessein qui risque la fragilité et qui par amour maintient la présence...
Cliquer ici pour lire l'ensemble du témoignage...
Il a pris le relais du charisme des Filles de la Croix au cœur de la mission éducative au Collège Sainte Élisabeth de Korhogo.
Voilà déjà dix ans que le groupe-laïc nommé « Relais » du Collège Sainte Elisabeth de Korhogo, s'est fixé des temps de retrouvailles pour prier, pour se nourrir de la PAROLE de DIEU et de la vie des Saints Fondateurs : André Hubert et Jeanne Élisabeth. C'est aussi pour le groupe une occasion de vivre un temps de convivialité...
Le groupe « Relais » est formé de professeurs-enseignants dans le Collège Sainte Élisabeth de Korhogo. Leurs familles font aussi partie du groupe.
Marqués par la Parole forte de Jeanne Élisabeth : « Je prends au sérieux l'engagement de mon Baptême... », les membres désirent à leur tour donner un sens au « Oui » de leur baptême. C'est dans l'exercice de leur fonction au service des jeunes et dans la disponibilité aux plus nécessiteux à l'exemple des Filles de la Croix, qu'ils veulent déployer cet engagement. Ainsi, les missions des Filles de la Croix ont inspiré les œuvres actuelles de ces laïcs, « On tisse la nouvelle natte en étant assise sur l'ancienne ». Ils « embrassent toute espèce de bonnes œuvres ». L'attention que le groupe porte aux élèves se décline comme suit :
Donner du soutien-scolaire aux enfants démunis pour qu'ils arrivent à suivre les cours ;
Être des tuteurs pour certains élèves ayant des difficultés. Les membres qui ne sont pas tuteurs soutiennent matériellement celui ou celle qui a la garde de l'élève ;
Redonner des valeurs à la jeunesse en quête de sens aujourd'hui.
Le groupe « Relais » s'est donné comme engagement en cette année 2015, année jubilaire, de prendre une part active dans la préparation du Cinquantenaire de la présence des Filles de la Croix en Côte d'Ivoire et du Collège. A cet effet, les membres du groupe en lien avec la direction du Collège ont organisé plusieurs activités pour qu'élèves et parents participent à ce jubilé :
Des conférences-débats avec différents thèmes :
Des compétitions sportives entre plusieurs Collèges de Korhogo.
Des célébrations Eucharistiques marquant les temps forts de l'année.
Et la confection d'un pagne spécial pour pérenniser ce jubilé d'or.
Cette grande préparation a été pour chaque membre du groupe un temps de vie, de fraternité et d'action de grâce au Seigneur pour le don de la Congrégation et du Charisme qui nous fait vivre tous. Le groupe « Relais » a rencontré la Supérieure Générale de la Congrégation, Sœur Marthe Perugorria en décembre 2015. Elle a convié le groupe à entrer dans la préparation du Chapitre Général avec le thème : « Avance au large ! »
2015 fut une année ponctuée de plusieurs événements pour les laïcs et les Filles de la Croix d'Afrique. Faire mémoire du passé et rendre grâce, et ensuite se tourner résolument vers l'avenir. Ainsi, témoignages et colloques ont été proposés à Dikodougou lors d'un pèlerinage.
En 2015, un pèlerinage fut organisé à Dikodougou pour permettre aux sœurs de relire le dynamisme de celles qui les ont précédées dans la mission. Seulement à leur arrivée à Dikodougou le matin du 28 février, les sœurs étaient quelque peu surprises de l'accueil fait par un laïc. D'emblée ce dernier avoue: « Aujourd'hui, mes sœurs j'aurais bien pu être un bandit ! » ; expression inattendue, sinon déconcertante pour des sœurs venues seulement faire mémoire de leurs prédécesseurs. Mais très vite, elles découvriront que derrière ces mots se cache une profonde reconnaissance à l'égard des sœurs devancières. Monsieur Nicolas termine en effet, ses propos ainsi : « ...si je n'avais pas rencontré les Filles de la Croix ». Et alors en signe de gratitude, il propose aux pèlerines de visiter le Chef du village. Le Chef évoque à son tour son bon souvenir des Filles de la Croix. Il a parlé de la réussite professionnelle et humaine d'un jeune alphabétisé par les sœurs. Bien d'autres témoignages de laïcs se sont succédés. D'après Monsieur Simon et Madame Kakologo, les sœurs de la communauté de Dikodougou ont à travers leur don de vie au Christ, rendu des hommes et des femmes debout, responsables au sein de la société.
À part les témoignages, les laïcs ont préparé des colloques très intéressants. Ainsi en-est-il de ce qu'a concocté Madame Nadège responsable de l'atelier coupe-et-couture initié par les Filles de la Croix. Elle a prévu un temps de dialogue entre les sœurs et « ses » jeunes couturières. Malgré leur handicap physique, ces jeunes femmes effectuent aujourd'hui un travail de qualité.
