Filles de la croix

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Pélerinage à Dikodougou
Mar 24, 2015

 En décembre 2014, l’Assemblée générale d’Afrique a pris l’initiative de « retracer l’histoire de la présence des Filles de la Croix en Afrique pour retrouver le dynamisme de nos devancières ». C’est dans le sens que le pèlerinage à Dikodougou, a eu lieu.

Le samedi matin, arrivées à destination, toutes les sœurs ont exprimé spontanément la joie des retrouvailles. Invitées par l’équipe-organisatrice composée de Sr. Sylvie, de Sr. Clémentine et de Sr. Alice, chacune des sœurs apporte les nouvelles des communautés respectives ainsi que le déroulement des voyages. Certaines sœurs arrivent de Ouagadougou en faisant escale à Bobo-Dioulasso. C’est le cas de Sr. Susana avec trois jeunes en formation : Alessandra, Charlotte et Ludivine. Certaines, arrivent d’Abidjan : Sr. Natacha, Sr. Tahiry et Sr. Sylvie. Les autres sœurs et jeunes en formation viennent des deux communautés de Korhogo : Sr. Hélène, Sr. Clémentine, Sr. Giulia et Sr.  Janine, et les postulantes: Joséphine, Adèle, Rose, et Rosine pré-postulante.

 

Historique de la mission en Afrique

Pour ce premier échange, Sr. Janine a introduit brièvement le début des missions à Dikodougou. Nous avons découvert (ou redécouvert pour certaines) qu’en 1969 l’Évêque de Katiola, en la personne de Monseigneur Durrheimer, a sollicité la Congrégation des Filles de la Croix afin que des sœurs viennent à Dikodougou[1] pour répondre aux besoins d’une population en quête d’accompagnement et de soins. L’appel correspondant au charisme des Filles de la Croix, soit « Enseigner et guérir », la Congrégation a répondu favorablement par l’envoi des sœurs :

  • Sœur Marie-Pierre PEHAUT, infirmière de profession ;
  • Sœur Thérèse PRIM, engagée dans la pastorale et la promotion des femmes ;
  • Sœur Thérèse ABREU; engagée dans la promotion des jeunes filles déscolarisées;
  • Sœur Geneviève LAGUT, institutrice et formatrice dans l’âme. Sa compétence pédagogique est sans conteste.
  • Sœur Lucienne SAINT HENRI, très investie dans l’agriculture.

Pendant le témoignage, Sr. Janine a souligné le dévouement des sœurs, leur présence humble et efficace. Elle disait par exemple que Sr. Geneviève était très compétente pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Un jour un de ses élèves racontait que grâce à Sr. Geneviève, il a été capable de bien gérer ses affaires, de veiller à ses justes intérêts. Par ailleurs, Sr. Geneviève a appris à parler et écrire la langue sénoufo pour pouvoir échanger avec les gens aisément. Elle tenait à la qualité et à l’objectivité des rencontres avec les personnes. Voilà comment pendant plus de 40ans de présence, nos sœurs étaient à Dikodougou pour « enseigner et guérir » et ceci même pour les causes qualifiées à l’avance comme perdues !

Ensuite, au nom de toutes les sœurs, l’équipe-organisation a remercié Sr. Giulia pour l’accueil et pour la mission à Dikodougou dont elle assure la continuité. Sr. Giulia est la coordinatrice avec les laïcs sur place.

Après un déjeuner très fraternel, nous avons eu la joie d’accueillir, Sr. Giovanna et Sr. Maria qui étaient retenues à Korhogo pour un engagement important concernant la Congrégation. Elles arrivaient avec Mr. Casimir membre du groupe laïc « TAMANG »[2] ou « AMOUR ». Ce groupe vit du charisme des Filles de la Croix. Il est situé à Korhogo.

 

Le groupe « Tamang » Ami des Filles de la Croix

Vers les 15 heures, nous nous sommes dirigées à l’Église à la rencontre du groupe laïc de Dikodougou.

Ce groupe porte le nom de : « AMIS DES FILLES DE LA CROIX ». Le temps de partage a été l’occasion de se donner des nouvelles. D’abord, nous avons exprimé le sens de notre pèlerinage : lire les pas de nos devancières en vue de la continuité de la mission. Ensuite, le groupe à travers ses représentants et quelques membres, a pris la parole. Nous avons appris qu’il est composé d’une trentaine de personnes qui se réunissent une fois par mois. Il a été tout de même relevé que cette fréquence n’est pas toujours évidente à maintenir. Le représentant du groupe a signifié la correspondance avec le groupe laïc de « Traversetolo » en Italie. Ce lien représente pour eux une belle fraternité. Leur lien donne de vivre ensemble une présence auprès des petits et des pauvres.

