A Madrid, nous sommes dans l'œil de l'ouragan de cette terrible pandémie dont peut-être, inconsciemment, nous pensions nous débarrasser parce que nous avons entendu dire que nous avions un excellent système de santé et que le virus n'était pas plus mortel qu'une grippe, mais voici le moment de vérité et nous voyons que les infections augmentent à un rythme exponentiel, que les décès se multiplient... que le système de santé déborde et que nous sentons notre vulnérabilité...
L’état d’alarme nous a obligé de rester enfermé(e)s… Comme Lazare, nous sommes tous/toutes morts et enterrés dans les maisons, et nous commençons à sentir que notre ami Jésus est loin… Ne serait-ce pas notre confort, notre arrogance qui nous a fait nous éloigner de Lui ? Nous ne l’avons pas vu dans les derniers, dans les pauvres, dans les prisonniers, dans les personnes sans logement, sans travail, sans ressources… Nous nous sommes inquiétés de nous-mêmes, de notre sécurité, de nos petits problèmes et oubliant de soigner l’essentiel.
Cette situation nous oblige à toucher notre vulnérabilité et à valoriser ce qui importe vraiment, à vérifier que nous avons besoin de tous…
L’Europe, l’orgueilleuse Europe qui était en train de perdre ses valeurs, commence à vérifier que nous naviguons tous dans la même barque, que a planète Terre est certainement un village global et que nous ne pouvons mettre aucune barrière sur le terrain…
Si on nous a dit de beaucoup de manière que nous sommes arrivés à un changement d’époque plus qu’à une époque de changements, et bien, cette fois, ce virus vient nous enseigner quelque chose de la signification de ce changement d’époque.
Et comme le dit Koldo Aldai : «Espérons que toute cette crise représente un tournant qui impose un « avant » et un « après », la fracture avec tout ce qui est caduque ou ce qui est la même chose que l'ancien, le séparé, le non-solidaire ... L’erreur majeure serait de ne pas profiter de cette précieuse crise pour faire un grand saut dans notre conscience collective… que les distance ne tomberont pas ; que, après avoir vécu la lugubre séparation, les cloisons les plus solides ne s'effondreraient pas ; que les frontières de tous ordres ne disparaitraient pas ».
Nous sommes en train de vivre la quarantaine du Carême (ce sera pour quelque chose). Le confinement nous invite au recueillement, au silence et bien que nous n'interrompions pas toutes les activités, nous continuons, dans la mesure du possible, la vie ordinaire à la maison et, par téléphone, nous essayons de nous occuper de ceux qui ont besoin de nous, ce que nous ne pouvons pas assister en personne, mais que nous pouvons écouter, animer et leur indiquer où ils peuvent se procurer nourriture et produits essentiel pour leur besoins basiques… Nous pouvons dédier plus de temps à la prière, à la lecture et comprendre que nous sommes privilégiées parce que, au niveau matériel, nous ne manquons de rien, parce que nous avons des sœurs, des gens qui nous aiment et nous soignent… et surtout, parce que nous savons que notre DIEU est AMOUR et VIE, qu’il s’est fait l’un de nous et qu’il est RESSUSCITÉ.
C’est pourquoi, nous espérons que ceci aussi passera et nous retournerons à la normalité mais nous ne voulons pas que ce soit la normalité de la guerre en Syrie, ni celle des camps de réfugiés, ni celle des bateaux qui coulent en Méditerranée... Que ce ne soit pas la normalité d’un monde injuste où beaucoup meurent de faim tandis que d’autres gaspillent.
J’espère que cette crise engendre les douleurs d’un accouchement
qui mène à la naissance d’un nouveau monde… Alors nous pouvons dire :
BÉNIE SOIT-ELLE !
S. Maite Heredia, Hijas de la Cruz