Filles de la croix Argentine

Frères et sœurs des pauvres
Mar 3, 2020

« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre,
d'avoir caché ces choses aux sages et aux intelligents
et de les avoir révélées aux petits. 
» Lc 10:21

 

Du 15 au 16 février 2020, la première des quatre retraites annuelles pour les femmes que propose la Fondation "Saracho" s'est tenue à Lujan (Région de Buenos Aires). Participer à cette expérience nous a permis d'approfondir une réalité de notre chère Argentine : celle de tant de femmes simples et très humbles, qui, jour après jour, affrontent le défi de la vie dans les villages et dans les quartiers très modestes avec leurs joies et leurs peines.

Dans leur réalité quotidienne, les pauvres cherchent à vivre et, très souvent, à survivre. Dans le travail du « cartonero » qui lutte pour vivre et apporter du pain sur la table : dans l'acte et le désir de se dépasser d'une mère pour finir ses études afin d'avoir un vrai travail (et un salaire), dans le partage généreux de la grand-mère retraitée avec ses petits-enfants, sachant qu'ils ne pourront pas atteindre la fin du mois avec ce qu’ils possèdent..., chacun d'eux vit sachant que "Dieu pourvoira". Ils ont intériorisé et fait propre cette prière et c'est pourquoi ils la disent chaque jour avec une confiance totale. Cette expérience se transforme en une force de vie qui les lance dans la lutte quotidienne pour vivre. Et c'est précisément dans cet acte de chercher à vivre que, mystérieusement, ils cherchent à être plus unis au Dieu de la Vie qui marche avec eux.

Les pauvres savent que s'ils vivent, ils le font par pure grâce, car Dieu est avec eux et il leur vient en aide, Lui seul ne fait jamais défaut. Et très uni à cette confiance aveugle se trouve l'amour de Marie, la mère des pauvres.

Les pauvres vivent également une forte expérience de la croix ; ils n'ont pas besoin de la chercher car la vie qu'ils mènent est souvent remplie de croix qui viennent seules. Le Père Tello comprend que « l'humiliation de nos gens pauvres, nous ne la voyons pas, parce que nous sommes très au-dessus, très différents ; nous ne voyons pas comment nous humilions et limitons. Et les gens de notre ville acceptent cette humiliation, cette limitation ; c'est cela la croix. » 

Nous pouvons alors dire que les pauvres ont une expérience de Dieu, comme vie et force ou lutte de dépassement, qu'ils reconnaissent la Vierge comme une bonne mère qui prend soin d'eux et les accompagne, et que, par la grâce de Dieu et l'amour de Marie, ils peuvent porter la croix de l'humiliation et de la privation de nombreux besoins basiques.

 C'est pourquoi les onze retraites pour hommes et femmes proposées par la fondation "Saracho" tout au long de l'année, tentent d'être un temps d'oasis pour les pauvres, un temps privilégié pour sortir de la routine, pour porter la croix quotidienne et aller à la rencontre de Jésus et de Marie. 

 La retraite des femmes a été animée par une véritable équipe de femmes, d'hommes et de jeunes qui sont venus de différents lieux offrir et partager avec les femmes et leurs enfants. Cette équipe a travaillé "d'un seul cœur et d'une seule âme" (Actes 4:32) pour donner avec joie, le meilleur de chacun et ce qu’ils avaient pour les pauvres.

Ces rencontres tentent d'offrir aux femmes des quartiers un moment pour elles et leurs enfants, afin qu'elles puissent trouver un peu de paix et profiter de la vie, se sentir soignées et aimées par la communauté. Le climat de simplicité et de fraternité les aide à rencontrer de nouvelles personnes et à oublier un peu les problèmes de tous les jours.

Environ 75 femmes et 150 enfants ont participé à la retraite. Ils venaient de différents quartiers, villages et colonies de Monte Grande, Quilmes et Maquinista Sabio. Ils sont venus à Luján pour passer quelques jours à l’air libre et en famille ; beaucoup d'entre eux allaient pour la première fois visiter la Basilique de Notre-Dame de Luján. Certains ont demandé à être baptisés et à faire leur première communion pour recevoir le cadeau de la grâce de Dieu et continuer la vie, si difficile pour beaucoup, mais maintenant, avec une force spéciale qui vient de Lui.

Pour conclure, je voudrais souligner une grande surprise et une grande joie, celle de découvrir que ces femmes vivent fortement l’être mères, des mères non seulement pour DONNER la vie mais aussi pour EN PRENDRE SOIN. Ce sont des femmes qui, depuis leur enfance, soignent la vie des plus jeunes et, étant plus âgées, celle de tous les enfants du groupe ; elles prennent soin de la vie du mieux qu'elles peuvent, en essayant de faire de leur mieux, parfois de manière abrupte, d'autres fois en criant, mais toujours en essayant de protéger le plus fragile. Le Seigneur semble avoir béni chacune d’elle, de la grâce de la joie et de la paix, et pour nous, il a ouvert son cœur de façon nouvelle et ses oreilles pour reconnaître que le royaume continue de croître, dans la simplicité mais avec une force de vie qui nous atteint surtout à travers les petits et les pauvres d'aujourd'hui.

Sœur Karina, Fille de la Croix