Dans l’exercice de notre mission en Afrique, nous vivons le charisme reçu de saint André Hubert et de sainte Jeanne Elisabeth.
Filles de la Croix, nous sommes réunies pour glorifier Dieu et le faire glorifier par les petits et les pauvres.
Nous sommes envoyées pour enseigner et guérir,
annoncer la bonne Nouvelle !
En Côte d’ivoire, dans la ville de Korhogo, et le village de Boniéré…
La ville de Korhogo, au Nord de la Côte d’Ivoire...
Des témoignages…
Un jour, un jeune se présente au Centre des handicapés moteurs de « Don Orione » à Korhogo et rencontre la sœur directrice. Ce jeune portait des appareils orthopédiques aux deux jambes et se déplaçait à l’aide de cannes anglaises. Il portait des lunettes noires.
Après la salutation, la sœur lui a demandé quelle était la nouvelle et le motif de sa visite. Le jeune lui a demandé si elle ne la reconnaissait pas ? La sœur ne se souvenait plus. Alors le jeune a enlevé ses lunettes et avec un beau sourire, il lui a dit : « Je suis Mamadou, je suis venu ici il y a quelques années à 4 pattes, vous m’avez conseillé et encouragé. Après de longs soins, maintenant je suis debout ! »
La sœur lui a demandé : « Comment te sens-tu aujourd’hui ? »
Mamadou a répondu : « Avant, quand je me déplaçais à 4 pattes, je voyais d’en bas et le visage des personnes me paraissait très loin. Quand je parlais, ma parole se perdait dans la distance. Aujourd’hui, je suis une autre personne. Je vois les personnes à la même hauteur et je peux les regarder dans les yeux. Je peux communiquer à égalité. Je suis heureux. »
« Que fais-tu Mamadou ? »
« Je reprends mes études dans une grande école d’Abidjan. »Nous sommes heureuses du bonheur de Mamadou (Sœur Giovanna Contato, Italienne).Nous mettons des gens debout à travers la rééducation, les soins, au « Centre Don Orione ». Un Monsieur X… a été victime d’un AVC. Il fallait 4 personnes pour l’aider à se déplacer. Il était très dépendant. Il a reçu une rééducation au centre. Là, il retrouve non seulement ses jambes, mais la joie de vivre et son autonomie. Il déclare : « Je suis très content du centre. Vous faites un bon travail ! »Une sœur coordinatrice interne du Centre, témoigne…« La graine semée sur la bonne terre d’Afrique porte du fruit ! L’histoire se transmet de générations en génération, à partir des relations, des contacts, de bouche à l’oreille… »
De ce bouche à l’oreille, le charisme des Filles de la Croix est ‘accueilli et semé en terre congolaise en la personne de sœur Valentine, enseignante à l’école primaire puis comptable de profession.
« Mes premiers vœux, je les fais en 2001 et mes vœux perpétuels en 2009. L’histoire des Fondateurs et le charisme des Filles de la Croix ont été pour moi réponse à l’appel de Dieu, à mon désir profond senti depuis l’âge de 15 ans, d’être au service du Seigneur à travers les petits et les pauvres. Aujourd’hui en mission en Côte d’Ivoire, je partage ma vie, ma foi à « Don Orione », Centre pour l’accueil des malades, des personnes vivant avec un handicap physique et moteur, qui ont besoin de la rééducation fonctionnelle. Le Centre accueille aussi les enfants sourds-muets, les malentendants, les autistes pour le renforcement scolaire, amélioration de la communication par l’apprentissage du langage des signes, pour une réinsertion familiale, sociale et professionnelle. Ma mission est de coordonner et de gérer les activités internes du Centre. Cette mission noble auprès de ces personnes m’aide à redécouvrir ces 5 lieux de fondation de notre vie consacrée dans cette famille religieuse, et à vivre en profondeur le charisme de la Congrégation : « Enseigner et Guérir ; glorifier Dieu à travers les pauvres ». C’est dans ces lieux du commencement, en revivant cette histoire du passé, en faisant ce mémorial que je puise mes forces pour servir Dieu, pour ma mission auprès des pauvres. Je ressens la joie quand un malade retrouve ses forces après les séances de rééducation et quitte le Centre avec le sourire ! Geste de la Grotte de Molante ! Comme Sainte Jeanne Elisabeth, des Marsyllis à La Puye, à la recherche de Dieu… Comme Valentine aujourd’hui, de Kinshasa à Korhogo, pour l’amour de Dieu et des pauvres » (Sœur Valentine Kanianga, Congolaise RDC)
Au Centre St Camille de Korhogo :
Les malades mentaux, après un long séjour en soin, retrouvent leur dignité et, à travers une expérience de travail accompagné dans une ferme de réhabilitation, sont acceptés par leur famille et la société. En exemple, nous pouvons citer le cas de Monsieur S…, enseignant de profession. A un certain moment, il a eu une dépression et a été traité à Saint Camille. Quand il retrouvé ses facultés, il a pu être réintégré dans le corps enseignant à part entière et ensuite, il s’est même marié et son mariage a été célébré par l’évêque.
