Bonjour, Sawàtdii khâ !
Depuis septembre 2009, nous sommes hébergées à la maison mère des sœurs du Sacré Cœur, une Congrégation Thaïlandaise. Elles ont aménagé trois chambres pour nous. Elles sont très attentives à nos besoins et souvent précèdent nos demandes. Elles nous accueillent comme leurs sœurs et pour nous elles le sont aussi.
Avant de commencer les cours, pour nous mettre dans la perspective de la future mission, nous sommes allées dans un village karen. Après 20 minutes de pirogue sur le fleuve qui sépare la Birmanie de la Thaïlande, nous avons marché plus d’une heure dans la brousse, et traversé à pied deux rivières importantes. Il nous a fallu grimper sur deux ponts en bambous à peine plus large que nos pieds et enfin escalader une clôture. Nous étions accompagnées du Père Alain et de deux catéchistes.
Nous sommes arrivées dans un petit village. Là nous avons vécu l’Eucharistie avec une "petite poignée" de chrétiens, venus après une dure journée de travail dans les rizières et tout le monde chantait de bon cœur. Ils ne savent pas forcément très bien ce qu’il faut répondre, alors le catéchiste avant la messe fait une petite répétition des réponses et des chants.
Le Père Alain y vient célébrer la messe une fois par mois.
Cette expérience en montagne a été forte pour chacune de nous. Elle nous a fait rejoindre plus profondément ceux et celles pour qui nous sommes envoyées ici. Cette rencontre nous donne force de revenir à Bangkok pour amorcer l’apprentissage du thaï, ce mois d’octobre 2009.
Après trois mois de cours, nous faisons l’expérience de l’enfouissement, de l’incompréhension, de notre fragilité. Oser être vulnérable, pour accueillir dans cette faille, de nouvelles naissances. Nous apprenons de nouvelles lettres qui n’ont aucune résonances en nous, nous prononçons des sons qui n’existent pas dans nos langues, nous essayons de reproduire des tons, dont nous ne saisissons même pas les nuances : expérience du grain qui tombe en terre…
Et là, avec Celui qui est la lumière des nations, en ce temps de Noel, nous avançons et distinguons quelques lueurs. Richesse d’une langue qui nous montre quelques bourgeons !
Le mot "cœur" revient souvent dans le vocabulaire thaï, voici quelques exemples :
"Heureux" se dit "diijay" : "dii" signifie "bien" et "jay" signifie "cœur". Avoir le cœur bien.
"Triste" se dit "siajay" : "sia" signifie "mort". Avoir le cœur mort quand on est triste.
N’est-ce pas une façon simple et profonde pour exprimer les sentiments humains ?
Pas à pas, nous entrons dans cette culture, en déposant nos chaussures, nos perceptions occidentales à l’entrée de cet autre monde.