Filles de la croix

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En Thaïlande mars 2015
Mar 29, 2015

Tu visites la terre et tu l’abreuves. Tu la combles de richesses ! Ps 64

Communauté des Sœurs Filles de la Croix en Thaïlande,

Le 1er avril 2011, la communauté s’installait à Maetan. Cinq femmes consacrées, filles de la croix, dynamiques et pleines de générosité pour affronter montagnes et vallées, à la recherche des visages de ce peuple Karen, rejeté dans les forêts, non aimé et livré à leur vie précaire.

Quelques familles chrétiennes, deux ou trois, au milieu des villages à 20, 10, 5 maisons sont composées de deux ou trois générations chacune. Elles vivent des cultures de riz sur un terrain défriché par eux-mêmes auparavant, et de quelques animaux vivants autour de la maison ou dans la forêt !

Des missionnaires MEP (Mission Étrangères de Paris) nous ont précédées sur ces pistes, mais des villages ne sont pas encore visités par l’Église.

Avec nous, une nouvelle fondation de Betharramites, deux prêtres Karen prennent la suite des MEP pour un temps ! 70 villages, une communauté de deux sœurs Karianes dans un centre d’enfants, cette communauté de Filles de la Croix dans un village d’environ 4000 habitants, entièrement bouddhiste, mais un village District où l’on trouve le Centre administratif, l’Hôpital, le Lycée et le Marché !

Village qui touche la Birmanie et dont la frontière pédestre est à 500 mètres de la maison des Filles de la Croix.

 Mission reçue par l’Évêque

Envoyées par l’Évêque précédant, et accueillies par les MEP, nous recevons une mission d’Église auprès des Karens. La communauté sera un pôle de prière pour les villageois, les catéchistes et les étudiants qui descendent des montagnes au District de Maetan. La mission donnée est aussi la continuité d’une maison d’Accueil de ces mêmes villageois qui ont des questions administratives à résoudre ou qui viennent pour des soins à l’Hôpital ou pour le Marché. Quelques uns sont là aussi en transit avant de gagner les villes les plus importantes : Maesot ou Bangkok.

De nombreux Volontaires français sont dans les écoles et les centres pédagogiques des montagnes pour un temps de service humanitaire. Il est demandé à nos sœurs d’accompagner leur expérience humaine et spirituelle. Un prêtre MEP accompagne leur insertion.

Un Projet santé vient au jour à la suite d’un constat de pauvreté extrême et d’absence des premiers éléments d’hygiène et soins dans les familles des montagnes.

Le développement du Centre couture de l’Association Esprit Karen, avec une couturière formée et des jeunes apprenties se fait avec le soutien d’une sœur couturière et d’une sœur qui suit la comptabilité.

 Tout semble en parfaite cohérence et fidélité au projet initial. L’aventure des deux premières années est formidable. De découvertes en découvertes, de connaissance en connaissance, la route missionnaire, tant de fois confirmée par le Seigneur dans des petits et grands évènements, s’ouvrait encore plus grande à nos sœurs envoyées par la congrégation et soutenue par toutes nos sœurs de tous les pays !

Cette communauté, née du bicentenaire de Molante, est établie d’une manière particulière : toutes les sœurs et de nombreux chrétiens sont solidaires de leur vie et leur mission. Des jeunes Volontaires ont crée une Association pour soutenir les projets missionnaires de la communauté.

 Étape de désenchantement

 Pourtant ! Il se passe quelque chose !... les visages s’attristent…

Comme toute organisation humaine ou ecclésiale, la Croix se présente, dure et rigide, froide et douloureuse, incompréhensible et sans avenir !

Comme les deux disciples d’Emmaüs, il n’y a rien à faire, rien à espérer, il n’y a qu’à revenir chez soi et recommencer à vivre la vie de chez nous !

Les paroles de Ste Jeanne Élisabeth résonnaient avec force en nous quand, dans certaines de ses nouvelles fondations, elle disait : « Je les prends toutes dans ma carriole et je les ramène à La Puye ! »

 Temps favorable au discernement

En cette visite du 28 novembre au 23 décembre 2014, nous avons décidé de faire un véritable discernement communautaire pour connaître la Volonté de Dieu. Une seule question nous tenait: Le Seigneur veut-il ici une communauté de Filles de la Croix, au milieu et avec les Karens ? Oui ou Non ?

 Pendant quinze jours, un climat de prière établissait la communauté dans l’accueil de l’Esprit Saint, Esprit de conseil et de discernement, Esprit de paix et d’écoute.

Les deux premiers jours, partage en vérité de toutes les raisons qui nous faisaient dire Non à notre présence ici. La raison principale : un manque de dialogue entre les différents partenaires de la pastorale qui ne permettait pas de vivre une vraie collaboration, d’où une organisation peu constructive.

Les deux jours qui ont suivi, nous avons reçu dans ce même climat les raisons pour le : Oui, nous sommes appelées ici.