Une sœur infirmière dans ce Centre Saint Camille :
« J’ai reçu la mission de mes responsables dans cet accueil des malades mentaux et sans famille. Cela exprime la pauvreté du pauvre à qui je souhaite donner la dignité en le prenant en charge par la participation de beaucoup d’acteurs, chacun selon ses sensibilités et ses moyens. Les pauvres, dont nous avons la charge par la mission de la congrégation des Filles de la Croix à Korhogo, sont dépourvus de tout. Ils sont sans abri, sans papiers, sans alimentation, atteint de maladies chroniques cardiaques, avec le sida, problèmes juridiques à cause de l’état mental, bref, leur dignité est bafouée. Je me sens très bien dans l’œuvre de saint André Hubert et sainte Jeanne Élisabeth aujourd’hui. Nous vous saluons, Église de Poitiers, en souhaitant garder cette relation d’Église Famille de Dieu. » (Sœur Hélène Kahambu, Congolaise RDC)
Auprès des lépreux une sœur infirmière témoigne…
« Au sein des ‘grandes endémies’ il y a une petite léproserie délabrée où logent deux lépreux : Larganton et Joseph.
Larganton est là depuis plus de 26 ans. Petit à petit il est devenu aveugle, ses globes sont vides. Il n’a plus de doigts, ni d’orteils. Joseph est plus valide puisqu’il voit un peu, il a quelques moignons de doigts et d’orteils. Il y a un réseau d’aide autour d’eux. Deux employées du collège Sainte Élisabeth les lavent et font le ménage de leur chambre. Les sœurs font leur lessive. Le Centre Saint Camille leur apporte à manger chaque jour et les sœurs soignent leur plaies. A la suite de sainte Jeanne Elisabeth, nous sommes les sœurs de ces deux ‘abîmés par la maladie’. Au contraire de la femme malade de la Grotte de Molante, Larganton, le plus handicapé et défiguré, frémit et parfois explose de joie quand on va le voir, le soigner, le nourrir. Il fait des ‘bénédictions’ pour tous ceux qui l’aident. » (Sœur Janine Sein, Française)
A Boniéré région de Katiola, au Nord de la Côte d’Ivoire
Des témoignages…
Un malade mental abandonné par la famille, n’a plus de mains parce qu’il est resté attaché. Les sœurs de Boniéré l’ont soigné pendant un mois. Maintenant que ses plaies sont guéries, il vient régulièrement chez les sœurs pour se faire laver et chercher de la nourriture.
Dans un village près de Boniéré, un jeune parti au sud pour chercher du travail tombe d’un arbre. Il est amputé. Par manque de moyens, il s’échappe de l’hôpital. Il revient au village avec une jambe infestée d’asticots. A l’hôpital, on le garde, mais sans lui procurer de soins. Son cas dépasse les compétences. Les sœurs le transportent dans un autre CHU de Bouaké où il est réopéré. Elles prennent en charge ses soins et aujourd’hui, après un long séjour à l’hôpital, il a retrouvé la joie de vivre.