Enfin, le groupe « Amis des Filles de la Croix », a exprimé que la présence de Sr. Giulia, en tant qu’accompagnatrice du groupe, compte beaucoup pour eux.

 

Madame Kakologo

Un témoignage de Madame Kakologo a suivi ce temps de partage. Elle disait que « grâce aux sœurs je suis autonome malgré mon handicap physique. Je suis maman d’un garçon et deux petites filles. J’ai appris des choses avec les sœurs, je m’exprime en français. J’ai réfléchi sur leur choix de vie consacrée, mais ma vocation était autre. Je remercie Dieu de ce que les sœurs ont été pour moi ».

Les points forts sortis de cette rencontre laïcs-sœurs à l’Église de Dikodougou :

  • La confirmation que : à la suite de Jésus Christ, nos sœurs devancières ont donné leur vie pour mettre les petits et les pauvres debout ;
  • La reconnaissance de leur présence active et humble;
  • La joie de la population de notre choix de Dikodougou comme lieu de pèlerinage;
  • L’attente manifeste que des sœurs reviennent s’installer à Dikodougou ;
  • La conscientisation des laïcs sur l’importance de leur présence. Par leurs engagements, ils continuent l’œuvre des Filles de la Croix ;
  • L’héritage reçu des fondateurs est à transmettre afin qu’il porte des fruits ;
  • La question de la crise vocationnelle à Dikodougou, malgré le témoignage de vie donnée par nos sœurs ;
  • Les jeunes et les parents ont posé la question sur la manière et conditions pour devenir prêtre ou sœur.

 Pour répondre à cette question, des propositions ont été émises :

  •  La priorité de la Prière parce que l’Évangile invite à prier le Maître de la moisson pour qu’Il envoie des ouvriers à sa Vigne.
  • Comme nos sœurs devancières, dire, par notre être et par nos actes, que la suite de Jésus Christ rend une vie féconde.  
  • La nécessité d’informer les jeunes locaux sur ce qu’est la vie religieuse ,le sens, le déroulement des formations, les interlocuteurs, les attitudes des parents, des adultes vis-à-vis des jeunes, l’approche de la culture locale

 Avant de quitter le groupe-laïc, le Curé de la Paroisse, le Père Barnabé COULIBALY, a confirmé sa joie de nous accueillir. Il a dit : « Ici, vous êtes chez vous ». Il a également exprimé à plusieurs reprises son souhait de voir des Filles de la Croix s’installer en permanence à Dikodogou. Enfin, il a noté la richesse de notre internationalité.

 Foyer de couture Marie Elisabeth

Aux environs de 16 heures, nous nous sommes rendues à la communauté où le groupe atelier-couture représenté par Madame Nadège et le groupe des personnes en situation d’handicap nous attendaient. C’était un temps privilégié de « conversation ». On s’écoutait, on se parlait. Une dame en situation d’handicap a dit qu’avec tout ce qu’elles ont vécu avec les sœurs, elle peut dire aujourd’hui qu’elles sont les « Filles des Filles de la Croix » ! Oui, l’Esprit de famille est bien présent à Dikodougou. Grâce à Nadège et Nicolas, un ami proche des sœurs, chaque expression des gens a été traduite en français     « ESPRIT DE FAMILLE ! »  

Visite du Chef du village

En fin de journée, dans le respect de la coutume locale, les sœurs accompagnées de Nicolas sont allées visiter et présenter les salutations au Chef du village. Il a été content de nous recevoir et il a dit avoir gardé un bon souvenir de nos Sœurs. Il a raconté la réussite d’un jeune qui a été alphabétisé par Sr Géneviève. Ce dernier est devenu responsable du groupe des jeunes originaires de la région résidants à Abidjan. Enfin, le Chef du village a dit que pendant les périodes difficiles traversés par la Côte d’Ivoire, en tant que représentant de l’Autorité, il a envoyé des portes paroles dire aux sœurs que des « Dozos » allaient monter la garde à la communauté. Ce qui traduisait un attachement fort de la population à nos sœurs.

Tout au long de notre parcours vers le Chef du village et au retour à la Communauté, nous avons eu le privilège de découvrir des patrimoines culturels rares : le Tribunal traditionnel, la case du charlatan (celui qui prévoit l’avenir), la maison des fétiches, la dame la plus ancienne du village, l’outil ancien du forgeron toujours en fonction pour produire des outils pour travailler la terre, le caveau des parents de Mr. Nicolas et le Bois sacré (vu de loin parce qu’interdit aux personnes non initiées).

Chemin des étincelles à la belle étoile !