À côté de ces initiatives individuelles, les initiatives des « groupes-Laïcs » furent tout aussi enrichissantes. Le groupe « TAMANG », situé à Korhogo, qui signifie « AMOUR » a par exemple prêté sa voix pour commenter la diffusion d'une bande dessinée intitulée « Chemin des Étincelles ».
« Chemin des Étincelles » raconte le vécu des fondateurs de la Congrégation des Filles de la Croix : Saint André Hubert et Sainte Jeanne Élisabeth. Après la projection, un membre du groupe : Monsieur Casimir, a exprimé combien les dessins lui rappelaient son séjour à la Puye lors de la rencontre internationale Laïcs-Sœurs en 2014. Les images le replongeaient dans l'histoire des fondateurs. Il s'est rendu compte des difficultés rencontrées par les fondateurs : les installations (si ce n'est pour dire les désinstallations !) ; les crises politico- religieuses de l'époque, ...Par ailleurs, disait-il, les lieux forts de la Congrégation tels que les Marsyllis, l'escalier du pauvre lui revenaient en tête et dans le cœur !
Après le groupe « TAMANG », un deuxième groupe a préparé un colloque, les « AMIS DES FILLES DE LA CROIX », situé à Dikodougou. Lors de l'échange qui s'est tenue à l'Église de Dikodougou, les sœurs ont fait plus ample connaissance du groupe. Il compte une trentaine de personnes qui se réunissent une fois par mois. Les membres ont soulevé tout de même la difficulté de maintenir cette fréquence. Le groupe garde un lien permanent avec la Congrégation grâce à la présence de sœur Giulia qui assure une « mission itinérante » entre Korhogo et Dikodougou. D'après Monsieur Pascal, président du groupe, la correspondance toujours actuelle avec les laïcs de « Traversetolo », d'Italie, renforce la fraternité avec les Filles de la Croix. Cette fraternité qui est au service des petits et des pauvres à la suite de Jésus Christ, le Centre, le Modèle et le Tout.
Quand tout le village met en feu le cœur d'une brousse !
A Boniéré, village de brousse du coeur de la Côte d'Ivoire, les soeurs sont prises de compassion et s'insurgent de voir qu'une femme handicapée dort à même le sol, dans la boue. Elles se tournent vers les gens qui finissent par se mobiliser.
Un feu qui vous prend comme le vent !
Dans un village près de BONIÉRÉ en Côte d'Ivoire, une femme est abandonnée, délaissée, handicapée... Cette femme ne marche pas. Ses jambes et son corps sont lourds et inertes. Elle ne peut rien faire seule. Son père, sa mère, décédés...les autres membres de sa famille ne daignent tourner vers elle leur regard.
Je vais chaque semaine visiter les villageois. J'ai rencontré cette femme. J'en ai parlé à ma communauté.
Ma communauté ? C'est une beauté ! Elle a eu un regard de tendresse pour cette personne seule avec ses enfants. Mes sœurs lui portent aujourd'hui de la nourriture, des vêtements, de l'eau. Je lave son linge, je vais chercher de l'eau au puits pour remplir son canari (récipient à la porte pour celui qui veut boire !). Cette femme handicapée a une cabane délabrée. La pluie pénètre à l'intérieur. Le sol est boueux. Dormir sur cette boue est un acte sans nom !
J'ai eu trop mal au cœur. J'ai cherché à dialoguer avec sa famille. Aucune personne ne voulait m'écouter.
J'ai été trouver le Chef du village. Il a compris la situation. D'une décision rapide, il a rassemblé tout le village et la famille de cette femme handicapée. Les enfants étaient là : 19 ans, 13 ans, 6 ans et 2 ans. Au dernier enfant, le père les a tous quittés.
Devant le village rassemblé, je me suis présentée : « Si moi-même, religieuse de votre village, je meurs ici chez vous, allez-vous me laisser et dire à ma famille de venir laver mon corps ? »
Tout le village a entendu. Il a réagi : « Non, tu es notre sœur, nous nous occuperons de toi avant que ta famille ne vienne jusqu'ici ! »
« Donc, vous qui pensez prendre soin de moi, comment ne prendriez pas soin de cette femme de chez vous ? Faites comme si c'était moi ! »
Après cette rencontre, chaque famille du village s'est engagée. Elles ont pris soin de chaque enfant. Une chaise roulante est arrivée pour la maman.
Cette jeune femme a 30 ans. Un avenir s'est ouvert à elle...et à ses enfants !
Le feu a pris... le village est attentif à tous ceux qui crient chez eux...
Le feu, comme le vent, se répand !
Merci Sœurs Marie, Danièle, Filomena, Alice !