Sœur Marie témoigne…
« Un proverbe africain dit : « quand vous voyez une vieille femme qui réussit à mettre une autre vieille sur son dos, ne dites pas merci uniquement à la première, mais aussi à celle qui a réussi à monter sur le dos de l’autre », c’est-à-dire ce sont par les efforts conjugués que l’on parvient à faire de grandes choses. Merci à nos saints Fondateurs, car c’est grâce à eux que nous arrivons à puiser la force et le courage dans la foi, la confiance pour aller à la rencontre des petits et des pauvres dans les trous profonds de nos grottes d’aujourd’hui. Nos « Molante », de nos jours, dans les lieux où nous sommes, nos « Marsillys », sont ici, dans ce diocèse de Katiola. Nous cheminons ensemble dans la connaissance et le soutien réciproque, leur apprenant à connaître Dieu, à lire et écouter la Parole de Dieu. Une vieille a dit : « je suis baptisée, confirmée depuis 40 ans, j’ai perdu Dieu en route, je ne pratique plus. Quand je vous vois annoncer la Parole de Dieu, je reviens à l’Église ». En effet, elle est à la messe tous les matins ! Je fais la catéchèse aux enfants. Ils sont 47. Ils ont soif de connaître Dieu. Quand je lis la Parole de Dieu et que je l’explique, ils ont tous les yeux fixés sur moi ! J’ai les plus grands du collège aussi en catéchèse. « Jésus est la lumière du monde. Nous avons reçu l’appel à Le suivre. » Règle de vie de la Croix. J’accompagne les malades dans les villages et à l’hôpital. Je visite les personnes âgées et les handicapés paralysés chez eux. Dans un village il y a une femme de 25 ans, paralysée à la suite d’un accouchement. La tradition dit que le génie a paralysé ses deux jambes, alors la famille la délaisse avec son bébé. La chambre où elle dort est une ruine. Avec l’aide de la communauté, je lui porte le repas chaque jour ainsi que des vêtements pour elle et les enfants. Les enfants handicapés ne sont pas considérés. On les appelle « enfants serpents » ou des génies de la forêt. Ces enfants souffrent d’infirmité motrice cérébrale. Pour soulager ces enfants, je fais la rééducation et la psychomotricité à ces enfants. Ils font des progrès qui encouragent les parents. Ces enfants voués à la mort à cause de leur handicap, sont à présent, respectés. Grâce aux séances de psychomotricité, les enfants s’éveillent et même, sourient ! Ce qui fait un grand bien aux mamans ! Proverbe africain : « On ne dépasse jamais un étranger sans le saluer, il pourrait être ton hôte. » Ce qui veut dire, il ne nous rendra pas visite avec un aspect brillant, il prend toujours le visage d’un mendiant, d’un prisonnier, ou d’un malade. » (Sœur Marie Kaboré, Burkinabée)
Sœur Filomena témoigne…
« Quand j’ai découvert Jeanne Elisabeth et André Hubert, qu’ai-je découvert ? Qu’est-ce qu’ils représentent pour moi ? Ils sont nos ancêtres dans la foi. Ce sont des personnes qui se sont laissé façonner, transformées par l’Esprit. Ils ont accueilli la Parole comme une annonciation. A la lumière de cet Esprit, ils ont su écouter les cris de détresse de l’Église et de la société de leur temps. A la suite du Christ pauvre, ils sont devenus pauvres au service des plus fragiles dans la communauté ecclésiale. Aujourd’hui habitée par le charisme de nos Fondateurs, je continue à Boniéré, les gestes « enseigner et guérir » comme héritage reçu, à travers l’alphabétisation, la catéchèse et l’animation des Mouvements d’Action Catholique. Je continue le « Guérir » à travers le service des handicapés physiques et sensoriels, des malades mentaux et d’autres nécessiteux. » (Sœur Filomena Gomes, originaire du Cap Vert)
Au Burkina Faso, le village de Bogandé, et la ville de Ouagadougou…
À Bogandé, situé au Nord Est du Burkina Faso dans une région proche du Sahel. Le climat y est rude, 9 mois de saison sèche et 3 mois de saison de pluie. La communauté des Filles de la Croix s’y trouve depuis mai 1996.