Le soir après le dîner, une projection du diaporama intitulé : « CHEMIN D’ETINCELLES » est annoncée. Il s’agit d’une bande-dessinée parlant de la vie des Fondateurs de la Congrégation des Filles de la Croix : Saint André Hubert et Sainte Jeanne Elisabeth. C’était une projection à la belle étoile! Les paroles étaient lues par quelques spectateurs. Un bref échange s’est tenu en suivant. Mr Casimir a exprimé son émotion car les dessins lui rappelaient son séjour à La Puye durant l’été 2014 lors de la rencontre internationale Laïcs-Sœurs. Il se rappelait des lieux forts de notre histoire : les Marsyllis, l’escalier du pauvre… Il a également été frappé par les difficultés rencontrées par les Fondateurs dans leur mission: l’installation, les évènements politico-religieux. Malgré tout, nos Fondateurs n’ont pas cessé de servir le Seigneur. À travers leur vie, on peut vraiment dire que « De la blessure naît la vie ». Pour quelques sœurs, la projection « CHEMIN D’ETINCELLES» rappelle un chemin de commencement, de recommencement, d’itinérance à la suite de JÉSUS CHRIST.

  Prière à la chapelle de la communauté

Le lendemain, Dimanche, toutes les sœurs étaient réunies à la petite Chapelle de la Communauté pour prier les Laudes préparées par les jeunes sœurs et les jeunes en formation. Ensuite, nous sommes parties pour la Célébration Eucharistique de 8h30. Le Curé nous a présentées à l’Assemblée. Il s’est adressé à Sr. Giovanna pour remercier toute la Congrégation. Des intentions de Prières pour nos sœurs devancières ont été lues au commencement de la Messe et à la Prière Universelle. Pendant cette Célébration nous avons écouté deux témoignages de la vie des sœurs.

Le Premier témoignage est de Sr. Janine :

« La mission des Sœurs à Dikodougou a commencé le 29 septembre 1969, mais les Pères S.M.A avaient déjà débuté la mission en 1957. Le Dimanche 19 octobre a eu lieu l’installation officielle des Sœurs. C’était le Dimanche des missions. Monseigneur Durrheimer, Évêque de Katiola , a rappelé dans son homélie, le devoir de tout chrétien : « Proclamer la Bonne Nouvelle à tous les peuples, travailler à la formation d’une nouvelle société, mais surtout être témoins de l’Amour de Dieu pour les plus humbles, les plus petits »… Sur ces points, il était dans la même ligne que notre Pape François… Puis, l’Évêque s’adressait à la population de Dikodougou en disant : « Les Sœurs désirent votre sympathie, considérez-les non comme des étrangères mais faisant partie de votre famille ».

Les sœurs ont mis leur compétence, leur savoir-faire, leur cœur, leur vie, leur foi à soigner et à guérir. Elles se donnaient pour relever l’homme par terre, éduquer, instruire, alphabétiser, faire la catéchèse, apprendre la couture, favoriser aussi l’agriculture. En somme, travailler à l’émergence d’une nouvelle société! »

Aujourd’hui (1 mars 2015), nous sommes 18 sœurs devant vous. Certaines d’entre nous sont déjà d’un certain âge, d’autres sont jeunes, d’autres sont très jeunes. Toutes, nous voulons suivre Celui qui rend heureuses, heureux. Certains d’entre vous, entendrons aussi cet appel à SUIVRE LE CHRIST toute la vie. Nous sommes là pour vous écouter, pour vous encourager.

Merci de votre attention »

Le deuxième témoignage est de Mr Simon, un ami des sœurs.

Pour lui, la qualité de la vie des sœurs se vérifie par la qualité des fruits laissés par leurs œuvres. Il disait qu’il était heureux de pouvoir parler devant ce public, d’être là debout et d’être écouté. Les sœurs ont permis par leur don de vie donnée au Christ de mettre des hommes et des femmes debout, responsables participant à la vie de la société.

Eucharistie et action de grâce !

 Avant de donner sa bénédiction finale, le curé exprime à nouveau sa doléance de voir des sœurs s’installer à Dikodougou.

La Célébration Eucharistique s’est clôturée avec un chant d’action de grâce sénoufo et une danse spontanée des paroissiens et des sœurs.

« J’ai un mot à vous dire dit le Pape François : la JOIE ».

 À la sortie de la Messe, nous échangions avec les fidèles devant le parvis de L’Église. C’était un temps très chaleureux (dans les deux sens du terme !). Les jeunes venaient vers nous pour prendre des photos avec leurs téléphones portables. En guise de réponse, Sr. Natacha leur a proposé de venir à la Communauté s’ils avaient des questions sur la vie religieuse. Les plus jeunes d’entre eux ont répondu à l’appel. Sr. Natacha et Alessandra étaient avec eux. Pendant ce temps, les sœurs avec quelques laïcs, ont fait le point de ce qui a été vécu.

