Filles de la croix

Elle est debout !... Marie

Qui suis-je pour que l’on me suive, fixé au bois, cloué sur place ?La croix de La Puye
Me voici nu !
Vaincu.
Fini.
Nu comme un nouveau-né, l’heure est donc venue !

Après l’abandon, le pardon… l’aujourd'hui, la naissance !

Et soudain depuis le haut, dans le dernier brouillard,
Un éclair de beauté pure…
Elle est debout !

Non pas effondrée mais debout,

Forte de l’espérance définitive depuis l’étrange salutation de l’Ange !
Elle est debout, là, jusqu'au bout.
Belle.

Au couchant du temps, l’éternité a posé un signe de beauté.
L’espérance née de la beauté m’étreint plus fort encore
Que les derniers temps accéléré du cœur !
La douceur est l’avenir vrai du monde.

Cette croix où il est percé de part en part par la laideur du monde
Ouvre les portes à la beauté définitive.
C’est une femme qui la première perçoit
A travers le ciel déchiré d’où tombent les étoiles
Le soleil pur de l’amour sans déclin !
Une femme, une croix.
L’une et l’autre fécondes.

Douleurs multipliées d’un unique accouchement.
La nuit précède le soleil de justice.
Femme d’enfantement à jamais féconde…
Voici ton fils.

Au plus haut comme au pied de la croix,
L’un et l’autre debout jusqu'au bout,
Indiquent l’espérance qui descend sur le monde

Magnificat !

Alors dans une grande douceur,
Il inclina la tête
et souffla son esprit.

Au creux du rocher,
A l’abri des regards,
Il est déposé.
On dirait un lion qui dort…

Frère Gilles Danroc o.p