Filles de la croix

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Journée de Récollection à La Puye
Jun 25, 2017

Vivre la proximité des pauvres...Enseigner et guérir...Vivre et faire vivre

Ce furent de beaux témoignages partagés à La Puye ces 20 et 21 Mai pour la récollection laïcs-sœurs :

*  L'enseignement plein d'espérance du P. Armel, en ce temps Pascal.


* Le témoignage d'inculturation de Sr Marie-Bé en congé de sa terre de Mission, auprès des Karens méprisés en Thaïlande.

Témoignage de Sr Marie-Bé

 

* Le témoignage de proximité et de don de soi de Fouzilla qui travaille à l'unité de vie Maria Laura à La Puye.


 * Sans compter le pèlerinage à Molante, la grotte de la cancéreuse, St Phèle guidés par Sr Marie de Magdala. Riches de cela, de la vie partagée et des temps de célébration ensemble, nous sommes repartis vers nos missions, le cœur habité de l'Évangile et des Actes des Apôtres à continuer à écrire aujourd'hui avec foi, espérance, avec Marie, ND du « OUI ».

Bonne route à chacun.

Témoignage de Fouzilla  (Lors de la récollection « laïcs et de sœurs »)

J'ai été confrontée très tôt aux problèmes de vieillissement et de dépendance car, comme vous le savez, au Maroc plusieurs générations vivent sous le même toit.

Au début, la présence des sœurs m'a permis de trouver cette empathie qui existe de façon innée au Maroc, et qui ne peut exister qu'en respectant l'autre et surtout la personne âgée.

Au cours de 6 ans passés en soins, où l'équipe avait et a encore une charge de travail importante, mon investissement ne me satisfaisait pas ; et quand un projet de construction d'une UVP (Unité de Vie Protégée) a vu le jour, j'ai déposé ma candidature.

Au sein de l'UVP, le personnel soignant a un rapport plus étroit avec les intervenants pluridisciplinaires : médecins, psychologue, psychomotricienne, infirmiers, intervenants pour des ateliers d'animations, kyné...ce qui permet une prise en charge globale du Résident et de sa famille. Tous ces points font que pour moi, la relation humaine prend tout son sens. Donc cela me permet d'être disponible le plus possible : d'être à l'écoute, de prendre le temps, d'observer pour répondre à leurs demandes répétitives, et donc d'exercer mon rôle de façon plus adaptée, plus professionnelle.

Et partager au quotidien la vie de 16 résidents, créer des relations attachantes et humaines comme on peut le vivre au sein d'une famille : on donne, on reçoit, on connaît des moments difficiles et des moments de joie.

Et au sein des divers ateliers : cuisine, chants, esthétique, activité motrice, sorties, promenade, ateliers mémoire, dans une ambiance conviviale pour le faire ensemble et partager ce moment ensemble.

C'est très touchant de constater que des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, arrivent à retrouver le sourire, une certaine autonomie, à restaurer la relation avec l'autre. Mais ce qui est difficile dans cette maladie, c'est de vivre leur agressivité, leurs oublis...Le monde qui les entoure n'existe plus, le soignant et leur famille également...

Me ressourcer auprès de ma famille et de mes amis, le partage avec mes collègues, me donnent la force de rebondir...

Et comme a écrit sur son témoignage une de mes collègues qui est ma référente, je confirme : « Il y a énormément de partage, de complicité et d'amour qui circule à Maria Laura »

Je voulais vous raconter et partager avec vous une histoire vécue que je n'oublierai jamais. Je me souviendrai toujours d'une résidente avec laquelle j'ai partagé le souvenir d'un lien commun : TAZA, ma ville natale...On dit que le monde est petit...Un jour de fête d'anniversaires des résidents, alors que tout le monde s'amuse, une résidente m'appelle, me présente à une autre résidente âgée de 104 ans. Et à ma grande surprise, celle-ci me dit qu'elle a vécu au Maroc à TAZA. Cela était si surprenant que je lui dis : « Vous vous trompez, c'est Caza ».

Elle me reprend et me précise : « C'est bien TAZA avec un T ». La ville où je suis née !!! J'étais profondément émotionnée quand elle m'a dit :  « J'ai travaillé à l'hôpital de TAZA en 1920 ».

Pendant mes vacances au Maroc, je suis allée à l'hôpital de Taza avec mon mari pour lui prendre quelques photos, surtout celle de l'entrée, restée inchangée. A partir de là, une complicité s'est nouée entre nous et ces photos l'ont accompagnées jusqu'à son décés.

Je n'oublierai jamais cette charmante Dame avec qui j'ai rappelé une partie de sa jeunesse et qui était pour moi, un lien avec ma chère vie natale.

Le monde est grand, mais si petit à la fois comme je l'ai dit.

Nous ne choisissons pas d'exister ici ou là-bas. Il faut toujours vivre le respect de l'autre.

Et pour conclure, je vais vous lire un poème écrit avec 2 de mes collègues, lors de la formation :
Bientraitance.

 

Poème :

« Ajoutons la vie aux années »

Aujourd'hui, on a tous le choix
De vieillir avec nos droits
Sans douleurs, avec stupeur
De voir sa vie sans valeurs

Je ne voudrais pas être bousculé
Pour prendre mon petit déjeuner.
Ma toilette sans savonnette
Mon verre caché quand je suis assoiffé.

Mon appel au secours, sans retour.
Aujourd'hui, on a tous le droit
De vieillir dans le respect, je crois...
La maltraitance est derrière nous.

Pour un monde meilleur nouveau
Sans cris, sans pleurs et sans douleurs,
Soyons ensemble réunis
Pour améliorer cette fin de vie.