Témoignage des débuts de la communauté :
« Nous avions reçu la mission de former les chrétiens dans les Communautés chrétiennes de base (CCB) par la catéchèse, l’annonce de l’Évangile, l’animation des célébrations de la Parole, la formation des papas et mamans catéchistes, l’animation des mouvements d’Eglise : JEC, JAC, CV, AV, Association des femmes catholiques, la préparation des couples au sacrement de mariage. Tout cela pendant plus de 10 ans ! En 2007, Bogandé a été érigé en paroisse. Nous avons entretenu la flamme de l’Évangile et préparé l’arrivée d’une équipe de prêtres. Nous sommes attentives aux cris de détresse des plus démunis et nous allons à leur rencontre. Nous tendons la main à des enfants et des jeunes défavorisés à travers l’alphabétisation, la scolarité ou une formation humaine et spirituelle. »
Sœurs Cécile, Renée, Bernadette (Françaises) et Adèle, Julienne, Joséphine, Rose (Burkinabées et Ivoiriennes)
A Bogandé, un détenu libéré de prison a exprimé sa joie à un membre du groupe « André Élisabeth » (groupe associé aux Filles de la Croix) « Vous venez proclamer la Parole de Dieu tous les 15 jours à la maison d’arrêt. Cette prière en langue, c’est bon ; cela nous donne beaucoup de joie ! Vous m’aviez apporté une Bible mais, en sortant de prison, on me l’a prise. » La Parole de Dieu est source de vie.
Nous sommes arrivées à Ouagadougou le 13 mai, jour de la fête de St André Hubert Fournet !
A Ouagadougou, Sr Hélène témoigne…
« Fille de la croix depuis le 14 Octobre 1995, je suis de nationalité Burkinabé et résidente au Burkina Faso, précisément à la capitale de Ouagadougou. C’est en 2005 que la communauté a été installée à Ouagadougou, et a été érigée communauté du Noviciat. On ne s’attribut pas une mission, mais on la reçoit. C’est pour dire que j’ai reçu cette mission de Maîtresse des novices et responsable de la communauté. Et en 2012, il m’a été demandé de seconder la Coordinatrice d’Afrique comme Assistante. Je n’ai pas une profession particulière. J’ai reçu une formation pour la pastorale surtout, et aussi la formation de responsable du noviciat. Souvent je me sens vraiment très petite face à ces responsabilités. Mais, j’ai su toujours compter sur la grâce de Dieu et la confiance de nos Supérieures. Et j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même, dans la simplicité. Car ce qui m’a attiré dans cette famille religieuse c’est la "simplicité" et la parole de Jeanne-Elisabeth "Je prends au sérieux l’engagement de mon baptême". Que représentent pour moi nos Fondateurs en tant qu’Africaine ? Je dirai tout simplement, en terme africain, que sainte Jeanne-Élisabeth et saint André-Hubert, ce sont nos ancêtres. C’est d’eux que nous avons hérité ce trésor qu’est le charisme. Voilà l’héritage que nos ancêtres nous ont légué. Un proverbe dit : "le sage est adossé à son mur, ceux qui s’approchent de lui en tirent profit, mais ceux qui le contournent perdent". C’est pour dire que c’est en eux que nous puisons la sève, car leur vie nous parle encore aujourd’hui. La simplicité de leur vie m’a façonnée. L’amour, l’attention aux pauvres, leur proximité aux gens simples m’interpellent et m’invitent à descendre en bas de l’escalier pour rejoindre ces pauvres qui nous entourent. C’est dans le pauvre, le petit qu’ils ont rencontré notre Seigneur Jésus-Christ. Leur vie nous parle encore aujourd’hui de Dieu qui s’incarne dans la vie des hommes de ce temps. Ils nous invitent à ouvrir nos yeux pour voir les réalités de notre monde, de notre milieu et y répondre comme eux-mêmes ont su bien le faire en leur temps. Nos fondateurs nous enseignent le chemin de l’humilité, le chemin de pauvreté. Car le Christ s’identifie. "Jésus mon premier pauvre" dira Jeanne-Élisabeth. André-Hubert, converti par la parole du pauvre, devient le prêtre des pauvres. En regardant leur vie ils me font goûter la joie d’une vie entièrement donnée au Seigneur et pour le service de l’Église, particulièrement les pauvres qui nous révèlent le visage du Christ et la joie de lui appartenir. Depuis 1995, je n’ai jamais regretté d’être Fille de la Croix. Je suis très heureuse d’être Fille de la Croix et fière de porter ce beau nom "Filles de la Croix". Nous travaillons pour que ce charisme s’incarne vraiment dans la culture africaine. Que nous puissions dire au monde par notre vie que le Christ est présent au milieu de nous et qu’il nous aime. Merci au Seigneur pour ce qu’a été la vie de sainte Jeanne-Elisabeth et de saint André-Hubert » (Sœur Lédy Hélène Ouedraogo, Burkinabée).