 

Voici quelques idées fortes retenues :

  • Les remerciements à l’équipe organisatrice ;
  • Les nouvelles de nos sœurs de partout dans le monde lues par Sr. Giovanna : la Communion de Sr. Marthe, la Supérieure Générale et son Conseil ; les mots des sœurs de Chiavenna, la province de France, les sœurs qui étaient en mission à Dikodougou et qui sont en France ou en Italie, les sœurs du Canada ;
  • La joie de répondre à l’appel du Christ pour être présentes au milieu des pauvres et des petits ;
  • La joie des sœurs d’avoir été à Dikodougou sur les pas des sœurs devancières.
  • La reconnaissance de la qualité du contenu spirituel et humain de ce pèlerinage ;
  • L’encouragement pour parfaire l’organisation mais toujours dans un esprit de disponibilité et de pauvreté ;
  • Le discernement de la Congrégation par rapport à l’attente de la population de renouveler une présence permanente de sœurs Filles de la Croix à Dikodougou;
  • Proposition de trouver des activités intermédiaires permettant de maintenir le contact avec la population (journée à Dikodougou avec les Postulantes pour des animations pastorales ?)
  • La joie de se rapprocher de la culture Sénoufo;
  • L’importance de la présence des laïcs comme intermédiaires entre les sœurs et les personnes qui ont besoin d’aide ;
  • L’importance de la PRIERE pour toutes les attentes car Seul Dieu appelle et Il appelle qui Il veut et quand Il veut.

 Repas de Fête

Pour clore le pèlerinage, un repas convivial a réuni les sœurs et les laïcs vivant de notre Charisme. Le Curé avec son Vicaire étaient des nôtres. À la fin du repas, a eu lieu la photo de famille. Et enfin, les « Au revoir » !

 Conclusion

Quelques expressions fortes résument tout ce qui a été vécu durant ce pèlerinage :

« Je suis heureuse de pouvoir donner corps à ma lecture du livre écrit par Geneviève LAGUT, livre intitulé : Les Filles de la Croix en Afrique », Ludivine.

« Reconnaître que nous avons des racines », Sr. Hélène.

« De la blessure naît la vie » : notre Sœur Marie Pierre gravement blessée lors d’un accident    sur la route de Dikodougou a perdu quatre doigts et pourtant après des soins en France, elle est retourné à Dikodougou pour reprend sa belle mission d’infirmière. Rappel de Sr. Sylvie

D’autres expressions très belles sont contenues dans le « Cahier d’Or » du pèlerinage.

 

Quelques questions ont surgi de ce pèlerinage :

« Qu’est-ce que nos Sœurs ont laissé à Dikodougou ? » Sr. Susana.

            Réponse de Nicolas avec conviction : « L’ÉGLISE ! ». Avant, disait-il, il n’y avait pas beaucoup de monde à l’Église et maintenant Elle en déborde. Lors de la Célébration Eucharistique, le Curé nous a d’ailleurs présenté un petit garçon qui venait d’être baptisé le samedi d’avant. Et son nom était : Emmanuel, Dieu avec nous.

« Comment qualifier la mission de Sr. Giulia : « itinérante » ou « clignotante » ? 

Réponse de Mr. Simon : « Peu importe, on l’aime ! » (la sœur et la mission).

 Dans quels contextes nos devancières ont été appelées ? Pour répondre aux manques de personnes pour enseigner et soigner la population. Ce qui correspondait à notre charisme de Filles de la Croix.

  • Quelques engagements concrets pour faire un pas de plus à partir de cette expérience : Chaque Communauté peut s’engager à donner des éléments pour composer une Prière pour l’année missionnaire, pour la vie consacrée, pour les 50 ans de présence en Côte d’Ivoire ;
  • Voir la possibilité de rencontres avec des jeunes à Dikodougou avec Sr. Clémentine et les postulantes.
  • Animation à partir des outils modernes audio-visuels qui sensibilisent davantage : projection avec vidéoprojecteur.
  • Autres sorties dans le cadre de la connaissance de nos racines.
  • Invitation adressée à Mr. Casimir par les « Amis des Filles de la Croix » (groupe laïc de Dikodougou) pour partager son vécu à La Puye.

 

Pour la Gloire de Dieu qui est Père, Fils et Esprit Saint, 
nos Sœurs devancières, à travers leur être et leurs actes,
ont témoigné de la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.

 

SAINT ANDRÉ HUBERT
SAINTE JEANNE ÉLISABETH
PRIEZ POUR NOUS

 

[1] Une autre proposition était offerte à la Congrégation : Napiélédougou, V., Les Filles de la Croix en Terre Africaine, Geneviève Lagut, p. 127. (retour)

[2] Le groupe « TAMANG » est un des groupes laïcs d’Afrique vivant du charisme des Filles de la Croix. Il est situé à Korhogo. (retour)