Après les deux jours sombres, si sombres du non, il n’y avait pas beaucoup d’espérance pour le oui ! Et pourtant ! Avec la même vérité et la même écoute de l’Esprit Saint, nous avons partagé les raisons du Oui. Toutes les raisons allaient dans le sens de la beauté du charisme pour ce peuple simple des Karens, peuple pauvre. Les raisons étaient appuyées sur le fait que beaucoup de petits signes confirmaient notre présence : les familles demandent à aller chez elles pour prier avec elles, cette dame bouddhiste demande le baptême pour elle et ses deux enfants, les jeunes qui travaillent avec les sœurs en couture et à l’accueil leur manifestent une grande estime et demandent de les aider humainement et spirituellement, la maison d’Accueil est de plus en plus fréquentée par les villageois, signe d’un accueil qui respecte et ouvre le cœur. Une dame Thaï devient l’amie des sœurs parce que seule, elle aime partager sa vie. Elle est une employée salariée dans la mission. Et tant d’autres signes et gestes simples relevés…

 Alors, où en sommes-nous ? Le Seigneur, que nous demande t-Il ? Veut-Il que le charisme donné à l’Église par les Filles de la Croix soit semé là et grandisse là ? Ou pas ? Les raisons du Oui sont aussi fortes que les raisons du Non. Comment avancer ?

Nous prenons un jour de silence et de prière sans échange sur le sujet entre les rencontres de partage. Chacune est attentive au mouvement intérieur qui l’anime, mouvement de l’Esprit qui parle : est ce que je penche vers le oui ou vers le non ?

Moment crucial !! Trois oui ! Trois non !

Voir plus loin avec les partenaires de la mission

Nous prenons alors la décision de rencontrer d’une manière officielle les collaborateurs de la mission, d’échanger avec eux et d’écouter ce qui se passe en chacune de nous.

Nous rencontrons le Père Olivier, Jésuite, accompagnateur de la communauté, les Pères de Betharram nos responsables du secteur d’Église, le Père Nicolas, de la Mep, collaborateur sur le terrain, Mgr Pibul, Évêque du diocèse. Écoute aussi des partenaires Karens, collaborateurs de travail au quotidien, les amis volontaires, les malades, les familles, visite aux Pères Savériens nouvellement arrivés…

 

Connaître la Volonté du Seigneur

Clarté de la réponse du Seigneur, limpidité du chemin d’avenir, chaleur missionnaire dans nos cœurs !

Mgr Pibul confirme notre manière d’être présente là, à Maetan, et de vivre la mission comme nous la vivons. Les différents aspects sont soulignés par lui :

  • Le Pôle Prière qu’est notre communauté pour les chrétiens et tous ceux qui y passent.
  • Le Pôle Accueil pour les villageois d’abord, et de tous les partenaires de la mission.
  • Le Pôle Inter… culture, nation, âge, religion, congrégation.
  • Le Pôle Santé pour un développement de l’évangélisation dans l’axe Église-Société.
  • Un visage différent de la vie religieuse dans le pays, présence avec…au milieu de…et non par des grandes œuvres.

C’est là qu’il faut semer l’Évangile en simplicité.

Et tous les partenaires, par une parole, un signe, ou par un geste, nous invitent à durer sur le chemin…à porter notre nom de filles de la croix…comme si les uns et les autres nous sentions que nous ne pouvions avancer qu’en étant ensemble !

 La Joie du OUI pascal

En ce Noël 2014, c’est le Oui communautaire et personnel de chacune qui a jailli comme réponse à l’envoi de la congrégation sur cette terre de Thaïlande.

C’est un Appel et un Envoi …

Appel !

Appel à redevenir un enfant qui commence, neuf et plein de dynamisme donné par l’Évangile.

Appel à devenir missionnaire avec les autres partenaires de la mission dans une humble mais réelle incarnation en cette terre Karen et en cette Église du Diocèse et ce Pays.

Appel à un renouvellement, un ressourcement, une vitalité pour la mission personnelle et communautaire.

Appel à nourrir notre vie spirituelle, sacramentelle et de congrégation.

 Envoi !

Envoi à un peuple particulier « les mal aimés de la société Thaï », les « mal connus de l’Église Thaï », les « reculés de la montagne Thaï ».

Envoi en communauté pour que chacune selon ses compétences, donne fécondité à la mission portée ensemble.

Envoi pour semer et accompagner le charisme de la simplicité de l’Évangile : enseigner et guérir, en cette terre d’Asie où les chrétiens sont minoritaires, où l’appel à la vie consacrée et sacerdotale peut se faire entendre.

Envoi pour que Dieu soit glorifié par les petits, par tous les peuples d’Asie.

Appel et Envoi à ce peuple multiculturel, multi religieux, afin de vivre avec eux la communion de fraternité universelle récapitulée dans le Christ Pascal !

 

Moyens précieux pour revivre et partir en mission de manière neuve

Pour accueillir ce Don de Dieu d’une manière gratuite et sûre, nous avons établi une feuille de route. Chacune et ensemble, en communauté, vous prendrez la mesure de ce Don et participerez au vouloir de Dieu sur la congrégation en terre d’Asie.

Le Texte-Mémoire ci-dessous dit vos projets de ressourcement, de mission, de moyens à prendre pour vivre au mieux ce départ neuf à Maetan avec les Karens et tous les partenaires de la mission.

De la Crèche à l’Eucharistie !
De l’Incarnation à Pâques !

 

La JOIE pascale nous a progressivement habitées

parce que nous avons osé regarder la réalité en face, l’exposer à la Parole de Dieu,

la nourrir de l’Eucharistie, la laisser traverser par la lumière de l’Esprit Saint !

Alors….

En communauté, nous décidons de réveiller la vie en chacune des sœurs et d’ouvrir des chemins pour aller plus loin dans la fidélité à la mission reçue. La mission de chacune appartient à la communauté et par elle, à la congrégation et l’Église.